Le vendredi 25 juillet 2025, une intervention très controversée d'Olivier Rafowicz, porte-parole de l'armée israélienne, sur BFMTV, a provoqué une vive réaction au sein de la rédaction. Accusant les journalistes de relayer une prétendue propagande et niant la famine à Gaza, ses propos ont été catégoriquement désavoués par la Société des journalistes (SDJ) de la chaîne d'information en continu.

Une intervention hors cadre éditorial

Invité dans l'émission "BFM Story" aux alentours de 18h15, Olivier Rafowicz a profité de son temps d'antenne pour lancer une charge virulente contre la couverture médiatique de la situation à Gaza. Délaissant la question posée, il s'est engagé dans un monologue de plus de six minutes, niant toute famine dans l'enclave palestinienne et accusant les ONG ainsi que les agences onusiennes de manipulation.

Des déclarations en contradiction avec les faits

Les propos de Rafowicz vont à l'encontre de multiples rapports internationaux. Depuis le blocus complet imposé à Gaza en mars 2025, partiellement allégé en mai, la situation humanitaire s’est largement détériorée. Selon l’Organisation mondiale de la santé et le Programme alimentaire mondial, des dizaines de milliers de femmes et enfants présentent des symptômes critiques de malnutrition.

Une tentative de discrédit des médias

Olivier Rafowicz a remis en cause la fiabilité des sources journalistiques. Il a affirmé que des clichés relayés dans la presse – notamment en Une de Libération – seraient falsifiés, suggérant même qu'ils pourraient provenir d'autres zones de conflit comme le Yémen. Une affirmation démentie par le service CheckNews de Libération, qui a prouvé l’authenticité de la photo prise le 23 juillet à Gaza par un photographe de l’AFP.

Des accusations jugées menaçantes envers les journalistes

Plus inquiétant encore, Rafowicz a sous-entendu qu’il détenait les noms de journalistes relayant selon lui de la « propagande ». Il a parlé de « textes et photos bidons », ajoutant qu’il s’agissait de « pipeau total ». Ces propos ont été jugés par de nombreux professionnels comme une tentative d’intimidation.

Réaction ferme de la SDJ de BFMTV

Le lendemain de la diffusion, la Société des journalistes (SDJ) de BFMTV a publié un communiqué cinglant pour prendre ses distances avec cette intervention. Elle y rappelle que les propos tenus par Olivier Rafowicz « n’engagent en aucun cas la rédaction ». Le communiqué ajoute : « Il a également tenu des propos menaçants envers nos confrères journalistes palestiniens. »

La SDJ souligne l’impossibilité pour les médias étrangers de couvrir librement la bande de Gaza en raison des restrictions israéliennes. Elle rappelle que depuis le début du conflit, plus de 200 journalistes palestiniens ont perdu la vie sur le terrain.

Contexte diplomatique tendu

La sortie de Rafowicz intervient dans un climat politique chargé, au lendemain d’une déclaration historique d’Emmanuel Macron à l’ONU, annonçant la reconnaissance prochaine de l’État palestinien par la France. Cette prise de position a ravivé les tensions régionales et généré un flot de réactions contrastées à l’international.

BFMTV face à la responsabilité éditoriale

Bien que l’intervention ait été diffusée en direct, la chaîne a rapidement supprimé l’extrait de ses réseaux sociaux et de son site internet. Cette décision, rare, illustre la volonté de la rédaction de prendre ses distances avec des propos jugés non conformes aux standards journalistiques et déontologiques de la chaîne.

Enjeux éthiques et liberté de la presse

Cette affaire soulève de nombreuses questions sur la gestion de la parole dans les médias, notamment lorsqu’il s’agit de figures officielles étrangères. Si la liberté d’expression demeure une valeur fondamentale, elle doit s’exercer dans le respect des faits, et sans mettre en danger les professionnels de l’information.

La réaction de la SDJ de BFMTV témoigne d’un attachement profond aux principes du journalisme indépendant et de qualité. Elle rappelle que la mission d’informer s’accompagne de responsabilités fortes, en particulier dans les contextes de crise internationale.