Le 14 mai 2025, l’Arcom (Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique) a officialisé la reconduction de Delphine Ernotte-Cunci à la présidence de France Télévisions. Elle devient ainsi la première femme à diriger le groupe public pour un troisième mandat consécutif, un fait inédit dans l’histoire de l’audiovisuel français.

Son nouveau mandat, d’une durée de cinq ans à compter du 22 août 2025, a été attribué au terme d’un processus de sélection rigoureux, où elle a été préférée à trois autres candidats de renom : Frédérique Dumas (productrice et ex-députée), Irène Grenet (ancienne cadre de FranceTV Publicité) et Jean-Philippe Lefèvre (ex-responsable de Public Sénat). Un cinquième postulant, Serge Cimino, avait vu sa candidature rejetée et dénoncé un "simulacre de procédure".

Rodolphe Belmer (TF1) salue la décision et prône une filière audiovisuelle française forte

Rodolphe Belmer, PDG du groupe TF1, a rapidement réagi à cette nomination sur LinkedIn. Il a exprimé sa satisfaction de poursuivre la collaboration avec Delphine Ernotte-Cunci, qu’il décrit comme "une partenaire exigeante, solide et attentive aux équilibres du secteur". Il a également salué sa vision ambitieuse pour l’audiovisuel public et la création française.

"Je salue la décision de l'Arcom de confier à Delphine Ernotte Cunci un troisième mandat à la Présidence de France Télévisions. En tant que Président du Groupe TF1, je me réjouis de pouvoir continuer à travailler dans les cinq prochaines années (au moins !) avec une partenaire à la fois exigeante, solide et attentive aux équilibres du secteur, portant une vision ambitieuse pour l'audiovisuel public et la création française. Je lui adresse, ainsi qu'à ses équipes, mes félicitations les plus amicales et chaleureuses ainsi que tous mes vœux de réussite dans la mise en œuvre de son projet pour le groupe public durant les années à venir."

Rodolphe Belmer milite depuis plusieurs années pour la création d’une "Filière" de l’audiovisuel français, capable de rivaliser avec les plateformes internationales. Lors du Festival de la Fiction de La Rochelle, il avait appelé à un front commun des acteurs nationaux pour garantir l’indépendance et le financement durable du secteur. Cette démarche a reçu le soutien de Delphine Ernotte-Cunci, consciente des enjeux budgétaires, notamment après la suppression de la redevance remplacée par une part de TVA.

Les axes forts du projet "Réconcilier" pour France Télévisions

Pour ce troisième mandat, Delphine Ernotte-Cunci a présenté un projet intitulé "Réconcilier". Il vise à renforcer la cohésion au sein du service public audiovisuel, dans un contexte de recomposition marqué par le projet gouvernemental de création d’une holding commune regroupant France Télévisions, Radio France, l’INA et potentiellement France Médias Monde.

Parmi les priorités affichées :

• Déparisianiser l’actualité pour mieux représenter la diversité des territoires et des catégories populaires.
• Poursuivre la transformation numérique autour de la plateforme france.tv, pour répondre aux nouveaux usages.
• Atteindre l’équilibre budgétaire malgré la pression sur les ressources publiques.
• Renforcer l’offre de création française et soutenir la production indépendante.

Réforme de l’audiovisuel public : vers une holding commune ?

La reconduction de Delphine Ernotte-Cunci intervient alors que le gouvernement prépare une réforme majeure de l’audiovisuel public. Le projet de holding vise à regrouper France Télévisions, Radio France, l’INA et potentiellement France Médias Monde sous une même entité, afin de mutualiser les ressources et de renforcer la compétitivité du service public face aux géants du streaming.

Delphine Ernotte-Cunci soutient ce projet, qu’elle qualifie "d’arme de dissuasion contre la privatisation". Si la réforme aboutit, son mandat pourrait être écourté, mais elle deviendrait alors la première présidente de cette nouvelle structure, marquant une nouvelle étape dans la gouvernance de l’audiovisuel public français.

Un contexte budgétaire et social sous tension

Malgré ses succès, Delphine Ernotte-Cunci fait face à des critiques, notamment de la part des syndicats. La CGT de France Télévisions dénonce une dégradation du climat social et une politique d’austérité ayant conduit à la suppression de près de 1 000 postes en dix ans. Ces défis sociaux s’ajoutent à la nécessité de garantir un financement pérenne pour le service public, dans un contexte de mutation rapide du secteur.

Perspectives et enjeux pour l’avenir de France Télévisions

Le troisième mandat de Delphine Ernotte-Cunci s’ouvre à un moment clé pour l’audiovisuel public. Les défis sont nombreux : transformation numérique, équilibre budgétaire, attractivité des contenus, diversité et indépendance éditoriale. Sa capacité à fédérer les équipes, à dialoguer avec les partenaires privés comme TF1, et à porter une vision ambitieuse sera déterminante pour l’avenir du service public.

Les prochains mois seront décisifs, notamment avec la mise en œuvre du projet de holding et la poursuite de la réforme du secteur. La réussite de ce chantier conditionnera la place de la France dans le paysage audiovisuel européen et mondial.

Conclusion : un mandat historique sous le signe de la transformation

La reconduction de Delphine Ernotte-Cunci à la présidence de France Télévisions marque une étape majeure pour le service public audiovisuel. Soutenue par des acteurs clés comme Rodolphe Belmer, elle doit désormais relever les défis d’un secteur en pleine mutation, tout en poursuivant son engagement en faveur de la diversité, de l’innovation et de la cohésion nationale. Ce troisième mandat s’annonce comme celui de la transformation et de la consolidation pour France Télévisions et l’ensemble de l’audiovisuel français.