Le thriller érotique culte Basic Instinct (1992), connu pour ses scènes provocantes et son suspense nerveux, va faire l’objet d’un reboot… écrit par son auteur original, Joe Eszterhas, âgé de 80 ans. Promu comme un projet « anti‑woke » et « orgasmique », il suscite une onde d’inquiétude, tant pour sa tonalité que pour sa pertinence aujourd’hui.

Un retour audacieux du scénariste original

Selon The Guardian et Entertainment Weekly, le script du reboot a été confié à Joe Eszterhas, auteur du film initial, dans le cadre d’un accord avec Amazon MGM / United Artists. La transaction pourrait atteindre 4 millions de dollars en cas de réalisation, ce qui en fait le contrat de scénario le plus lucratif de l’année :contentReference[oaicite:1]{index=1}.

Eszterhas, après une longue absence des grands écrans (dernier crédit en 2006), se positionne comme le gardien de la provocation originelle, affirmant vouloir offrir « un voyage sauvage et orgasmique » :contentReference[oaicite:2]{index=2}.

Un concept revendiqué « anti‑woke »

Le terme « anti‑woke » est utilisé pour promouvoir le reboot comme un rejet de la bien-pensance culturelle dominante. Eszterhas revendique même en ironisant : « les rumeurs sur mon impuissance cinématographique sont exagérées et âgistes » :contentReference[oaicite:3]{index=3}.

Ce positionnement choque en raison du passé déjà controversé du projet original, notamment pour sa représentation des femmes et des personnes LGBTQ+ :contentReference[oaicite:4]{index=4}.

Sharon Stone pourrait revenir, ou pas

Plusieurs médias évoquent la possibilité, encore non confirmée, du retour de Sharon Stone dans le rôle de Catherine Tramell, rôle qui l’a rendu célèbre :contentReference[oaicite:5]{index=5}.

Rappelons que Stone a ensuite dénoncé les conditions de tournage, notamment lors de la célèbre scène d’interrogatoire sans consentement éclairé, révélant la complexité morale du film :contentReference[oaicite:6]{index=6}.

Le poids du passé et le bilan de l’original

Sorti en 1992, Basic Instinct a rapporté plus de 350 millions de dollars à l’international (environ 800 millions après ajustement de l’inflation) et marqué durablement la culture populaire avec sa scène d’interrogatoire devenue culte :contentReference[oaicite:7]{index=7}.

Mais il a aussi fait l’objet de critiques virulentes : misogynie, clichés homophobes, absence de coordination d’intimité sur le tournage… Sharon Stone elle-même a affirmé ne pas avoir été informée de l’exposition de son corps au tournage :contentReference[oaicite:8]{index=8}.

Un reboot potentiellement contre‑productif

Ce type de projet peut être vu comme une fausse bonne idée. L’échec de la suite tardive de 2006, Basic Instinct 2, en est l’exemple : elle n’a rapporté que la moitié de son budget initial, malgré la participation de Sharon Stone, et n’a pas convaincu la critique :contentReference[oaicite:9]{index=9}.

Republier ce modèle sulfureux aujourd’hui, à l’heure des exigences nouvelles de consentement et d’inclusion à Hollywood, semble à contre-courant.

Qui pour succéder à Sharon Stone ?

Des rumeurs de casting circulent déjà : Florence Pugh est actuellement la favorite, suivie par Margot Robbie, Sydney Sweeney, Anya Taylor‑Joy ou encore Ana de Armas :contentReference[oaicite:10]{index=10}.

Le choix de l’actrice sera stratégique : elle devra incarner une femme fatale à la fois sensuelle et manipulateur, dans une version qui promet d’être plus brute que sensible.

Comparer l’original et le reboot : tableau synthétique

Les enjeux culturels et éthiques

Ce projet pose plusieurs questions centrales : peut-on réellement relancer une œuvre construite autour de l’exhibition et de la provocation sans tenir compte du contexte actuel de consentement ? L’auto-positionnement en « anti‑woke » n’est‑il pas volontairement antagoniste vis-à-vis des combats contemporains pour l’équité et la protection des artistes ?

La culture évolue, et un film produit dans les années 90 n’est aujourd’hui plus perçu de la même manière. Traiter la sexualité sans filet peut paraître provocateur, mais risque surtout d’aliéner un public sensibilisé aux problématiques d’exploitation ou d’image des corps.

Le retour possible de Sharon Stone : symbole ou contradiction ?

Si Stone revient dans le rôle de Catherine Tramell, elle pourrait transmettre une certaine nostalgie et légitimité à l’entreprise. Mais son implication pourrait être paradoxale : une femme qui a dénoncé des conditions de tournage discutables pourrait légitimer une nouvelle version écrite explicitement contre les sensibilités contemporaines.

Rappelons que lors de son passage à SNL fin 1992, des militants LGBTQ+ avaient interrompu son monologue pour dénoncer les représentations négatives contenues dans le film :contentReference[oaicite:11]{index=11}.

Un projet qui inquiète plus qu’il ne rassure

Le reboot de Basic Instinct, défendu par son scénariste original en pleine troisième jeunesse, se veut choquant et iconoclaste. Mais dans un contexte où la société plaide pour davantage de respect, de consentement et de représentation équilibrée, sa stratégie « anti‑woke » apparaît comme une posture périlleuse.

Au-delà du spectaculaire, c’est la pertinence artistique et éthique du projet qui interroge. Devrions-nous revisiter un symbole des années 90 au prix de nouvelles polémiques ? Ou bien accepter qu’il fasse désormais partie du passé, où il a été vu, débattu… et dépassé.