Un proche de Bertrand Cantat, s'exprimant sous couvert d'anonymat, a confié son soulagement face à la relance judiciaire : « On va peut-être en finir avec cette affaire qui empoisonne tout le monde. Quel que soit le résultat de l'enquête, ce sera une bonne chose ». Quinze ans après le suicide de Krisztina Rády, ex-compagne du chanteur, la justice française décide de reprendre l’affaire sous un angle inédit, en s'appuyant sur les révélations du documentaire Le cas Cantat diffusé sur Netflix.
Retour sur les faits : un décès aux circonstances troublantes
En janvier 2010, Krisztina Rády est retrouvée pendue à son domicile bordelais. Elle vivait alors encore avec Bertrand Cantat, tout juste libéré après avoir purgé une peine pour les coups mortels portés à l’actrice Marie Trintignant. À l’époque, des interrogations entouraient déjà les circonstances de ce drame, mais les enquêtes avaient été classées sans suite entre 2010 et 2018.
Nouvelle orientation judiciaire : vers une reconnaissance de violences conjugales ?
Selon RTL, le parquet de Bordeaux a décidé de rouvrir le dossier, cette fois dans le cadre d’une enquête préliminaire pour violences volontaires par conjoint. Le procureur de la République, Renaud Gaudeul, précise avoir pris cette décision après avoir visionné le documentaire de Netflix. Il y affirme : « Un documentaire en trois épisodes intitulé Le cas Cantat a été diffusé sur la plateforme Netflix. Son visionnage m’a conduit à ressortir le dossier en recherches des causes de la mort ouvert à la suite du décès de Kristina Rády ».
Un témoignage clé : révélations d’un ancien infirmier
Parmi les éléments déterminants ayant motivé la relance de l'enquête, le témoignage anonyme d’un ancien infirmier des urgences de Bordeaux occupe une place centrale. Celui-ci affirme avoir consulté un dossier médico-légal indiquant que Krisztina Rády avait été admise dans un service spécialisé, présentant de multiples blessures : un décèlement du cuir chevelu, des hématomes et des dents cassées. Ces faits seraient survenus peu de temps après la sortie de prison de Bertrand Cantat.
Un climat toxique dénoncé par des proches
La journaliste Anne-Sophie Jahn, dans le documentaire, déclare : « Il existe donc un dossier qui prouve que Bertrand Cantat a été violent à sa sortie de prison. C'est une bombe parce que, à ce moment-là, Cantat était toujours en liberté conditionnelle ». Une ancienne jeune fille au pair, Klaudia, qui travaillait chez la famille Rády-Cantat, témoigne également à visage découvert : « L'atmosphère est devenue toxique et inquiétante ».
Les failles des investigations passées pointées du doigt
Yael Mellul, avocate et présidente de l’association Femme et libre, regrette le manque d’investigations approfondies lors des précédentes procédures. Elle confie avoir fourni en vain une liste de témoins essentiels, dont la fameuse nounou. Le tableau ci-dessous présente une synthèse des dates clés des procédures judiciaires antérieures :
Année | Procédure engagée | Statut |
---|---|---|
2010 | Recherche des causes de la mort | Classée sans suite |
2013 | Plainte pour violences | Classée sans suite |
2014 | Nouvelle demande d'enquête | Classée sans suite |
2018 | Requête réitérée par Yael Mellul | Classée sans suite |
2024 | Réouverture après documentaire Netflix | En cours |
La portée médiatique du documentaire Netflix
La série documentaire Le cas Cantat, en trois épisodes, explore en profondeur la trajectoire du chanteur après son retour à la vie publique. Elle donne la parole à des témoins jusque-là silencieux et met en lumière de nouveaux éléments. Le procureur y a relevé plusieurs affirmations absentes des précédents dossiers, motivant ainsi la relance des investigations. Ce traitement audiovisuel a donc servi de catalyseur judiciaire.
Position de la défense : silence stratégique ou méconnaissance ?
Contacté par l’Agence France-Presse, l’avocat de Bertrand Cantat, Me Antonin Lévy, a indiqué ne pas être informé de cette nouvelle procédure. Cette absence de réaction suscite des interrogations, tant du côté de l’opinion publique que des observateurs judiciaires.
Une affaire qui interpelle l’opinion publique et interroge la justice
Cette réouverture de l’enquête pourrait marquer un tournant dans la reconnaissance judiciaire des violences intrafamiliales passées, en lien avec des figures publiques. Le rôle de la presse, des plateformes numériques et de la société civile s’avère ici déterminant. L’affaire relance un débat plus large sur la capacité des institutions à entendre les signaux faibles et à agir au-delà de la prescription médiatique initiale.
Un espoir de vérité, quinze ans plus tard
Quinze ans après la tragédie, la réouverture du dossier Krisztina Rády ne constitue pas seulement une action judiciaire, mais également une reconnaissance symbolique. Elle porte l’espoir d’un éclaircissement, voire d’une justice rendue. Pour les proches, pour la mémoire de la victime, mais aussi pour une société qui, de plus en plus, refuse le silence autour des violences conjugales.
Commentaires
Aucun commentaire pour le moment. Soyez le premier à commenter !