Actrice emblématique, muse intemporelle de Chanel et figure du cinéma français, Carole Bouquet a surpris en opérant une transition inattendue. Depuis plus de vingt ans, elle partage son temps entre le monde artistique et la viticulture sur l’île volcanique de Pantelleria, en Sicile. C’est dans le numéro de mars 2024 du magazine Escapade qu’elle revient sur ce choix de vie singulier.

Son témoignage révèle une femme en quête de sens, qui a troqué les plateaux de tournage pour les terrasses escarpées de l’île, animée par un amour profond pour la terre et les saveurs.

Le coup de foudre pour une île sauvage

Tout commence il y a plus de 25 ans, lorsque l’actrice découvre Pantelleria grâce à sa proche amie Isabella Rossellini. Cette dernière, enthousiaste à son retour, lui décrit une île méconnue mais envoûtante, située entre la Sicile et la Tunisie. Intriguée, Carole décide d’y passer ses vacances estivales. Le charme opère immédiatement : « J’en suis tombée amoureuse au premier regard », confie-t-elle.

Ce n’est pas un simple séjour estival. Année après année, elle s’enracine dans cette île rude mais généreuse. D’abord locataire, elle devient peu à peu propriétaire de plusieurs maisons et parcelles de terrain, construisant petit à petit un véritable domaine.

Une installation entre passion et persévérance

Pour Carole Bouquet, s’installer sur cette île volcanique n’était pas un caprice de star. Elle évoque une transformation intérieure, presque instinctive : « Ça a été comme une évidence, même si rien n’était prémédité », se souvient-elle.

Les travaux sont nombreux : restaurer les bâtisses, remettre la terre en culture, apprendre un nouveau mode de vie. Elle parcourt l’île à pied, apprécie ses paysages bruts, traverse à la nage son lac préféré. Très vite, Pantelleria devient bien plus qu’un refuge : un véritable territoire d’adoption.

La rencontre décisive avec Nunzio Gorgone

Mais la vraie bascule dans l’univers viticole survient grâce à une rencontre déterminante. Carole Bouquet croise la route de Nunzio Gorgone, un homme du terroir, vigneron passionné. « J’ai eu la chance de rencontrer un homme extraordinaire. C’est lui qui m’a tout appris », raconte-t-elle avec reconnaissance.

Guidée par son mentor, elle se lance dans une aventure exigeante : restaurer les vignes en terrasses, cultiver selon des méthodes artisanales, et comprendre le rythme lent de la nature. Le vin devient alors une nouvelle forme d’expression pour elle.

Sangue d’oro : un vin rare et élégant

Le fruit de cet engagement se concrétise avec Sangue d’oro, un vin élaboré à partir du cépage zibibbo. Ce vin liquoreux, d’une grande finesse, est produit en quantité limitée et requiert un savoir-faire rare. « Ce vin nécessite trois vendanges. Je voulais qu’il reflète mon goût : équilibré, subtil, mais aussi complexe », explique-t-elle.

Distribué aujourd’hui en France, Sangue d’oro séduit les amateurs comme les connaisseurs, et s’inscrit parmi les grands vins méditerranéens.

De l’écran aux vignes : une reconversion maîtrisée

Ce changement de cap, s’il peut surprendre, ne détonne pas dans le parcours de Carole Bouquet. Toujours à contre-courant, elle a élevé ses enfants hors des sentiers battus, et a souvent incarné des personnages puissants et indépendants à l’écran. Ce goût pour l’authenticité se retrouve dans sa manière de cultiver la vigne, loin du marketing et du luxe superficiel.

Elle ne cherche pas à capitaliser sur sa notoriété. Au contraire, elle préfère la discrétion, et laisse parler la qualité de son travail et la beauté naturelle de ses terres.

Pantelleria : plus qu’un décor, un ancrage

L’île n’est pas qu’un cadre esthétique pour l’actrice reconvertie. Elle y vit pleinement, avec ses contraintes et ses merveilles. « Depuis chez moi, je pars à pied explorer des coins magnifiques de l’île, jusqu’au lac que j’adore traverser à la nage », témoigne-t-elle.

Pantelleria devient un espace de création, de méditation, mais aussi d’effort physique. Elle y cultive ses vignes, mais aussi une certaine philosophie de vie, loin du tumulte des médias et des tapis rouges.

Un vignoble à dimension humaine

Le domaine de Carole Bouquet reste volontairement à taille humaine. Elle privilégie une production artisanale, respectueuse de l’environnement et des traditions locales. Les vignes, souvent centenaires, sont cultivées à la main sur des terrasses de pierre volcanique.

Une femme entre deux mondes

Carole Bouquet continue de mener une carrière artistique riche, tout en restant engagée dans son domaine viticole. Ce double ancrage lui permet d’explorer deux formes de narration : l’une par l’image et le verbe, l’autre par le goût et la terre.

Elle représente une figure rare : celle d’une artiste qui ne joue pas un rôle, mais vit pleinement ses passions, avec rigueur, curiosité et sensibilité.

Un parcours inspirant

À travers son témoignage, Carole Bouquet nous offre un récit d’engagement et de transformation. À Pantelleria, elle n’a pas simplement trouvé un lieu de repos : elle a redéfini sa trajectoire, découvert un nouveau langage à travers la vigne, et bâti un lien profond avec la terre.

Son vin, Sangue d’oro, incarne cette métamorphose. Plus qu’un produit, c’est l’expression d’une vie choisie, d’un regard attentif, et d’une main guidée par la passion. Une belle leçon de liberté, loin des projecteurs mais au cœur de l’essentiel.