En pleine tournée internationale et après son passage remarqué au festival « Juste pour rire » à Montréal, Jamel Debbouze s’est livré sans détour dans les colonnes de Paris Match. L’humoriste, désormais quinquagénaire, a partagé son point de vue sur la scène humoristique parisienne, rendant hommage à son ami disparu Bun Hay Mean, et évoqué un projet culturel ambitieux en gestation.
Le témoignage poignant de Jamel Debbouze après la disparition de Bun Hay Mean
La scène humoristique française a récemment été endeuillée par la disparition tragique de Bun Hay Mean, connu du grand public sous le pseudonyme du Chinois Marrant. L’artiste a perdu la vie dans un accident survenu à Paris, après une chute de plusieurs étages alors qu’il tentait de récupérer son téléphone tombé dans une gouttière depuis son balcon.
Bun Hay Mean s’était fait connaître au début des années 2010 et avait intégré la troupe du Jamel Comedy Club, symbole de la nouvelle génération du stand-up francophone. Il devait participer au spectacle aux côtés de Jamel Debbouze au festival « Juste pour rire » à Montréal, un événement devenu incontournable de l’humour francophone.
Visiblement très ému, Jamel confie : « J’ai été plus que touché, j’étais choqué. Je m’attendais tellement pas à cela… Il aurait dû être là et c’est vrai que les soirs où on a joué, il était avec nous. Il était vraiment présent, on lui a dédié ce spectacle. C’était la moindre des choses. »
Paris : une scène exigeante pour les humoristes
Malgré sa carrière internationale, Jamel Debbouze n’a jamais cessé de se remettre en question. Interrogé sur les publics les plus difficiles à séduire, il n’hésite pas à désigner la capitale française :
« Le plus dur où jouer, ça reste Paris ! » affirme-t-il. « À Paris, on est repus de spectacles, il y en a matin, midi et soir. » Cette saturation culturelle rend le public parisien plus critique, plus exigeant, mais aussi plus difficile à surprendre.
À titre de comparaison, Jamel évoque l’accueil chaleureux du public québécois : « Le rire est beaucoup plus chaleureux, beaucoup plus fort, beaucoup plus facile. Il y a moins de distance, c’est agréable. »
Comparaison des publics francophones : Paris vs Montréal
Critères | Public parisien | Public montréalais |
---|---|---|
Fréquence des spectacles | Très élevée | Modérée |
Réactivité | Mesurée, critique | Spontanée, enthousiaste |
Accessibilité de l'humour | Complexe, exigeant | Direct, chaleureux |
Nombre de festivals | Multiples, variés | Concentré, mais emblématique |
Une carrière forgée par l’endurance et l’innovation
Jamel Debbouze, au fil des décennies, s’est imposé comme une figure centrale du paysage humoristique français. De ses débuts à Trappes jusqu’à ses spectacles dans les plus grandes salles internationales, il a su faire évoluer son style tout en restant fidèle à ses racines.
Sa participation au Jamel Comedy Club, qu’il a fondé pour donner une voix à la diversité et au stand-up urbain, témoigne de sa volonté d’ouvrir des portes et de transmettre.
Son observation sur le public parisien souligne aussi la difficulté pour les artistes de se renouveler sans cesse pour séduire une audience très sollicitée.
Un projet de festival d’humour à la française
Parmi les perspectives évoquées dans son entretien, Jamel Debbouze révèle vouloir créer un événement humoristique d’envergure nationale, à l’image de la Fête de la musique.
« Avec plein de comiques, on aimerait avoir un ‘jour où’, une fête où on rit, où on fait rire partout dans les rues, dans tous les sens. »
Cette initiative viserait à célébrer l’humour sous toutes ses formes, dans un esprit populaire, accessible, et inclusif. Une manière, selon lui, de revendiquer la liberté d’expression par le rire, dans une époque marquée par des crispations sociales et culturelles.
Jamel souligne également une date symbolique : la Journée mondiale de l’humour, célébrée chaque 7 mai mais largement ignorée en France. Il propose de s’en emparer pour en faire un moment fort du calendrier culturel.
Pourquoi l’humour est un indicateur de liberté
Pour Jamel Debbouze, l’humour va bien au-delà du divertissement. Il représente un outil d’émancipation, de critique sociale, et de cohésion collective.
Dans le contexte international tendu et face à une montée des extrémismes, le rire devient, selon lui, un rempart contre l’intolérance :
« L’humour, c’est ce qu’il nous reste quand tout semble perdu. »
Le projet de créer un festival d’humour à l’échelle nationale répond à cette ambition : faire du rire un levier de lien social, en mobilisant des artistes venus de tous horizons, pour jouer dans les rues, les théâtres, les places publiques…
Le legs de Jamel Debbouze : entre héritage et transmission
À 50 ans, Jamel Debbouze entame une nouvelle phase de sa carrière. Plus qu’un simple humoriste, il incarne aujourd’hui un mentor, un passeur d’expériences.
Ses initiatives en faveur de la scène émergente, sa fidélité à ses engagements sociaux, et son regard lucide sur les enjeux culturels font de lui une figure incontournable de la scène francophone.
À travers ses projets à venir, il semble vouloir inscrire son action dans le temps long : celui de la transmission, de la mémoire, et de l’impact culturel durable.
Entre scène parisienne et ambition internationale
Le témoignage de Jamel Debbouze révèle une personnalité à la fois sensible, lucide et profondément engagée. S’il reconnaît la complexité de jouer à Paris, il en fait un défi stimulant, révélateur du niveau d’exigence de la scène française.
Son hommage à Bun Hay Mean, son désir de créer un festival dédié à l’humour, et son analyse du public francophone dessinent le portrait d’un artiste complet, à la fois ancré dans le présent et tourné vers l’avenir.
Plus qu’un simple one-man-show, la démarche de Jamel Debbouze s’apparente à une œuvre collective, destinée à faire rayonner l’humour comme vecteur de lien, d’espoir et d’humanité.
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