En 2004, Bertrand Cantat, ex-leader du groupe de rock Noir Désir, est condamné par la justice lituanienne à huit années d’emprisonnement pour avoir causé la mort de sa compagne, l’actrice Marie Trintignant, dans un hôtel de Vilnius. La qualification retenue était celle de « meurtre commis en cas d’intention indirecte indéterminée ». Cantat avait purgé sa peine et retrouvé la liberté en 2010, année également marquée par un second drame : le suicide de son ex-femme, Krisztina Rády.

Réouverture de l'enquête : une décision judiciaire lourde de sens

Le 23 juillet 2025, le parquet de Bordeaux a officiellement rouvert l’enquête sur les circonstances entourant la mort de Krisztina Rády. Mère des deux enfants de Cantat, Milo (né en 1997) et Alice (née en 2002), Krisztina s’est pendue à son domicile bordelais en 2010. Bertrand Cantat se trouvait alors sous le même toit. Initialement classé en 2018, le dossier est désormais réexaminé dans le cadre d'une enquête préliminaire pour violences volontaires par conjoint.

Une démarche influencée par le documentaire "Le Cas Cantat"

Cette décision survient quatre mois après la diffusion du documentaire Netflix "De rockstar à tueur : le cas Cantat", coréalisé par Anne-Sophie Jahn, Nicolas Lartigue, Zoé de Bussierre et Karine Dusfour. Ce film-choc a mis en lumière non seulement les faits tragiques liés à Marie Trintignant, mais aussi le vécu de Krisztina Rády, jusqu’alors peu médiatisé. Le documentaire a suscité un vif émoi et contribué à une relecture sociétale du parcours de Bertrand Cantat à l’aune du mouvement #MeToo et des luttes contre les féminicides.

Le rôle central du parquet général de Bordeaux

Le procureur général Éric Corbaux, récemment nommé à la cour d’appel de Bordeaux, joue un rôle moteur dans cette relance judiciaire. Connu pour sa ferme implication dans la lutte contre les violences intrafamiliales, il a rassemblé tous les éléments de la procédure classée en 2018. Ce choix s'inscrit dans une volonté affirmée de revisiter les faits à la lumière de nouvelles données et de potentielles autres victimes.

Chronologie des événements majeurs liés à l'affaire

Répercussions médiatiques et sociétales

La médiatisation de l'affaire Cantat, relancée par Netflix, a profondément résonné dans l’opinion publique. La figure autrefois adulée de la scène musicale française est désormais scrutée avec un regard critique, façonné par une prise de conscience collective des mécanismes de domination et de violences conjugales. La relance judiciaire marque également un tournant dans le traitement des dossiers anciens à forte portée émotionnelle et symbolique.

Implications judiciaires futures

Si la réouverture de l’enquête ne préjuge en rien d’une future mise en examen de Bertrand Cantat, elle témoigne d’un changement d’approche de la justice face à des faits de violence conjugale présumée. Les enquêteurs devront désormais auditionner à nouveau les protagonistes, explorer d’éventuels éléments négligés en 2010 et identifier d'autres victimes potentielles. L’objectif est d’établir une vérité judiciaire, indépendamment de la notoriété des personnes impliquées.

Un dossier emblématique au cœur des débats contemporains

Le cas Bertrand Cantat s’inscrit dans un contexte social marqué par la lutte contre les violences faites aux femmes. La réouverture de l’enquête sur le suicide de Krisztina Rády vient souligner l’importance croissante accordée à la réévaluation des dossiers jugés sensibles. Ce nouvel épisode judiciaire pourrait redéfinir les contours de la responsabilité pénale dans le cadre des violences intrafamiliales.