Le paysage audiovisuel français connaît en cette rentrée un profond renouvellement. Parmi les bouleversements les plus notables figure le départ de Benjamin Duhamel de BFMTV. Le journaliste politique rejoint France Inter, une décision qui suscite de vives réactions, y compris en interne chez son ancien employeur. Retour sur un mouvement stratégique qui ne fait pas l’unanimité.

Un changement de cap pour Benjamin Duhamel

Le journaliste de 30 ans, figure montante de l’information politique, a officialisé son départ de BFMTV lors de sa dernière apparition sur le plateau de Duel du Dimanche, le 13 juillet 2025. Benjamin Duhamel, issu d’une lignée prestigieuse du journalisme – fils de Patrice Duhamel et Nathalie Saint-Cricq – quitte la chaîne d'information en continu après six années d'engagement professionnel.

Il intègre dès la rentrée prochaine France Inter, où il prendra en main l’interview politique de 7h50, une vitrine stratégique dans le paysage radiophonique national. Il coanimera également le Grand Entretien aux côtés de Nicolas Demorand, consolidant ainsi sa position dans les médias généralistes.

Un départ qui n’a pas fait l’unanimité chez BFMTV

Si l’annonce de ce changement a été saluée par certains comme un tournant prometteur, elle n’a pas été accueillie avec la même ferveur dans les couloirs de BFMTV. Un fait en particulier alimente les conversations : l’absence remarquée de Fabien Namias, directeur général de la chaîne, lors du pot de départ de Benjamin Duhamel.

Selon La Lettre de l’Audiovisuel, publiée le 21 juillet 2025, cette absence serait révélatrice d’un désaccord profond. Le directeur général aurait mal digéré le départ de son journaliste vedette, considéré comme l’un des piliers de la rédaction politique.

La fragilité interne de BFMTV amplifiée par les départs

Depuis le rachat du groupe Altice Media (propriétaire de BFMTV et RMC) par CMA CGM en 2024 – entreprise détenue par Rodolphe Saadé – la chaîne connaît une série de départs. Ces mouvements traduisent un climat incertain, où plusieurs figures de la rédaction remettent en question leur avenir au sein du groupe.

Le tableau ci-dessous récapitule les départs marquants survenus ces derniers mois :

Une opportunité rêvée pour Benjamin Duhamel

Interrogé par Le Parisien, Benjamin Duhamel a tenu à justifier son choix : « Ce n’était pas une décision facile, mais il était impossible pour moi de refuser une telle opportunité. La matinale d’Inter représente un rêve d’enfant. »

Il ajoute : « Je pense que la direction de BFMTV a compris qu’il s’agissait d’une proposition difficile à décliner. Il n’y a aucun ressentiment, simplement l’envie d’explorer de nouveaux horizons. »

Des réactions contrastées dans le monde des médias

Le départ de Benjamin Duhamel s'inscrit dans une série de bouleversements au sein du paysage audiovisuel français, également marqué par l’éviction de Laurence Boccolini des Enfants de la Télé ou encore le départ d’Anne-Sophie Lapix du Journal de 20h de France 2.

Ces changements traduisent une volonté de renouvellement éditorial et une redistribution des cartes au sein du PAF (Paysage Audiovisuel Français). Cependant, ils laissent place à des incertitudes et parfois à des crispations internes, comme en témoigne le cas Duhamel.

Quel avenir pour la rédaction politique de BFMTV ?

La chaîne d’information se trouve désormais confrontée à un défi de taille : restructurer son pôle politique sans l’une de ses figures les plus emblématiques. Plusieurs noms circulent pour reprendre le créneau politique stratégique, mais aucune annonce officielle n’a encore été faite.

Dans les coulisses, certains collaborateurs regrettent un départ précipité, tandis que d'autres y voient une opportunité de renouvellement. Une chose est sûre : le départ de Duhamel oblige la chaîne à se repositionner rapidement pour conserver son influence dans le débat politique télévisé.

France Inter, une maison en pleine expansion

Du côté de France Inter, l’arrivée de Benjamin Duhamel s’inscrit dans une stratégie assumée de renforcement éditorial. La matinale, pilier d’audience, cherche à consolider son leadership face à une concurrence toujours plus vive (Franceinfo, RTL, Europe 1).

Le recrutement de profils expérimentés et reconnus comme Duhamel, conjugué à une ligne éditoriale rigoureuse, confère à la station publique un avantage certain en matière de crédibilité journalistique et de rigueur professionnelle.

Un tournant médiatique à suivre de près

Le transfert de Benjamin Duhamel constitue bien plus qu’un simple changement de poste. Il symbolise une recomposition profonde des forces en présence dans les médias français. Entre ambitions personnelles, tensions internes et stratégies éditoriales, ce départ met en lumière les défis qui attendent tant BFMTV que France Inter.

Alors que la rentrée médiatique s’annonce riche en rebondissements, le parcours de Benjamin Duhamel sera observé avec attention par les professionnels du secteur, mais aussi par les téléspectateurs et auditeurs curieux d’un journalisme politique en pleine mutation.