Jack Dion, figure emblématique de Marianne, a récemment annoncé son départ controversé de l’hebdomadaire, accusant Denis Olivennes, président de CMI France, de l’avoir poussé vers la sortie. Ce dernier a fermement démenti les accusations sur les réseaux sociaux. Retour complet sur cette crise qui secoue le paysage médiatique français.
Une déclaration choc de Jack Dion sur X
Le lundi 28 avril 2025, Jack Dion, directeur adjoint de la rédaction de Marianne, a publié un message retentissant sur son compte X (ex-Twitter). Dans cette déclaration, il annonçait mettre un terme à 25 années de collaboration avec le journal qu’il avait rejoint en 2000, sur l’invitation de Jean-François Kahn, fondateur du titre.
Dion affirme avoir été « invité à prendre sa retraite » par Denis Olivennes, patron de CMI France, et proche du milliardaire Daniel Kretinsky. Il parle d’un limogeage politique visant à faire taire une « voix dissidente ».
Les propos de Jack Dion : critique d'une reprise en main éditoriale
Dans son message, Jack Dion critique sévèrement la gestion actuelle de Marianne. Il reproche à Denis Olivennes d’avoir rejeté une offre de rachat formulée en février 2025 par Jean-Claude Delgènes et des représentants de l’économie sociale et solidaire, qui proposaient de transformer l’hebdomadaire en société coopérative.
Il accuse également la direction de vouloir « normaliser la ligne éditoriale » du magazine, ce qui aurait provoqué une vague de départs.
Une vague de démissions dans la rédaction
Depuis ces bouleversements, une vingtaine de journalistes sur les 50 employés ont décidé de quitter le navire, invoquant la célèbre clause de conscience. Parmi les départs les plus notables :
Nom | Poste | Motif de départ |
---|---|---|
Jack Dion | Directeur adjoint | Limogeage présumé / Clause de conscience |
Quentin Muller | Rédacteur en chef adjoint - International | Désaccord moral / accusations de censure |
Marc Edeweld | Grand reporter politique | Conditions de travail incompatibles avec l’enquête |
La réplique sèche de Denis Olivennes
Face à l’ampleur de la polémique, Denis Olivennes a publié sa réponse sur X. Il affirme que Jack Dion n’a pas été « limogé » et que ses opinions politiques n’ont jamais posé problème à la direction. Toutefois, il souligne le facteur générationnel : « Vous tempêtez contre la retraite à 62 ans, mais 77 ans, c’est un âge raisonnable pour laisser la place à la jeunesse ». Un message perçu par beaucoup comme une tentative d’apaisement… teintée d’ironie.
Un climat tendu au sein de la rédaction
Le climat au sein de Marianne est visiblement délétère. Les témoignages se multiplient, faisant état de pressions éditoriales et d’une rupture entre une partie de la rédaction et la nouvelle direction.
Dans un long message publié le 15 avril, Quentin Muller évoquait la perte de sens de son métier dans un journal dont les valeurs semblaient désormais incompatibles avec les siennes. Il affirmait que la direction lui reprochait un « tropisme anti-israélien » et des publications jugées trop partisanes.
Le contexte : tensions éditoriales et enjeux économiques
Le conflit entre Jack Dion et Denis Olivennes met en lumière les tensions croissantes dans la presse écrite française, confrontée à une double crise : économique et éditoriale. Si CMI France affirme vouloir renouveler les équipes et redynamiser la ligne éditoriale, de nombreux journalistes y voient une atteinte à l’indépendance rédactionnelle.
En coulisses, des enjeux de pouvoir se jouent entre les actionnaires et les journalistes historiques du titre. La reprise de Marianne par des investisseurs extérieurs aurait-elle permis d’éviter cette crise ?
Des figures emblématiques quittent le journal
Outre Jack Dion, d’autres figures majeures de la rédaction ont quitté Marianne ces derniers mois. Ces départs successifs soulèvent des questions sur la capacité de l’hebdomadaire à conserver sa ligne critique et son ADN originel.
Marc Edeweld, spécialiste de l’investigation politique, a indiqué que les conditions ne permettaient plus d’exercer un journalisme d’enquête rigoureux. Des propos qui résonnent dans un contexte où la liberté de la presse est régulièrement remise en cause.
Une crise symptomatique du journalisme contemporain ?
Au-delà du cas particulier de Marianne, cette affaire illustre une tendance plus large dans le paysage médiatique : les conflits entre rédactions et actionnaires, la précarisation du métier, et la difficulté de maintenir une ligne éditoriale indépendante face aux pressions économiques ou politiques.
Elle pose également la question du renouvellement générationnel dans les rédactions, et du rôle que doivent jouer les anciens journalistes dans la transmission de valeurs journalistiques.
Conclusion : entre rupture et recomposition
Le départ de Jack Dion de Marianne marque une rupture symbolique dans l’histoire de l’hebdomadaire. Loin d’être un simple changement de personnel, il reflète une recomposition plus profonde, à la croisée des chemins entre projet éditorial, contraintes économiques et conflits idéologiques.
Reste à savoir si Marianne, sous la houlette de Frédéric Taddéi et Denis Olivennes, parviendra à conserver une voix originale dans le paysage médiatique français, ou si elle deviendra une vitrine édulcorée de ce qu’elle fut.