Le monde du stand-up est en deuil après la mort brutale de Bun Hay Mean, humoriste franco-cambodgien également connu sous le pseudonyme de Chinois Marrant. Le jeudi 10 juillet 2025, l’artiste de 43 ans a été retrouvé sans vie en bas de son immeuble situé dans le 17ᵉ arrondissement de Paris. D’après les premières constatations, il aurait chuté accidentellement en tentant de récupérer son téléphone portable tombé dans la gouttière de son balcon, alors qu’il s’apprêtait à rejoindre l’aéroport pour un vol vers Montréal où il devait se produire le lendemain dans le cadre de sa tournée « Kill Bun ».
Un artiste libre, engagé, et profondément humain
Bun Hay Mean avait conquis un public fidèle par son style acéré, son humour sans concession et son regard lucide sur les discriminations et les fractures sociales. Derrière ses punchlines percutantes se cachait une profonde sensibilité. Sa disparition a suscité une vague d’émotion dans toute la sphère artistique. De nombreux artistes, producteurs, et spectateurs anonymes ont exprimé leur chagrin sur les réseaux sociaux.
Jamel Debbouze prend la parole deux jours après le drame
Ce n’est que deux jours après l’annonce du décès de son ami que Jamel Debbouze a trouvé la force de s’exprimer publiquement. Sur Instagram, l’acteur et producteur a publié un message profondément émouvant, accompagné de photos inédites, témoignant de leur complicité artistique et personnelle. Ce message a immédiatement touché des milliers d’internautes.
« Je repense à nos fous rires, à nos discussions qui partaient dans tous les sens, à ta façon de voir le monde. Ta douceur, ton humour, ta lucidité, ta colère juste… Après ton passage au Marrakech du Rire, tu as fait lever le Palais BAADI tout entier ! Tu as fini ton passage avec une fulgurance dont je me souviendrai toute ma vie. T’étais brillant, libre, entier… Une vraie pudeur derrière cette rage de dire. Tu me manques déjà. Je perds un frère. Repose en paix mon frère. »
Mélissa Theuriau, une réaction de mère et de productrice
Avant Jamel, son épouse Mélissa Theuriau, productrice et journaliste, avait déjà exprimé son immense peine. Très proche de Bun Hay Mean, elle a souligné la tendresse qu’il portait à leurs enfants Léon et Lila. Son message mettait en lumière l’héritage intellectuel et humain laissé par l’humoriste, insistant sur l’importance de continuer à diffuser ses messages de tolérance et d’ouverture.
« C’est un grand chagrin de te perdre Bun. Je n’oublierai jamais ta gentillesse avec nos enfants depuis toujours. La force et la justesse de tes textes ont ouvert une voie. Nous ferons tout pour que ce chemin de tolérance que tu as frayé continue de s’agrandir. Repose en paix mon ami. Pensées à ta famille et tous les tiens. »
Une carrière façonnée par le Jamel Comedy Club
Repéré en 2014 par Alain Degois — premier mentor de Jamel Debbouze — Bun Hay Mean a fait ses débuts sur la scène du Jamel Comedy Club lors de la saison 7, diffusée à partir du 12 juillet. Rapidement, il s’impose comme l’un des talents les plus marquants de sa génération. Son humour, à la fois militant et poétique, lui a valu une reconnaissance croissante, notamment sur les scènes de l’Apollo Théâtre, de l’Européen, de La Nouvelle Ève, ou encore du Grand Rex à Paris. Il s’est également produit au célèbre Festival du rire de Montreux, renforçant sa notoriété internationale.
Une tournée interrompue brutalement : "Kill Bun" devait conquérir le Québec
Avant sa mort, l’humoriste préparait son départ pour Montréal, où il devait se produire le 11 juillet. Sa valise était prête, signe qu’il n’imaginait pas que la chute depuis son balcon serait fatale. Cette tournée promettait d’être un point culminant de sa carrière, marquant une reconnaissance grandissante sur la scène francophone outre-Atlantique.
Tableau récapitulatif de la carrière de Bun Hay Mean
Année | Événement clé | Lieu / Plateforme |
---|---|---|
2014 | Première apparition au Jamel Comedy Club | Canal+ |
2015–2020 | Tournées en France et Suisse | Théâtres parisiens / Montreux |
2021 | One-man-show "Origines contrôlées" | Grand Rex, Paris |
2025 | Tournée "Kill Bun" | Canada, Europe |
Une vague d’hommages… et quelques critiques
Les messages de soutien ont afflué : artistes, producteurs, journalistes et anonymes ont salué la mémoire d’un homme « engagé, brillant et d’une humanité rare ». Toutefois, certains ont aussi dénoncé le silence initial de certaines figures du monde médiatique ou les tentatives de récupération. L’humoriste Jean-Luc Lemoine a ainsi exprimé sa colère face à des « réactions hypocrites » et au manque d’engagement réel de certaines personnalités influentes.
Un héritage artistique et humain indélébile
Au-delà des planches, Bun Hay Mean a marqué toute une génération de spectateurs par son intelligence, sa sincérité, et sa capacité à faire rire tout en éveillant les consciences. Son œuvre, jalonnée de sketchs viraux et de spectacles percutants, continuera d’inspirer de nombreux jeunes artistes, tout comme ses messages empreints d’humanité et de justice sociale.
Un adieu bouleversant, un souvenir impérissable
Le décès de Bun Hay Mean laisse un vide immense dans le paysage culturel français. Pour Jamel Debbouze, sa femme Mélissa Theuriau, et l’ensemble de la scène humoristique, c’est la perte d’un frère, d’un artiste rare, d’un éclaireur. Son rire, son regard, et sa parole ne seront pas oubliés.
Son passage au Marrakech du Rire, ses triomphes parisiens, ses textes inoubliables sont désormais gravés dans l’histoire du spectacle vivant français. À travers les hommages sincères et les engagements à poursuivre son combat pour plus de tolérance, Bun Hay Mean continue de briller, même après sa disparition.
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