Une polémique entre amis sur fond de nostalgie télévisuelle
Le duo culte de la télévision française des années 2000 fait à nouveau parler de lui. Thierry Ardisson et Laurent Baffie, inséparables complices de l’émission Tout le monde en parle, se retrouvent au cœur d’une séquence médiatique inattendue. En cause : les excuses formulées récemment par Laurent Baffie au sujet de certaines de ses blagues, jugées aujourd’hui déplacées, voire sexistes, lors de l'émission diffusée entre 1998 et 2006 sur France 2. Un mea culpa qui n’a pas vraiment plu à Thierry Ardisson, qui assume toujours pleinement l’esprit irrévérencieux du talk-show culte. Décryptage d’un désaccord public entre deux figures emblématiques du PAF.
🎭 “Tout le monde en parle” : un OVNI cathodique
Pour bien comprendre l’ampleur de ce débat, il faut se replonger dans le contexte de l’époque. Tout le monde en parlen’était pas un simple talk-show. Créée par Thierry Ardisson, l’émission du samedi soir était un espace de liberté absolue où toutes les figures publiques – politiques, artistes, people ou anonymes – pouvaient se confronter à des interviews provocantes, des débats musclés, et surtout à l'humour acide de Laurent Baffie, surnommé à juste titre "le sniper".
Le duo Ardisson-Baffie faisait mouche par sa complémentarité : l’un posait des questions sans filtre, souvent très personnelles, pendant que l’autre dégainait des vannes qui frôlaient (et dépassaient souvent) les limites. Un tandem devenu légendaire… mais aussi controversé.
🤐 Le mea culpa de Baffie : “On était sexistes, machistes et cons”
Invité récemment dans l’émission Quelle époque ! animée par Léa Salamé, Laurent Baffie a surpris en reconnaissant certains excès. L’humoriste, aujourd’hui âgé de 65 ans, a confié ressentir des regrets à propos de certaines blagues, en particulier celles visant des chanteuses qualifiées de “proies faibles”.
“Quand je revois certaines compilations, je me rends compte qu’on allait trop loin. C’était une autre époque, on se permettait des choses qu’on ne referait plus aujourd’hui. On était sexistes, machistes, et cons.”
Une prise de conscience saluée par certains, dans un contexte médiatique plus sensible à la question du sexisme, du respect des personnes et de l’impact des paroles publiques.
🗣️ Ardisson réplique : “Je ne suis ni con ni machiste”
Interrogé par TV Mag, Thierry Ardisson n’a pas tardé à réagir aux propos de son ancien acolyte. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il n’a pas apprécié d’être embarqué dans ce mea culpa collectif :
“Déjà, il fait une faute de français. On ne dit pas ‘je m’excuse’ mais ‘je vous prie de m’excuser’. Ensuite, s’il veut s’excuser, c’est son problème. Moi je ne m’excuse pas.”
Mais c’est surtout une phrase précise qui a fait tiquer l’homme en noir :
“Quand il dit : ‘Avec Ardisson, on était cons et machistes’, je ne suis pas d’accord. Moi, je ne suis ni con, ni machiste. Il n’a pas à m’embarquer là-dedans.”
Thierry Ardisson affirme même avoir envoyé un texto à Laurent Baffie pour lui demander de ne parler que de lui, et non du duo. Baffie, selon ses dires, s’est excusé immédiatement par message.
📚 Pas de rupture, mais un désaccord de fond
Malgré cette sortie un peu sèche, Thierry Ardisson assure qu’il n’est pas fâché avec Laurent Baffie. Dans son prochain livre intitulé L’Homme en Noir (sortie prévue le 7 mai aux éditions Plon), l’animateur consacre même “dix pages élogieuses” à son ancien sniper.
Il précise également :
“Ce livre est aussi l’occasion de répondre aux critiques de certaines starlettes, choquées 25 ans après par les questions que je leur ai posées à l’époque. C’est comme si on jugeait le Moyen-Âge avec les yeux d’aujourd’hui.”
Pour Ardisson, pas question de renier le ton de ses émissions passées. Il assume l’esprit de provocation de l’époque, qu’il considère comme le reflet d’une société différente. Une posture de fidélité à sa ligne éditoriale, qu’il défend depuis toujours.
📺 Une télévision qui ne serait plus possible aujourd’hui ?
Le débat soulevé par cette passe d’armes dépasse le simple cas Ardisson/Baffie. Il interroge le rapport que les figures de l’audiovisuel entretiennent avec leur propre passé. Peut-on encore rire de tout ? Faut-il s’excuser pour les propos tenus il y a vingt ans ? Le paysage médiatique a profondément changé. Aujourd’hui, la sensibilité du public et l’éveil aux problématiques sociales comme le sexisme, le racisme ou la grossophobie imposent une vigilance plus accrue. Les réseaux sociaux sont devenus des tribunaux publics où les moindres archives peuvent resurgir.
À ce titre, Tout le monde en parle apparaîtrait aujourd’hui comme un programme intenable. L’irrévérence qu’on lui connaissait serait sans doute mal reçue par une génération plus soucieuse du respect et de l’inclusivité.
🎂 30 ans de “Paris Dernière” : Ardisson fidèle à lui-même
Pendant ce temps, Thierry Ardisson continue de célébrer ses grandes années télé. Après les 20 ans de Faubourg Saint-Honoré, c’est Paris Dernière qui fête ses 30 ans sur Paris Première. À cette occasion, l’animateur va refaire le parcours mythique dans les rues de Paris, dans un numéro inédit, suivi d’un best-of. Une façon de raviver une époque où la télévision osait plus, parfois trop, mais laissait une trace forte dans l’imaginaire collectif.
🎤 Le respect de la nuance : une nécessité
Dans cette séquence médiatique, il est essentiel de nuancer. Laurent Baffie ne renie pas toute son œuvre, mais exprime des regrets personnels sur certains propos. Thierry Ardisson, lui, refuse de s’excuser pour ce qu’il considère comme un exercice de style ancré dans une époque. Leurs positions ne sont pas incompatibles : elles traduisent simplement des trajectoires différentes, des sensibilités distinctes face au passé.
🔚 Conclusion : deux visions, un héritage commun
Le duo Baffie/Ardisson restera gravé dans l’histoire de la télévision française. Même s’ils ne sont plus sur la même longueur d’onde aujourd’hui, leur complicité passée a marqué une génération. Les désaccords actuels ne font que souligner l’importance de leur héritage commun, tout en mettant en lumière les transformations profondes de notre rapport aux médias et à l’humour.
Le débat entre excuses et assumation n’est pas près de s’éteindre. Mais il prouve une chose : Tout le monde en parle… encore.