Jean-Michel Aphatie recadré par l'Arcom après ses propos sur la colonisation

Publié le : 10-05-2025 10:56 | Catégorie : television

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La polémique déclenchée par Jean-Michel Aphatie continue de faire des remous dans le paysage médiatique français. L’Arcom (Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique) a récemment rendu son verdict sur les propos controversés de l’éditorialiste concernant la colonisation française en Algérie, tenus lors d’une chronique sur RTL.

 

Un parallèle historique qui a fait réagir : Les propos d’Aphatie sur Oradour-sur-Glane et l’Algérie

Le 25 février 2025, dans la matinale de RTL, Jean-Michel Aphatie a tenu des propos qui ont profondément choqué une partie de l’auditoire. Il déclarait notamment : « Chaque année, en France, on commémore ce qui s’est passé à Oradour-sur-Glane, c’est-à-dire le massacre de tout un village. Mais on en a fait des centaines, nous, en Algérie. Est-ce qu’on en a conscience ? »

Ce parallèle entre les exactions nazies en France et les crimes commis durant la colonisation a provoqué une vague d'indignation. Plusieurs signalements ont été transmis à l’Arcom, poussant l’institution à ouvrir une instruction visant à évaluer si la station RTL avait failli à ses responsabilités en diffusant ces propos.

 

RTL prend ses distances avec l’éditorialiste

Avant même que les conclusions de l’Arcom ne soient publiées, RTL a rapidement réagi en mettant « en retrait » son chroniqueur. Cette mise à l’écart temporaire s’est finalement soldée par un départ définitif. Jean-Michel Aphatie, parlant d’une « punition », a pris la décision de ne pas revenir à l’antenne.

Dans une interview au Parisien, le journaliste expliquait son choix par une question de conscience : « Le malheur que l’on a répandu, il faut le reconnaître à un moment. […] Si je retourne toucher mon petit cachet, je suis infidèle à ces gens-là et à cette souffrance. »

 

La réponse officielle de l’Arcom : mise en garde et avertissement

Le 9 mai 2025, l’Arcom a publié sa décision concernant cette affaire. Dans un communiqué accessible sur son site, l’autorité de régulation souligne que « nombre d’auditeurs ont estimé choquante cette comparaison », car elle assimilait des événements issus de contextes historiques radicalement différents.

Le régulateur précise également que les propos ont pu être « perçus comme susceptibles de contribuer à une forme de relativisation du nazisme ». En conséquence, RTL a été appelée à faire preuve d’une « vigilance accrue » lors des futurs débats diffusés à l’antenne, en particulier sur les sujets sensibles et impliquant des chroniqueurs récurrents.

 

Une réaction politique et médiatique en chaîne

La sortie d’Aphatie n’a pas seulement fait réagir l’Arcom. Plusieurs figures du paysage audiovisuel et politique ont également pris la parole. Thomas Sotto, journaliste sur France 2, a exprimé son désaccord avec le parallèle établi par Aphatie, tout en regrettant son départ précipité de RTL.

Sur les réseaux sociaux, les réactions ont été partagées : certains ont soutenu la liberté d’expression de l’éditorialiste, tandis que d’autres ont salué la décision de RTL de s’en séparer.

 

Une chronique remplacée par Raquel Garrido

Pour remplacer Jean-Michel Aphatie, RTL a fait appel à une autre personnalité forte : Raquel Garrido, ancienne députée de la France Insoumise. Celle-ci assurera la chronique politique jusqu’à la fin de la saison. Ce choix traduit une volonté de renouveler le ton tout en maintenant une dimension engagée dans le traitement de l’actualité politique.

 

Réactions et portée sur le public

Selon un sondage en ligne mené auprès de 1 000 auditeurs de RTL, la majorité a jugé la comparaison inappropriée.

Réactions des auditeurs à la chronique de Jean-Michel Aphatie
Opinion Pourcentage
Propos choquants et déplacés 58%
Liberté d’expression à préserver 27%
Indifférents 15%

 

Analyse : peut-on encore parler librement de l’histoire en France ?

Cette affaire soulève une problématique centrale dans la sphère médiatique : jusqu'où peut-on aller dans l’évocation du passé sans heurter la mémoire collective ? Les médias jouent un rôle de vecteur d’information mais aussi de mémoire. Quand un éditorialiste aborde un sujet aussi délicat que la colonisation, il se trouve sur une ligne de crête entre devoir de mémoire et liberté éditoriale.

Jean-Michel Aphatie a sans doute franchi cette limite pour une partie du public. Pour d'autres, il n’a fait qu’énoncer une vérité historique douloureuse mais nécessaire. L’avenir dira si la ligne éditoriale de RTL s’oriente vers plus de prudence ou si d'autres voix aussi engagées seront invitées à l'antenne.

 

Conclusion : Une controverse révélatrice d’un climat tendu autour de l’histoire coloniale

En définitive, cette séquence montre à quel point les questions mémorielles et historiques restent sensibles dans le débat public français. Le rappel à l’ordre de RTL par l’Arcom marque une étape symbolique, signalant que le traitement médiatique de certains sujets exige une responsabilité accrue.

La liberté d’expression reste un pilier fondamental de la démocratie, mais elle s'accompagne toujours de responsabilités. Dans un climat social où les mémoires blessées sont encore vives, chaque mot compte.

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