Deux ans après le raz-de-marée Barbie signé Greta Gerwig, l’industrie hollywoodienne peine à en tirer des leçons durables. Randall Park, acteur emblématique de la franchise Marvel, s’insurge contre le manque de progrès concrets pour les femmes dans le cinéma américain. Son constat est sans appel : Hollywood continue de privilégier les recettes commerciales au détriment des enjeux d'égalité et de représentativité.
Un succès planétaire... aux effets limités
En 2023, Barbie bouleversait l’écosystème hollywoodien avec un box-office dépassant le milliard de dollars. Réalisé par Greta Gerwig, co-écrit avec Noah Baumbach et porté par Margot Robbie, le film a été salué pour son approche féministe pop assumée et ses critiques du patriarcat. Pourtant, deux ans après, les retombées structurelles semblent minimes.
« Hollywood tire toujours les mauvaises leçons de ses succès », déplore Randall Park dans une déclaration virale. « Après Barbie, l’industrie a simplement décidé de faire plus de films sur les jouets… Alors qu’elle aurait dû faire plus de films par et avec des femmes ! »
Une industrie toujours dominée par les hommes
Les chiffres confirment l’inquiétude de l’acteur. En 2025, malgré quelques progrès, les postes clés du cinéma américain restent majoritairement occupés par des hommes. Qu’il s’agisse de la réalisation, de la production exécutive ou des scénarios, la parité est loin d’être atteinte.
Poste clé | Part des femmes (%) | Évolution par rapport à 2023 |
---|---|---|
Réalisatrices | 18% | +3% |
Scénaristes | 24% | +1% |
Productrices exécutives | 27% | Stable |
Directrices photo | 7% | -1% |
La tendance reste donc très déséquilibrée. Et même si quelques figures féminines émergent dans les sphères indépendantes, les gros budgets et les franchises continuent de favoriser les profils masculins.
Barbie : une révolution esthétique, pas structurelle
Barbie avait tout du film-manifeste. Élevé au rang de phénomène culturel, il mêlait satire sociale et esthétique bonbon pour dénoncer les carcans de genre. Cependant, le système hollywoodien a préféré capitaliser sur l’univers Mattel que sur son message subversif.
« C’est la logique industrielle qui prime, pas le message politique », regrette un analyste du box-office. Au lieu d’encourager de nouvelles réalisatrices, les studios ont relancé des franchises axées sur des produits : Hot Wheels, Polly Pocket, et même un projet autour de UNO.
Un été 2025 peu représentatif
Le calendrier estival des sorties ciné 2025 reflète tristement cette réalité. Si quelques productions dirigées par des femmes émergent, elles restent minoritaires face aux blockbusters dominés par des hommes.
Film | Réalisateur·rice | Genre |
---|---|---|
Souviens-toi l’été dernier (reboot) | Femme | Horreur |
Jurassic World: Origins | Homme | Action/Science-fiction |
Les Quatre Fantastiques | Homme | Super-héros |
Mission: Impossible IX | Homme | Espionnage |
Polly Pocket | Femme | Comédie |
Sur dix sorties majeures cet été, seules deux sont réalisées par des femmes. Les genres dominés par le masculin (action, science-fiction, super-héros) restent hors de portée de nombreuses créatrices.
Randall Park, voix dissonante dans le système Marvel
Connu pour ses rôles dans WandaVision et Ant-Man, Randall Park ne craint pas de prendre position. En pleine promotion, il critique ouvertement les priorités des studios et leur tendance à ignorer l’opportunité d’ouvrir davantage l’industrie aux femmes.
Son message, relayé par plusieurs médias et repris sur les réseaux sociaux, a suscité une vive réaction, saluée par de nombreuses personnalités du milieu indépendant. « Plus de films faits par des femmes, avec des femmes, pour tout le monde », résume-t-il.
Les initiatives féminines peinent à percer
Malgré l’émergence de collectifs de réalisatrices et l’engagement de certaines maisons de production en faveur de la parité, les moyens restent limités. Les films dirigés par des femmes bénéficient souvent de budgets inférieurs et d’une diffusion restreinte.
Greta Gerwig, Chloé Zhao, Céline Sciamma, Jane Campion : ces grandes figures du cinéma mondial sont devenues des symboles, mais demeurent trop peu nombreuses. Et si l’on note quelques évolutions côté festivals (Palme d’or, Lion d’or), les circuits commerciaux restent verrouillés.
Un appel à un vrai changement structurel
Deux ans après Barbie, Hollywood ne semble pas avoir tiré les leçons de son triomphe féministe. Randall Park incarne une voix lucide et critique dans une industrie encore marquée par le déséquilibre de genre.
Les données, les programmations et les témoignages convergent : produire plus de films par et avec des femmes est une nécessité. Non par effet de mode, mais pour refléter la richesse et la diversité du monde réel.
Le changement ne viendra pas uniquement des blockbusters, mais aussi des choix de spectateurs, des engagements politiques et des décisions structurelles au sein des studios. Car comme le rappelle Randall Park : « Le cinéma doit inspirer. Il doit aussi évoluer. »
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