Fils et fille du célèbre chanteur Bertrand Cantat et de la regrettée Krisztina Rády, Milo et Alice Cantat ont grandi dans l’ombre d’un drame médiatisé. Aujourd’hui adultes, ils tracent des chemins artistiques bien à eux, loin du tumulte public, entre création musicale et exploration de la santé mentale.

Une enfance marquée par un drame familial

En janvier 2010, Krisztina Rády, écrivaine et directrice culturelle, met tragiquement fin à ses jours à son domicile. Elle laisse derrière elle deux enfants : Milo, âgé de 12 ans à l'époque, et Alice, alors âgée de seulement 7 ans. Ce drame, survenu dans un contexte médiatique déjà complexe pour la famille, marquera profondément leur développement personnel.

Selon plusieurs sources, c’est Milo lui-même qui aurait découvert sa mère pendue, un événement traumatique qu’il évoquera plus tard à demi-mot à travers son art. Bertrand Cantat, leur père et ancien leader du groupe Noir Désir, a toujours tenté de maintenir ses enfants loin de la pression médiatique.

Une visibilité limitée dans les médias

Malgré la forte médiatisation de l’affaire autour de la mort de Marie Trintignant, puis de Krisztina Rády, les enfants Cantat sont restés en retrait. Le documentaire « De rock star à tueur : le cas Cantat », diffusé récemment, les évoque brièvement, soulignant leur volonté de discrétion.

Aujourd’hui âgés respectivement de 27 ans (Milo) et 22 ans (Alice), ils poursuivent chacun une voie artistique empreinte de réflexion, de pudeur et d’introspection, en écho aux héritages complexes de leurs parents.

Milo Cantat : un rappeur en quête d’identité artistique

Milo, sous le pseudonyme Mylaw, s’illustre dans le milieu du rap. En 2019, il sort un EP en collaboration avec deux autres artistes, Muninn et Jemon. Son univers musical, influencé par des sonorités introspectives, reflète un travail identitaire et personnel.

Son compte Instagram, suivi par environ 900 abonnés, témoigne d’un engagement mesuré sur les réseaux sociaux. Milo ne cherche pas la viralité, mais plutôt à cultiver une expression sincère. Son style musical évoque une mélancolie urbaine, empreinte de poésie sombre et de réalités personnelles.

Alice Cantat : de l’anthropologie à l’engagement pour la santé mentale

Alice, quant à elle, est décrite comme passionnée par les sciences humaines. Selon Paris Match, elle serait à l’initiative du projet « Ponts et Passages », une plateforme dédiée aux jeunes photographes. Elle y mêle esthétique visuelle et expression personnelle, dans une démarche résolument introspective.

Le site Lejournaltech.fr rapporte que son compte personnel, volontairement pseudonyme, partage avec parcimonie des clichés empreints de poésie : scènes urbaines à Budapest, brumes sur la Garonne, détails de vernissages confidentiels. Alice privilégie une approche sensible et artistique, loin des publications personnelles fréquentes sur les réseaux traditionnels.

Une approche thérapeutique par l’art : le projet « Art & Esprit »

Fidèle à l’héritage artistique de sa mère, directrice de l’Institut hongrois de Paris, Alice organise des retraites créatives baptisées « Art & Esprit ». Ces ateliers allient photographie, marche en nature et expression thérapeutique. L’objectif est clair : favoriser le bien-être psychique, briser les tabous liés à la santé mentale et recréer du lien social.

Ce projet, qui réunit de jeunes adultes autour de thématiques sensibles, participe à une déstigmatisation des troubles psychologiques, tout en proposant une expression artistique comme exutoire. Une démarche saluée dans les milieux éducatifs et thérapeutiques.

L’héritage émotionnel et culturel de Krisztina Rády

Krisztina Rády, intellectuelle engagée et figure respectée du milieu culturel franco-hongrois, a marqué ses enfants de sa sensibilité artistique. Dans sa dernière lettre, elle mentionne tendrement Milo et Alice, qu’elle qualifie d’« amours de sa vie » :

« Je m'excuse auprès de mes enfants, Milo et Alice, Alice et Milo que j'aime le plus au monde. Eux seuls [...] connaissent ma vie. »

Ce message, empreint de douleur et d’amour, a profondément marqué les proches et continue d’alimenter les réflexions autour de son parcours et de celui de ses enfants.

Un avenir façonné dans la discrétion

Ni Milo ni Alice n’ont souhaité embrasser la notoriété qui accompagne le nom Cantat. Leur trajectoire témoigne d’une volonté de reconstruire une identité propre, affranchie des drames familiaux. Chacun, à sa manière, incarne un prolongement pudique et digne de l’héritage parental.

Si Milo s’exprime à travers le verbe et la musique, Alice préfère la lenteur de l’image et l’espace du soin. Tous deux semblent portés par une même ambition : créer du sens, réparer par l’art, et préserver une forme d’humanité dans un monde trop souvent bruyant.

Des artistes engagés, entre héritage et reconstruction

Le parcours de Milo et Alice Cantat illustre la capacité de résilience de deux enfants marqués par une histoire familiale douloureuse. En choisissant l’art comme voie d’expression, ils proposent une forme de réparation silencieuse. Ils s’inscrivent ainsi dans une tradition d’engagement artistique, portée par l’intelligence émotionnelle, la mémoire, et le désir d’agir.

Entre musique, photographie et action sociale, ces deux jeunes adultes tracent leur propre chemin, loin des projecteurs, mais riches de sens et de substance.