Alors que l’industrie du cinéma continue de repenser ses codes à l’ère du numérique et de l’intelligence artificielle, l’Académie des arts et des sciences du cinéma (AMPAS), qui organise chaque année la cérémonie des Oscars, vient d’annoncer un changement de cap majeur. Dès la 98e édition prévue le 15 mars 2026, ses membres devront impérativement avoir visionné tous les films nommés dans chaque catégorie pour avoir le droit de voter. Une décision historique qui fait déjà débat.
📌 Contexte : Une réponse aux critiques récurrentes
Ces dernières années, la légitimité de certains votes avait été mise en cause. Des rumeurs persistantes affirmaient que certains membres de l’Académie votaient sans avoir vu tous les films, influencés par le bouche-à-oreille, les campagnes de promotion, ou même la notoriété des artistes. Cette nouvelle règle vise donc à restaurer l’intégrité du vote et à soutenir une évaluation plus équitable des œuvres en lice.
📝 Détail de la réforme
Élément | Ancienne règle | Nouvelle règle (2026) |
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Visionnage des films | Déclaration sur l’honneur, sans contrôle réel | Obligation de visionner tous les films d’une catégorie pour pouvoir voter |
Plateforme de visionnage | Non précisé | Utilisation obligatoire de la plateforme de streaming privée de l’Académie |
Visionnage externe (festivals, etc.) | Accepté sans justification | Justificatif électronique requis (date, lieu, événement) |
Application de la règle | Non généralisée | Toutes les catégories sont concernées dès le tour final |
Inspiration | Règlement des BAFTA (British Academy of Film and Television Arts) | Alignement sur les pratiques déjà en vigueur au Royaume-Uni |
🎥 Pourquoi ce changement maintenant ?
L'Académie est confrontée à plusieurs défis :
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Crise de confiance dans le système de vote, notamment dans les catégories techniques ou les courts-métrages, où les films sont parfois peu vus.
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Croissance du nombre de votants : avec plus de 10 000 membres issus de tous les continents, le contrôle du vote devient crucial.
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Montée en puissance du lobbying : certaines campagnes promotionnelles d’envergure influencent plus que le mérite artistique.
Ce durcissement s’inscrit aussi dans un mouvement plus global de régulation des cérémonies artistiques face aux mutations de l’industrie : explosion des plateformes de streaming, diversité des formats (films hybrides, docu-fictions…), et pression du public pour plus de transparence.
🎛️ Comment les membres seront-ils contrôlés ?
L’Académie utilisera principalement sa plateforme privée de streaming, déjà accessible aux membres accrédités. Chaque visionnage y est tracé numériquement.
Pour les films vus hors plateforme (en festival, en salle, en projection presse), les membres devront remplir un formulaire électronique mentionnant la date, l'heure, le lieu et l'événement. Ce formulaire agira comme un certificat de visionnage.
Si un membre ne peut attester du visionnage de tous les films d’une catégorie, il ne pourra pas voter pour celle-ci lors du vote final. Ce procédé introduit une notion de responsabilité personnelle, jusque-là peu encadrée.
🏆 Une refonte qui pourrait modifier le palmarès
Cette nouvelle charte éthique pourrait rééquilibrer la compétition, notamment dans des catégories comme :
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Le meilleur court-métrage ou meilleur documentaire, souvent dominés par les productions les plus visibles ou soutenues par de puissants studios.
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Le meilleur film international, qui pâtit parfois d’une méconnaissance ou d’un manque de visionnage par les votants américains.
En valorisant la découverte et l'équité, l'Académie espère diversifier le palmarès et éviter les "votes par défaut" ou "votes de popularité".
🗓️ Le calendrier de la 98e édition
Étape | Dates clés |
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Ouverture des votes pour nominations | 12 janvier 2026 |
Clôture des votes pour nominations | 16 janvier 2026 |
Annonce des nominations officielles | 22 janvier 2026 |
Début du vote final | 26 février 2026 |
Fin du vote final | 5 mars 2026 |
Cérémonie des Oscars | 15 mars 2026 |
🎤 Réactions dans l'industrie
Les premières réactions sont partagées :
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Soutien des cinéastes indépendants, ravis de voir leurs films jugés de manière plus équitable.
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Inquiétude chez certains membres historiques, qui redoutent une "usine à process" et craignent une perte de spontanéité.
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Consensus sur la nécessité d’un meilleur encadrement face à une industrie en constante évolution.
🧩 Conclusion : Une évolution nécessaire
Cette réforme marque un tournant dans l’histoire des Oscars. Plus qu’une simple règle administrative, elle pose la question fondamentale de la légitimité culturelle et artistique des décisions prises lors de la cérémonie la plus médiatisée du 7e art.
En imposant aux votants de visionner les films nommés, l’Académie cherche à renouer avec ses fondements : l’équité, la qualité, la reconnaissance du talent. Reste à voir si cette réforme sera strictement appliquée ou si elle ouvrira la voie à d'autres ajustements majeurs, notamment autour de l’utilisation de l’IA dans les productions ou des formats hybrides.
Une chose est sûre : les Oscars veulent redevenir plus qu’un symbole — un label de mérite véritable.