Ce jeudi 17 juillet 2025, l’église Saint-Roch à Paris, connue comme la paroisse des artistes, a accueilli les obsèques de Thierry Ardisson, décédé trois jours plus tôt à l’âge de 76 ans, emporté par un cancer du foie. Fidèle à son image de maître de la mise en scène, l’animateur avait orchestré chaque détail de cette ultime apparition publique.
En 2022, il confiait au Point : Quand je sentirai la mort approcher, j’écrirai tout.
Promesse tenue. De la musique choisie — Lazarus de David Bowie et In My Life des Beatles dans une version interprétée par Sean Connery — jusqu’à l’encens flottant dans l’air, tout reflétait sa volonté de sublimer le départ.
Un dress-code à son image : noir, avec ou sans lunettes
Comme l’indiquait le faire-part, la cérémonie était réservée aux proches, et chaque invité devait suivre un dress-code précis : ARDISSON, avec ou sans lunettes noires
. Une manière élégante de rappeler le personnage public que l’animateur avait façonné au fil des décennies.
Audrey Crespo-Mara : un discours poignant, sincère et audacieux
Parmi les moments les plus marquants de cette cérémonie, le discours d’Audrey Crespo-Mara a profondément bouleversé l’assemblée. Arrivée le visage grave, accompagnée de ses deux fils, la journaliste a livré un hommage teinté de tendresse, d’humour et de lucidité.
« Tu m’as dit : 'Cette cérémonie à Saint-Roch, fais gaffe, ce sera le bal des faux culs !' Alors oui, il y a sans doute ici des personnes qui ne t’ont pas assez aimées, pas assez aidées quand elles le pouvaient. Désolée pour cela mon amour… Mais il y a surtout tous ceux qui t’ont infiniment respecté, admiré, adoré pendant tant d’années. »
La salle, suspendue à ses mots, a accueilli ce message avec une émotion palpable. Audrey a ensuite évoqué les consignes précises de son mari, toujours soucieux du ton de ses apparitions, même posthumes :
« Tu m’as dit : 'Pitié, à l’église, avec les enfants, avec les curés, ne faites pas chiant'. Alors promis, on fera pas chiant. »
Un hommage personnel, intime, empreint de complicité
Ce discours n’était pas seulement un adieu : c’était un condensé de leur histoire. Audrey Crespo-Mara a confié à voix haute : Mon amour, on s’est tant aimés
. Une déclaration simple mais puissante, qui résumait des années de complicité et d’amour partagés hors des plateaux.
Elle a également mis en lumière un détail symbolique, révélateur du tempérament de Thierry Ardisson :
« Tu es né un 6 janvier, jour de l’Épiphanie, et tu es parti un 14 juillet. Toi le monarchiste… Chapeau bas. Avec les enfants, ça nous a bien fait marrer. »
Un adieu en musique : la symbolique de David Bowie
La cérémonie s’est poursuivie avec la chanson Lazarus de David Bowie, lui aussi disparu des suites d’un cancer du foie. Le choix de ce morceau, véritable hymne sur la mort et l’au-delà, a renforcé la cohérence émotionnelle de l’événement.
Ce moment musical, suspendu dans le silence de l’église, a précédé la prise de parole des enfants de Thierry Ardisson, eux aussi émus et dignes dans cet instant solennel.
Une inhumation dans l’intimité : dernier acte en retrait
Après la cérémonie publique, la mise en terre s’est déroulée en toute discrétion, loin des caméras et de l’agitation médiatique. Un contraste volontaire avec la notoriété du défunt, qui avait pourtant érigé l’exposition publique en art de vivre.
Thierry Ardisson : une épitaphe dictée par la créativité
Interrogé de son vivant sur ce qu’il aimerait qu’on dise de lui, Thierry Ardisson répondait sans détour :
« Qu’on dise de moi : 'Il avait des idées'. J’en ai eu dans tous les domaines : livres, pubs, télévision. J’ai pris beaucoup de plaisir à inventer, à créer. C’est mon petit talent. »
Ce jeudi à l’église Saint-Roch, comme sur les réseaux sociaux, cet hommage s’est naturellement imposé. Les témoignages de respect, d’admiration et de gratitude ont afflué, confirmant que Thierry Ardisson restera une figure majeure de la culture télévisuelle française.
Une cérémonie mémorable, reflet d’une vie hors du commun
En orchestrant chaque détail de ses obsèques, Thierry Ardisson a affirmé une dernière fois sa singularité. Son ultime mise en scène, fidèle à son style provocateur et raffiné, a su émouvoir, surprendre et faire sourire. Un dernier rendez-vous avec le public, à son image.
À travers les mots d’Audrey Crespo-Mara, la musique, les silences et les regards échangés, une page s’est tournée. Mais le souvenir, lui, demeure intact : celui d’un homme qui, jusqu’au bout, a su transformer sa vie — et sa mort — en œuvre d’art.
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