Christophe Gleizes, journaliste français de 36 ans collaborant notamment avec les magazines So Foot et Society, est actuellement incarcéré en Algérie depuis fin juin 2024. Condamné à sept ans de prison ferme pour "apologie du terrorisme", cette situation suscite une vive émotion et une mobilisation soutenue de ses proches, du milieu journalistique et de nombreuses personnalités françaises et internationales.

Une incarcération contestée : les circonstances de l'arrestation

En mai 2024, Christophe Gleizes se rend en Algérie dans le cadre de son travail journalistique. Le 28 mai, il est arrêté, puis placé sous contrôle judiciaire pendant 13 mois avant une condamnation sévère à sept ans de prison fin juin. Les chefs d'accusation portent sur "apologie du terrorisme" et "possession de publications dans un but de propagande nuisant à l'intérêt national".

La justice algérienne reproche au journaliste ses contacts avec un dirigeant du club de football Jeunesse Sportive de Kabylie (JSK), également impliqué dans le Mouvement pour l'autodétermination de la Kabylie (MAK), une organisation classée terroriste par Alger en 2021.

Conditions de détention et témoignages des proches

Christophe Gleizes est incarcéré dans une cellule de 10 m², qu'il partage avec un co-détenu, équipée de sanitaires et d’une douche. "Ce n’est pas un hôtel", explique Franck Annese, fondateur du groupe So Press, lors d’une interview à RMC.

La mère du journaliste, Sylvie Godard, témoigne : "Nous avons cru vivre un enfer sous contrôle judiciaire, mais son emprisonnement a été un choc terrible. Nous voulons alerter l’opinion publique." Une marche de soutien s'est déroulée à Avignon, organisée par son frère Maxime, comédien, sous une banderole affichant le slogan "Le journalisme n’est pas un crime".

Mobilisation nationale et internationale : un appel transpartisan

Un comité de soutien composé d’une centaine de personnalités issues des milieux sportifs, culturels et médiatiques a publié un appel commun via Reporters sans Frontières (RSF). Parmi eux figurent Catherine Deneuve, Hervé Mathoux, Anne-Sophie Lapix, ainsi que des figures du football comme Vahid Halilhodzic.

Le directeur général de RSF, Thibaut Bruttin, insiste : "Nous appelons les autorités algériennes à libérer Christophe Gleizes, et les autorités françaises à mobiliser tous les leviers diplomatiques." Une pétition ayant recueilli plus de 17 500 signatures a également été lancée.

Le rôle des autorités françaises et européennes

La mère de Christophe souligne le soutien du Parlement européen et de l’Assemblée nationale française, qui ont demandé unanimement la libération du journaliste. "Nous faisons confiance au Quai d'Orsay et à l’Élysée pour agir", affirme-t-elle, insistant sur la portée politique et diplomatique de cette affaire.

Tableau : Chronologie des événements clés

Une victime collatérale des tensions diplomatiques franco-algériennes

Franck Annese, proche collaborateur de Christophe, dénonce une condamnation « surréaliste ». Selon lui, le journaliste n’a fait qu’interviewer une personnalité sportive également engagée dans un mouvement indépendantiste kabyle. "Intervieweur ne signifie pas soutien à la cause", insiste-t-il.

Il considère que cette affaire est indissociable du contexte diplomatique tendu entre la France et l’Algérie, aggravé par des déclarations politiques récentes sur le Sahara ou l’arrestation de l’écrivain Boualem Sansal. Christophe Gleizes serait donc une "victime collatérale" de ce climat diplomatique difficile.

Perspectives et enjeux futurs

Le procès en appel, prévu pour octobre 2024, sera un moment crucial. La mobilisation intense autour de Christophe Gleizes illustre la préoccupation majeure quant à la liberté de la presse dans des zones politiquement sensibles. Au-delà de l’aspect judiciaire, c’est un véritable enjeu diplomatique et médiatique qui se joue.

Les proches et les organisations de défense de la presse appellent à maintenir la pression pour obtenir une révision de cette condamnation qu’ils jugent infondée, et la libération immédiate du journaliste.

Christophe Gleizes, journaliste reconnu et respecté, incarcéré pour un reportage au cœur d’une crise diplomatique franco-algérienne, symbolise aujourd’hui la fragilité de la liberté d’expression dans certaines régions du monde. L’affaire mobilise un large panel d’acteurs, des médias aux institutions européennes, soulignant l’urgence d’une réponse politique et humaine face à cette situation critique.