Le 24 juillet 2025, Prisma Media a officialisé son entrée en négociation exclusive avec CMI France pour l’acquisition de deux titres emblématiques de la presse people française : Ici Paris et France Dimanche. Cette opération, si elle aboutit, viendrait renforcer un pôle « divertissement » en pleine reconstruction au sein du groupe détenu par Vincent Bolloré. Dans un contexte de mutations éditoriales et économiques, ce rachat revêt une portée stratégique majeure.
Retour sur une histoire mouvementée entre Prisma et la presse people
En 2023, Prisma Media s’était vu contraint de céder le magazine Gala au Groupe Figaro, afin de satisfaire les conditions imposées par la Commission européenne lors de l’OPA de Vivendi sur Lagardère. Cette décision visait à éviter une concentration excessive de titres people entre les mains de Vincent Bolloré. À l’époque, Prisma détenait déjà Voici, tandis que Lagardère contrôlait Paris Match.
Ironie du sort, Paris Match a été cédé en 2024 à LVMH, un an après la vente de Gala, privant Prisma de son duo stratégique. Résultat : un affaiblissement de sa présence dans la presse people, désormais en phase de reconstruction.
Un rachat pour relancer un pôle « divertissement »
La cession de Ici Paris et France Dimanche par CMI France apparaît comme une opportunité pour Prisma Media de reformer un pôle solide, autour de Voici. L’objectif annoncé est de développer ces titres bien au-delà de leur version imprimée, en misant sur des synergies éditoriales et numériques. La présidente Claire Léost, ancienne dirigeante de CMI France, est idéalement placée pour piloter cette transition.
Performances des hebdomadaires concernés en 2024
Les chiffres de diffusion attestent de la complémentarité des trois titres.
Titre | Diffusion France payée (2024) | Évolution annuelle |
---|---|---|
Ici Paris | 152.377 ex. | -11,11% |
Voici | 145.406 ex. | -15,15% |
France Dimanche | 136.192 ex. | -11,44% |
En cumulé, ces trois hebdomadaires représentent près de 434.000 exemplaires vendus, soit un poids similaire à celui de Paris Match (436.052 exemplaires), qui affichait une baisse modérée de 3,03 %.
CMI France : un recentrage stratégique en cours
Pour CMI France, cette cession s’inscrit dans une volonté de restructuration éditoriale. Le groupe dirigé par Daniel Kretinsky a récemment investi la télévision avec le lancement de la chaîne T18, tout en réorientant son portefeuille autour de marques dites « plus cohérentes ». Cette stratégie inclut la vente de Public, le lancement des titres Franc-tireur et Vieux, ainsi qu’un renoncement à la vente du magazine Marianne.
État des lieux de la stratégie de CMI France
Action | Année | Objectif |
---|---|---|
Lancement de T18 | 2025 | Présence en télévision |
Vente de Public | 2023 | Alléger le portefeuille presse people |
Création de Franc-tireur / Vieux | 2024 | Positionnement éditorial alternatif |
Abandon de la vente de Marianne | 2025 | Maintien d’un titre politique structurant |
Un repositionnement assumé par les deux groupes
Les deux groupes affirment, dans un communiqué conjoint, que l’opération de cession est soumise à la poursuite des négociations et à l’information-consultation des instances représentatives du personnel. La finalisation est attendue pour le second semestre 2025.
Claire Léost, une architecte stratégique au cœur du projet
À la tête de Prisma Media, Claire Léost entend mettre à profit sa parfaite connaissance des deux titres pour en exploiter pleinement le potentiel. Son objectif est clair : bâtir un pôle people ambitieux en croisant expertises rédactionnelles, stratégie numérique et modèle économique renouvelé. Elle souhaite faire évoluer ces titres au-delà de l’impression papier, dans un univers médiatique hybride en constante mutation.
Vers une recomposition du paysage de la presse people
Avec ce projet de rachat, Prisma Media pourrait retrouver une position dominante dans la presse people, en s’appuyant sur des marques fortes et identifiées du grand public. En parallèle, CMI France poursuit son repositionnement vers des supports audiovisuels et thématiques. Cette recomposition structurelle pourrait bien redessiner durablement les contours de la presse magazine française à l’horizon 2026.
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