La célèbre Drag Queen française La Big Bertha, emblème de résilience et de créativité, revient sous les projecteurs dans la saison 4 de Drag Race France All Stars. Pourtant, ce retour n’allait pas de soi. Victime de cyberharcèlement après son premier passage à la télévision, elle a failli renoncer à participer de nouveau à l’émission. Voici son témoignage, entre douleurs, luttes et espoir.
Un retour sous pression : les blessures du passé
Après une première apparition très remarquée dans la saison 1 de Drag Race France, La Big Bertha s’est heurtée à une réalité brutale : celle des commentaires haineux sur les réseaux sociaux. Bien loin de l’amour et de la bienveillance que prône la communauté drag, certains membres de cette même sphère lui ont envoyé des messages choquants.
Lors du challenge du "Makeover", où les candidates devaient transformer une célébrité en sœur drag, La Big Bertha a confié à Natoo, influenceuse et humoriste, qu’elle avait sérieusement envisagé de ne pas revenir :
"Les haters, et tout ce qui s’est passé sur les réseaux sociaux, c’est en partie la raison pour laquelle je ne voulais pas revenir ici".
Entre menaces de mort, attaques personnelles et révélations d’informations privées, la candidate a vu sa vie bouleversée. "Je suis allée jusqu’à porter plainte", a-t-elle précisé, soulignant la gravité des propos et l’atteinte à sa sécurité.
Des propos choquants : l’escalade de la violence numérique
La Big Bertha n’est malheureusement pas la seule à subir ce type de harcèlement. Lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Paris 2024, elle a participé à une scène artistique queer avec d’autres drag queens, notamment Piche et Nicky Doll. Cette performance, perçue à tort comme une parodie religieuse, a provoqué un tollé sur les réseaux sociaux.
Voici un tableau récapitulatif des types de violences numériques subies par les candidates :
Type de violence | Exemples rapportés | Conséquences |
---|---|---|
Menaces de mort | "Tu ne mérites pas d’exister", couteaux sur photos | Plainte déposée, stress post-traumatique |
Doxxing | Adresse personnelle divulguée | Peurs pour la sécurité familiale |
Insultes homophobes/grossophobes | Messages haineux sur l’apparence | Auto-censure, isolement |
Harcèlement massif multilingue | Messages reçus en plusieurs langues | Fatigue émotionnelle, désengagement en ligne |
Le soutien du public : une lumière au bout du tunnel
Malgré les épreuves, La Big Bertha a reçu une vague d’amour de la part de fans sincères. Certains témoignages l’ont profondément marquée :
- Des personnes en chimiothérapie lui confient que ses prestations les aident à traverser leurs traitements.
- Des témoignages de body positive : "Grâce à toi, j’accepte mon corps et j’ose aller à la plage".
- Des messages d’adolescents LGBTQIA+ qui trouvent en elle un modèle de force et de fierté.
"Je leur dis merci d’exister", conclut-elle, émue, en évoquant ces messages qui contrebalancent l’agressivité d’une minorité vocale.
Piche : une autre voix brisée par la haine
Autre figure marquante de cette saison : Piche. Présente lors de la cérémonie d’ouverture des JO, elle aussi a été victime de propos odieux. Interrogée par Claudia Tagbo, elle témoigne :
"Quand on reçoit des messages de gens qui prient pour que tu meures, que tu contractes le VIH, que tu ailles en enfer… c’est intense".
Malgré une personnalité rayonnante et un engagement artistique puissant, Piche n’a pas été épargnée. Sa résilience, elle la puise dans la fierté de son art et dans sa mission de représentation.
Les réseaux sociaux : terrain miné pour les artistes queer
Les plateformes numériques, bien qu’offrant une visibilité sans précédent, sont également devenues des vecteurs de haine. Pour les artistes drag, femmes trans, personnes non-binaires ou queer, le cyberharcèlement est un fléau persistant.
Les institutions médiatiques, les diffuseurs comme France 2 ou france.tv, et les associations de défense des droits LGBTQIA+ ont un rôle crucial à jouer. Voici quelques actions possibles :
- Modération renforcée des commentaires en ligne
- Accompagnement psychologique pour les participants
- Campagnes de sensibilisation à la cyberviolence
- Formation des communautés à la bienveillance numérique
Un message d'espoir : l’art comme résistance
Ce que La Big Bertha, Piche, Misty Phoenix ou encore Mami Watta rappellent au public, c’est que le drag n’est pas qu’un spectacle. C’est un acte politique, une expression de soi, une manière de briser les normes sociales et de célébrer la diversité.
Malgré les attaques, ces artistes refusent de se taire. Elles avancent, maquillées de courage, talons hauts de dignité, perruques de fierté.
"On veut juste les mêmes droits que les autres. Mais si c’était à refaire, je le referai", conclut Piche.
Drag Race France All Stars : un succès d’audience malgré la haine
Malgré la toxicité de certains commentaires, l’émission continue de rassembler un large public. Lors de sa diffusion entre 0h02 et 1h16, Drag Race France All Stars a attiré 342 000 téléspectateurs, soit 9,7 % de part d’audience chez les 4 ans et plus.
Un succès qui témoigne de l’intérêt croissant pour l’art du drag, sa profondeur émotionnelle, et son impact culturel. Un art qui dérange parfois, mais qui émeut toujours.
De la douleur naît la lumière
La participation de La Big Bertha et Piche à cette nouvelle saison de Drag Race France All Stars n’est pas seulement une performance artistique. C’est un acte de courage, de rébellion et de vie. Leur histoire rappelle que la visibilité a un prix, mais que ce prix peut servir à inspirer, à réveiller les consciences et à faire reculer la haine.
Dans un monde où les claviers peuvent blesser, ces queens prouvent qu’avec des talons, des larmes et de la résilience, on peut aussi guérir.
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