Médiamétrie vient de dévoiler les toutes dernières audiences radio pour la période de janvier à mars 2025. Un baromètre très attendu dans le paysage audiovisuel français qui permet de dresser un état des lieux des performances des grandes stations et de leurs figures emblématiques. Ce cru début 2025 réserve son lot de surprises, de confirmations… et de revers cuisants. Focus sur les soirées radio, un terrain de bataille où s’affrontent grands noms, concepts repensés et nouveaux visages.
France Inter conforte sa position de leader : Fabienne Sintes en locomotive
La soirée de France Inter continue de faire la course en tête. Son emblématique 18/20h, présenté par Fabienne Sintes, confirme son statut d’incontournable du paysage radiophonique. Entre janvier et mars 2025, ce créneau stratégique a rassemblé en moyenne 870.000 auditeurs. Mieux encore : entre 19h et 19h15, l’audience dépasse le million d’auditeurs, une performance rare pour une tranche horaire aussi concurrentielle.
La journaliste y propose une actualité contextualisée, précise, rythmée, loin des formats sensationnalistes. Cette approche séduit manifestement un public exigeant, qui cherche à comprendre le monde en profondeur. À 19h20, l’émission "Le téléphone sonne" prend le relais et réalise également un très bon score avec 956.000 auditeurs.
➡️ +29.000 auditeurs sur un an pour Fabienne Sintes : un signe de fidélisation renforcée.
RTL en difficulté en début de soirée… mais une lueur avec "On refait le monde"
RTL, de son côté, traverse une zone de turbulences sur le 18h-20h. Malgré le retour de Yves Calvi (ancien matinalier de RTL), le tandem formé avec Agnès Bonfillon ne parvient pas encore à imposer sa marque. Le "18/20" plafonne à 354.000 auditeurs, avec seulement 2.000 auditeurs de plus qu’il y a un an, mais une perte de 36.000 par rapport à la dernière vague.
Le détail est plus nuancé :
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"RTL Soir" (18h-19h15) : 418.000 auditeurs (−37.000 vs 2024)
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"On refait le monde" (19h15-20h) : 246.000 auditeurs (+66.000 vs 2024)
La chronique humoristique de Marc-Antoine Le Bret, diffusée à 18h53, reste une valeur sûre avec 350.000 auditeurs. RTL montre ainsi une capacité à rebondir… mais peine encore à structurer une offre du soir solide et cohérente.
Europe 1 crée la surprise : Laurence Ferrari signe un bond spectaculaire
Europe 1, station longtemps en difficulté, semble retrouver des couleurs en début de soirée. La greffe de Laurence Ferrari avec "Punchline" (18h-19h) est un vrai succès : 297.000 auditeurs en moyenne, soit +119.000 en un an. La journaliste, passée par TF1 et CNews, parvient à captiver avec un ton tranchant et une ligne éditoriale clairement positionnée.
En deuxième heure, Pierre de Vilno et son émission "Europe 1 soir" retiennent 187.000 auditeurs, avec une progression de +50.000 sur un an. La tranche 20h-21h enregistre également un bon score avec 60.000 auditeurs, soit +36.000.
Europe 1 peut donc se réjouir : sa stratégie de relancer des figures connues et d’ancrer un ton plus marqué porte ses fruits sur certaines tranches.
RMC : chute libre pour Jérôme Rothen, After Foot en sauveur nocturne
C’est l’une des grandes déceptions de cette vague d’audience : l’émission "Rothen s’enflamme", animée par l’ancien joueur Jérôme Rothen, affiche un net recul. Le programme a réuni en moyenne 254.000 auditeurs, soit une baisse de 35.000 sur un an.
Tous les quarts d’heure sont en baisse… sauf un : le 19h15-19h30, qui affiche une timide progression de +5%. Mais cela reste insuffisant pour redresser la barre. RMC, très forte historiquement sur le sport, semble pâtir d’un certain essoufflement dans le discours ou la structure de l’émission.
En revanche, la soirée plus tardive fonctionne bien :
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"Génération After Foot" (20h-22h) : 134.000 auditeurs (−15.000 sur un an, mais +8.000 sur une vague)
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"After Foot" (22h-minuit) : 160.000 auditeurs (+33.000 sur un an)
Ces chiffres montrent que le public reste fidèle aux formats plus décontractés ou spécialisés, animés par Daniel Riolo et Gilbert Brisbois, figures solides de la station.
Faustine Bollaert réussit ses débuts sur RTL avec "Héros"
Sur la tranche 20h-21h, Faustine Bollaert fait une arrivée remarquée sur RTL avec son émission "Héros". Elle séduit 130.000 auditeurs, un score supérieur à celui de Flavie Flament l’an dernier avec "Jour J" (+32.000). Son approche plus humaine, plus incarnée, semble trouver son public.
Elle signe également une progression sur une vague avec +3.000 auditeurs, un bon signal pour RTL qui cherche à reconstruire ses soirées.
France Inter et "La 20e heure" en léger retrait
De son côté, France Inter propose toujours une programmation culturelle en deuxième partie de soirée avec Éva Bester et son émission "La 20e heure". Elle attire 288.000 auditeurs, un chiffre solide mais en baisse de 9.000 par rapport à la saison passée, et de 31.000 sur une vague.
L’offre reste qualitative, mais cette légère érosion pourrait signaler une fatigue du format ou une concurrence plus offensive sur ce créneau.
Europe 1 rechute après 22h malgré un léger mieux à 21h
Après une bonne dynamique en début de soirée, Europe 1 décroche fortement à partir de 22h :
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"La France bouge" (21h-22h) avec Elisabeth Assayag : 36.000 auditeurs (+14.000 sur un an)
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"Europe 1 Nuit" (22h-22h15) : 49.000 auditeurs (−20.000)
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"Les années Top 50" : 46.000 auditeurs (−23.000)
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"Libre antenne" avec Olivier Delacroix (22h30-minuit) : 65.000 auditeurs, soit −33.000 en un an
Malgré une tentative de rafraîchissement des formats, le décrochage est net et pose question sur la stratégie de la station dans ces tranches horaires.
En résumé : la hiérarchie des soirées radio se redessine
Station | 18h-20h | Tendance annuelle | Tendance vague | Meilleure progression |
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France Inter | 870K | +29K | +29K | Fabienne Sintes |
RTL | 354K | +2K | −36K | "On refait le monde" |
RMC | 254K | −35K | en recul | "After Foot" |
Europe 1 | 242K | +85K | en hausse | Laurence Ferrari |
La radio reste un média extrêmement vivant et concurrentiel, où chaque quart d’heure peut changer la donne. Cette nouvelle vague Médiamétrie montre une fois de plus que l’information, l’ancrage humain et le ton font toute la différence.