Transphobie en ligne : Brigitte Macron victime de rumeurs, ses harceleuses relaxées

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Depuis plusieurs années, Brigitte Macron, épouse du président Emmanuel Macron, est la cible d’une campagne orchestrée de désinformation fondée sur une théorie transphobe. À travers ce que les milieux complotistes appellent la “transvestigation”, de nombreuses figures féminines publiques voient leur genre remis en cause sur la base de supposées “analyses” biométriques ou comportementales. Une pratique virulente, largement répandue aux États-Unis, qui s’est insidieusement installée en France par l’intermédiaire des réseaux sociaux.

Dans le cas de Brigitte Macron, les instigateurs de cette rumeur affirment qu’elle serait en réalité un homme ayant transitionné, et que son frère, Jean-Michel Trogneux, aurait pris son identité. Une théorie grotesque, mais virale, diffusée dans une vidéo de plus de quatre heures sur YouTube, partagée massivement par les sphères d’extrême droite françaises et étrangères.

 

Des personnalités féminines ciblées : une mécanique sexiste et transphobe

Brigitte Macron n’est pas la seule femme visée par ce type de harcèlement. Des célébrités internationales telles que Sarah Michelle Gellar ou encore Kate Middleton ont elles aussi été victimes de “transvestigation”, illustrant le caractère profondément misogyne et transphobe de cette dynamique en ligne.

Plus récemment, la boxeuse algérienne Imane Khelif a elle aussi été la cible de rumeurs virulentes. Accusée sans fondement d’être un homme, elle a subi un cyberharcèlement massif, orchestré par des internautes issus de différents pays : France, Italie, Royaume-Uni, et États-Unis. La situation a été aggravée par le relais de ces accusations par certaines personnalités médiatiques, y compris J.K. Rowling, dont les propos ont été jugés blessants et transphobes par de nombreuses associations.

 

La relaxe des harceleuses de Brigitte Macron : une décision controversée

Deux femmes, identifiées comme à l’origine de la diffusion des fake news concernant Brigitte Macron, avaient été condamnées en première instance à une amende avec sursis de 500 € chacune, assortie d’une obligation de verser 8 000 € de dommages et intérêts à Brigitte Macron et 5 000 € à son frère Jean-Michel Trogneux. Pourtant, en appel, la cour a renversé cette décision, estimant que leurs propos relevaient de la liberté d’expression.

Cette relaxe, rendue publique en juillet 2025, a immédiatement suscité de vives réactions, notamment de la part de collectifs féministes, LGBTQIA+, et d’experts du droit numérique. Beaucoup y voient un précédent dangereux qui pourrait encourager la banalisation des discours transphobes sur Internet.

 

Une impunité inquiétante face à la transphobie en ligne

La “transvestigation”, qui constitue une attaque à la fois sexiste et transphobe, reste largement impunie. Ce phénomène s’inscrit dans un cadre plus global de cyberharcèlement, souvent perpétré par des comptes anonymes, organisés en réseaux. Dans ce contexte, les victimes se retrouvent souvent démunies face à l’ampleur des attaques et à la lenteur des procédures judiciaires.

La transphobie est aujourd’hui encore peu réprimée en France, malgré une législation qui encadre les discours de haine. Le flou juridique autour de ce type de harcèlement numérique favorise un climat d’impunité, où les auteurs de fausses accusations peuvent continuer à s’exprimer sans véritable conséquence judiciaire.

 

Une stratégie politique de décrédibilisation

Derrière ces rumeurs, c’est aussi une volonté politique de nuire qui se profile. Le recours à des théories transphobes pour attaquer la première dame traduit une stratégie de délégitimation du couple présidentiel, typique des mouvements populistes et réactionnaires.

En associant Brigitte Macron à des allégations infondées, leurs auteurs cherchent à alimenter le discrédit, à susciter le doute, et à polariser davantage l’opinion publique autour de sujets sensibles. Ce procédé de manipulation repose sur la viralité des réseaux sociaux, dont les algorithmes favorisent l’engagement émotionnel plutôt que la véracité.

 

Le rôle des réseaux sociaux dans la diffusion de la transphobie

Les plateformes sociales telles que YouTube, Twitter (désormais X), Facebook et Telegram jouent un rôle central dans la propagation des discours haineux. Les contenus transphobes bénéficient parfois d’une tolérance algorithmique, tant qu’ils génèrent du trafic, posant ainsi une question éthique fondamentale aux géants du numérique.

Voici un aperçu des principales plateformes impliquées dans la diffusion de la rumeur Brigitte Macron et leurs niveaux de modération perçus :

Plateforme Niveau de viralité des rumeurs Modération effective
YouTube Élevé Partielle
Twitter / X Très élevé Faible
Facebook Moyen Variable
Telegram Élevé Quasi inexistante

 

Vers une meilleure reconnaissance juridique de la transphobie ?

Malgré les nombreuses interpellations d’associations et d’élus, la France reste en retrait par rapport à d’autres pays européens en matière de lutte contre la transphobie. L’absence de lois spécifiques criminalisant les discours transphobes rend complexe la poursuite judiciaire de ces délits.

Plusieurs collectifs militent pour l’adoption de dispositions claires dans le code pénal, permettant de reconnaître la transphobie au même titre que le racisme ou l’antisémitisme. Cette reconnaissance permettrait de mieux protéger les victimes et de renforcer les actions de justice face aux discours de haine.

 

Une affaire symptomatique d’un malaise plus profond

Le cas de Brigitte Macron est révélateur d’un problème structurel plus large : la résurgence de discours transphobes dans l’espace public. À l’heure où les personnes transgenres continuent de subir discriminations, violences et précarité, la diffusion massive de rumeurs infondées à leur sujet contribue à alimenter un climat de défiance et d’exclusion.

En s’attaquant à une figure aussi médiatique que la Première Dame, les auteurs de cette “transvestigation” ont contribué à légitimer un discours dangereux et humiliant, qui peut avoir des conséquences graves sur les individus moins protégés par la notoriété.

 

Une alerte démocratique et éthique

La relaxe des harceleuses de Brigitte Macron interpelle sur l’état de la lutte contre les discours de haine en France. Ce jugement envoie un signal ambigu, voire inquiétant, quant à la capacité des institutions à protéger les victimes de cyberviolences et à endiguer la montée de la transphobie en ligne.

Plus que jamais, il est nécessaire de renforcer la législation, les moyens de justice, et l’éducation aux médias pour faire face aux manipulations numériques. Dans un monde où la frontière entre liberté d’expression et incitation à la haine devient de plus en plus floue, il appartient à chacun – citoyens, journalistes, juges, décideurs politiques – de refuser la banalisation de l’inacceptable.

Rédacteur
Julien
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Passionné d'actualité musicale et télévisuelle. Je décrypte les tendances musicales et les grands temps forts de la télévision française.

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