Introduction : une décision longuement mûrie
Le 20 Heures de TF1 a longtemps été considéré comme le trône le plus prestigieux du journalisme télévisé français. Y accéder, c’est entrer dans l’histoire. Mais en repartir, c’est parfois écrire une page moins glorieuse, plus intime, parfois douloureuse. Laurence Ferrari, aujourd’hui figure de proue de CNews, a accepté de revenir sans filtre sur les dessous de son départ de TF1 en 2012. Lors d’un entretien accordé à la journaliste Dominique Lagrou-Sempère sur sa chaîne YouTube "Entre vous et moi", elle livre une vérité bien plus complexe que les simples rumeurs de l’époque.
Un climat hostile dès le début
Nommée en 2008 pour succéder à Patrick Poivre d’Arvor, Laurence Ferrari n’a jamais caché qu’elle n’avait pas rêvé de ce poste. Propulsée malgré elle au cœur du système, elle confesse avoir été la cible d’un harcèlement médiatique incessant. "Les attaques à l’extérieur ont été permanentes. J’ai été sous la mitraille quotidiennement", confie-t-elle, évoquant une pression médiatique mais aussi interne difficilement soutenable.
Mais plus que les critiques extérieures, ce sont les trahisons en interne qui auront laissé les cicatrices les plus profondes. "Le pire, c’était de ne pas être soutenue à l’intérieur. D’avoir des collègues qui vous mettaient des couteaux dans le dos."
Un contexte pesant et destructeur
La journaliste décrit une ambiance délétère, faite de coups bas, de jalousies et d’un manque de solidarité criant. À cela s’ajoute une exposition médiatique décuplée. Les paparazzi s’immiscent dans sa vie privée à un niveau qu’elle juge "inimaginable".
"À un moment, j’ai dit : 'Le prix à payer est trop lourd'. Ça impacte trop ma vie personnelle", explique-t-elle.
Bien qu’elle soit fière de certaines réussites journalistiques à TF1, notamment via la création d’une cellule d’investigation performante, elle préfère préserver son équilibre. Sa liberté personnelle devient prioritaire.
Tableau récapitulatif : les facteurs du départ de Laurence Ferrari
Facteur | Description |
---|---|
Pressions médiatiques externes | Attaques permanentes, critiques récurrentes dans la presse. |
Manque de soutien en interne | Absence de solidarité, trahisons au sein même de la rédaction de TF1. |
Intrusion dans la vie privée | Harcèlement par les paparazzi, atteinte à la vie personnelle. |
Déception humaine | Perte de confiance envers certains collègues, isolement professionnel. |
Réorientation de carrière | Volonté de retrouver de la liberté et un espace d’expression adapté. |
Une nouvelle vie sur CNews : un virage assumé
Depuis son départ de TF1, Laurence Ferrari s’est réinventée. Présentatrice de l’émission Punchline, elle est aussi présidente du Journal du Dimanche et du JDNews, tous deux intégrés au giron Bolloré. Elle affirme avoir enfin trouvé sa place dans un média où elle peut "délivrer de l’information" plutôt que "faire de l’information", selon ses propres mots.
Mais ce repositionnement n’est pas sans susciter des interrogations. Dans un portrait publié par Télérama en 2024, plusieurs proches expriment leur incompréhension face à ce virage. Michel Drucker la qualifie "d’énigme". Hapsatou Sy, ex-collègue sur D8, se dit "déçue", allant jusqu’à affirmer que Ferrari a été "contaminée par le virus CNews".
Une femme droite dans ses bottes
Laurence Ferrari balaie les critiques. Elle affirme ne plus lire ce qui s’écrit sur elle depuis qu’elle a quitté TF1. Elle assume son positionnement, ses choix, et surtout la volonté de préserver ce qu’elle considère comme essentiel : son équilibre.
"Je n’ai jamais fait ce métier pour être aimée", conclut-elle avec fermeté. "Je le fais pour délivrer de l’information."
Conclusion : entre courage et convictions
Le départ de Laurence Ferrari de TF1 en 2012 fut bien plus qu’un simple changement de chaîne. C’était un acte de rupture avec un système dans lequel elle ne se reconnaissait plus. Aujourd’hui, son parcours est à la fois une leçon de résilience et un témoignage fort sur les violences silencieuses dans les hautes sphères médiatiques. Si certains regrettent son évolution, elle, ne semble nourrir aucun remord.
Son récit offre un rare moment de lucidité sur les coulisses de l’information à la télévision, où la solitude peut parfois se révéler plus violente que la critique. Laurence Ferrari, qu’on l’apprécie ou non, continue d’écrire sa propre histoire, en dehors des sentiers battus.