Le célèbre festival Rock en Seine, rendez-vous incontournable des amateurs de musique en France, est au cœur d’une tempête médiatique. En cause : la présence annoncée du groupe nord-irlandais Kneecap, connu pour ses positions politiques très tranchées. La situation a pris une telle ampleur qu’elle a conduit la ville de Saint-Cloud, qui accueille l’événement, à retirer sa subvention de 40 000 euros. Un geste fort qui relance le débat sur les liens entre musique, liberté d’expression et politique.

Kneecap : un groupe controversé qui enflamme les débats

Encore discret sur la scène internationale il y a quelques mois, le groupe Kneecap s’est imposé dans l’actualité, mais pour des raisons qui dépassent la musique. Originaire d’Irlande du Nord, ce trio de rappeurs s’est forgé une réputation sulfureuse en multipliant les prises de position en faveur de la cause palestinienne, allant parfois jusqu’à susciter des accusations d’apologie du terrorisme.

Parmi les incidents les plus marquants, on retient le geste de Mo Chara, l’un des membres, qui a brandi un drapeau du Hezbollah en plein concert, un acte qui lui a valu d’être poursuivi pour « offense terroriste ». Un autre rappeur du groupe aurait même appelé à la violence contre des députés conservateurs britanniques, ce qui a alimenté la polémique et accentué les pressions autour de leurs concerts.

Des polémiques qui dépassent les frontières

Ces controverses n’ont pas empêché le groupe de rester programmé sur des scènes prestigieuses comme Glastonbury en juin dernier. La présence de Kneecap au célèbre festival britannique a été maintenue malgré une vague d’indignation et la mise en place de sanctions, notamment l’interdiction de leurs affiches dans le métro londonien. Aujourd’hui, c’est en France que la controverse se déplace avec leur programmation à Rock en Seine.

Une décision forte : Saint-Cloud retire son soutien financier

L’annonce de la venue de Kneecap à Rock en Seine, prévu du 20 au 24 août 2025, a provoqué une réaction immédiate du maire de Saint-Cloud, Éric Berdoati. Ce dernier a déclaré retirer la subvention municipale de 40 000 € allouée au festival. En cause : le refus de financer un événement susceptible d’accueillir des artistes accusés de discours haineux ou d’incitation à la violence.

Voici les propos tenus par l’édile : « [La Ville de Saint-Cloud] ne finance pas d’action, ni de revendications politiques et encore moins des incitations à la violence, comme peuvent l'être des appels à tuer des parlementaires, quelle que soit leur nationalité ».

Impact de la suppression de la subvention

Selon les organisateurs, cette coupe budgétaire ne devrait pas compromettre la bonne tenue du festival, dont le budget total s’élève à près de 17 millions d’euros. Matthieu Ducos, directeur de Rock en Seine, a rappelé que la programmation de Kneecap avait été décidée bien avant les polémiques : « Quand nous les avons programmés à l’automne dernier, ils ne faisaient parler d’eux que pour des raisons musicales ». Il souligne également que leur prestation aux Eurockéennes s’est déroulée sans incident.

Un soutien politique déjà fragilisé

La décision du maire de Saint-Cloud fait écho à une demande antérieure formulée par Valérie Pécresse, présidente de la région Île-de-France, qui avait appelé à la déprogrammation de Kneecap, évoquant leurs poursuites judiciaires au Royaume-Uni pour apologie du terrorisme.

Cette situation place les organisateurs dans une position délicate, entre défense de la liberté artistique et gestion des pressions politiques. À noter que Rock en Seine a récemment essuyé un autre revers : la défection de l’une de ses têtes d’affiche, A$AP Rocky, remplacé par Kid Cudi.

Rock en Seine 2025 : une programmation éclectique malgré la polémique

Malgré la controverse, Rock en Seine reste fidèle à sa réputation d’événement majeur avec une affiche impressionnante. Aux côtés de Kneecap, les festivaliers pourront applaudir des groupes mondialement connus tels que :

• Queens of the Stone Age
• Fontaines D.C.
• Last Train
• Kid Cudi

Ces artistes offriront une programmation riche mêlant rock, rap et sonorités alternatives pour satisfaire un public varié.

Liberté artistique vs responsabilité sociale : un débat relancé

La polémique Kneecap soulève une question plus large : jusqu’où la liberté artistique peut-elle s’étendre lorsque des propos tenus par des artistes franchissent la ligne rouge pour certains ? Si le festival défend une programmation libre, les pouvoirs publics rappellent leur rôle dans la prévention des discours haineux et des incitations à la violence.

Les organisateurs assurent que la sécurité sera renforcée et que le concert se déroulera dans le respect des lois françaises. Reste à savoir si cette controverse impactera l’image du festival ou, paradoxalement, lui donnera encore plus de visibilité.

Rock en Seine tiendra-t-il son pari ?

Entre la suppression d’une subvention municipale, les pressions politiques et les débats sur la liberté artistique, Rock en Seine 2025 s’annonce comme l’une des éditions les plus surveillées de son histoire. L’événement, qui rassemble chaque année des dizaines de milliers de spectateurs, devra prouver qu’il peut concilier diversité musicale et respect des valeurs républicaines. Rendez-vous fin août pour savoir si le pari sera tenu.