Introduction

Alors que C à vous continue d’enregistrer d’excellentes audiences sur France 5, une enquête explosive du magazine Marianne, parue le 24 avril 2025, jette une ombre sur les coulisses de l’émission. L’enquête dresse le portrait d’un environnement de travail délétère au sein de la production, marqué par des humiliations publiques, une pression constante, et des départs douloureux. Loin de l’image bienveillante et détendue que renvoie l’émission à l’antenne, plusieurs témoignages anonymes viennent aujourd’hui ébranler ce vernis télévisuel.

Un succès d’audience éclipsé par la tourmente interne

Malgré les alertes internes et les départs successifs, C à vous semble inébranlable à l’écran. L’émission a même battu un record d’audience le 23 avril 2025, réunissant 1,30 million de téléspectateurs pour sa seconde partie, soit 7,0 % de part d’audience.

Mais derrière ces chiffres encourageants, les témoignages de souffrance s'accumulent. Plusieurs membres de l’équipe – journalistes, programmateurs, techniciens – dénoncent un climat toxique, empreint de stress, d’humiliations et de domination hiérarchique.

Des témoignages alarmants

Dans les pages de Marianne, les mots sont durs, les récits marquants. Un fil rouge se dégage : la peur de parler à visage découvert. Ce silence, dit-on, est alimenté par un système précaire dans lequel "on peut vite se retrouver sans travail".

Exemples évoqués dans l’enquête :

• Licenciement d’une cheffe d’édition (janvier 2023) : après une réunion jugée sévère, elle fond en larmes et apprend son renvoi.

• Programmateur humilié publiquement (mai 2024) : après avoir été "maltraité tout au long de son contrat", il craque psychologiquement et se met en arrêt maladie.

• Journalistes en larmes après les émissions : des cas répétés de détresse émotionnelle, dus à des remarques rabaissantes.

Ces événements marquent une fracture entre l'image publique de l'émission et sa réalité interne.

Une animatrice sous le feu des critiques

Figure emblématique de l’émission depuis 2017, Anne-Élisabeth Lemoine, surnommée "Babeth", n’échappe pas aux accusations. Selon plusieurs témoignages recueillis par Marianne, la présentatrice adopte une posture autoritaire et froide avec ses équipes.

“Tout est rapport de domination. Babeth peut être très brutale et humiliante en public.” – Une ancienne fichiste.

Certaines sources soulignent un changement de comportement, évoquant une animatrice désormais plus anxieuse, qui craindrait "de se faire remplacer". L’évolution de son attitude serait l’un des symptômes d’un système interne en tension.

La production dans le viseur

La société Troisième Œil Productions, qui produit C à vous, est aussi pointée du doigt. Fondée par Pierre-Antoine Capton, actuel PDG de Mediawan, elle serait dirigée selon une logique de rentabilité maximale, parfois au détriment des équipes.

“Il a inventé la production low-cost. Les économies sont faites à tous les niveaux.” – Une ancienne journaliste.

“Les salariés tirent la langue, mais tant que ça tient, on ne change rien.” – Un ex-technicien.

Une tentative d’apaisement face à la tempête

Face à ces révélations, un cabinet de conseil RH (Alterhego) aurait été mandaté pour évaluer la situation et proposer des pistes de réforme. Cette décision fait suite à une série d’alertes relayées par des syndicats internes et des médias comme L’Informé.

De son côté, Mohamed Bouhafsi, figure de la production et ancien chroniqueur de l’émission, a tenté de minimiser les faits dans une interview accordée à Franceinfo en février dernier :

“Je n'ai pas envie de dialoguer avec les rumeurs. Ce n’est pas grave, c’est la vie. C’est la rançon du succès.”

Il admettait néanmoins les difficultés liées à la cadence :

“Une quotidienne, c’est très dur. C’est parfois compliqué de garder la même ambition.”

Mais ces propos, qualifiés de déconnectés par certains salariés, sont aujourd’hui largement remis en cause par l’enquête de Marianne.

Analyse et mise en perspective

Ce type de révélations n’est pas isolé dans le paysage audiovisuel français. Ces dernières années, plusieurs émissions à succès ont été rattrapées par des scandales internes similaires, dénonçant une culture du résultat où les conditions de travail passent au second plan.

L’affaire C à vous soulève une question cruciale : le succès d’une émission peut-il justifier un management autoritaire et des méthodes contestables ? La réponse, pour de nombreux observateurs, est non. Une réflexion plus large sur les pratiques internes dans l’audiovisuel public pourrait ainsi s’imposer.

Conclusion

L’image chaleureuse de C à vous, véhiculée chaque soir sur France 5, est aujourd’hui égratignée par des révélations sérieuses et concordantes. Si l’audience reste au rendez-vous, l’envers du décor mérite une attention urgente. L’initiative du cabinet RH pourrait marquer un premier pas vers un assainissement des pratiques internes. Mais il reste à savoir si la production et la direction seront réellement prêtes à entendre les voix qui, jusqu’ici, ont été réduites au silence.