Le comédien et réalisateur Dany Boon, connu pour ses succès populaires au cinéma, est au cœur d’une affaire judiciaire aussi étonnante qu’inquiétante. L’homme accusé de l’avoir escroqué à hauteur de 4,5 millions d’euros, Thierry B., comparaît actuellement devant le tribunal correctionnel de Nice. Le prévenu, âgé de 36 ans, aurait construit un dispositif frauduleux en usurpant une fausse identité et en créant une société-écran, exploitant la confiance du comédien pour l’amener à effectuer des investissements fictifs.

Le déroulement des faits : de la confiance à la trahison

L’affaire prend sa source en 2021, lorsqu’après l’acquisition d’un yacht, Dany Boon est mis en relation avec un certain Terry Birles. Cet homme, qui se présentait comme un héritier irlandais, n’était autre que Thierry B. Derrière une identité soigneusement façonnée, il parvient à convaincre l’acteur de placer des fonds dans des montages financiers via la société South Sea Merchant's Mariners Ltd Partnership (SSMM), supposément d’origine familiale.

Le montage semble d’autant plus crédible qu’il évoque un investissement via la Banque centrale irlandaise avec un rendement annuel net de 3,25 %. Mais les investigations démontrent qu’il ne s’agissait que d’une construction frauduleuse : la SSMM n’était qu’une coquille vide, sans aucun lien avec la noblesse irlandaise évoquée par le prévenu. Les fonds investis ont été localisés sur des comptes offshores au Panama et en Corée du Sud.

La prise de conscience et les premières démarches judiciaires

C’est après avoir été alerté par un tiers – qui se disait également victime – que Dany Boon commence à soupçonner une escroquerie. Devant le refus de restitution des sommes versées, il engage alors une procédure judiciaire. Grâce à ses avocats, plusieurs avoirs de Thierry B. sont gelés, notamment une propriété acquise à l’aide des fonds détournés.

Arrestation et extradition de Thierry B.

Thierry B. est interpellé au Panama en février 2024, puis extradé vers la France après six mois d’incarcération. Depuis son retour, il est détenu à la maison d’arrêt de Nice. Lors de l’audience, il s’est montré coopératif, affirmant vouloir assumer ses responsabilités et commencer à rembourser Dany Boon avec son futur salaire.

Une volonté d’indemnisation jugée peu convaincante

Bien que le prévenu ait exprimé le souhait de "faire amende honorable", les juges restent sceptiques. Selon le président Edouard Levrault, les garanties apportées par Thierry B. restent insuffisantes. La justice a donc décidé de prolonger sa détention jusqu’à son procès, prévu pour septembre 2025.

Une affaire emblématique des escroqueries de haut vol

Cette affaire illustre les dangers des arnaques financières de grande ampleur, souvent soigneusement orchestrées et difficilement détectables. Le cas de Dany Boon est symptomatique d’un phénomène plus large : l’exploitation des personnalités publiques par des escrocs aguerris. En dépit de la notoriété de la victime, la vigilance reste de mise, même pour les mieux conseillés.

Un procès très attendu

Le procès de Thierry B. promet de faire toute la lumière sur cette affaire, qui mêle usurpation, faux investissements et manipulations sophistiquées. Il appartiendra désormais à la justice de trancher et de statuer sur les responsabilités et les réparations éventuelles. D’ici là, le prévenu reste présumé innocent, conformément au principe fondamental de la présomption d’innocence.