Le mardi 22 juillet a marqué un tournant délicat pour Rachida Dati, actuelle ministre de la Culture, renvoyée en correctionnelle dans le cadre de l’affaire Renault-Nissan. Confrontée à des accusations graves de corruption passive et de trafic d’influence, elle a livré sur LCI une déclaration offensive visant à rétablir sa version des faits.
Une mission de conseil remise en cause : le cœur du dossier
Le dossier judiciaire repose principalement sur les 900 000 euros d’honoraires perçus entre 2010 et 2012 par Rachida Dati pour des prestations réalisées auprès de RNBV, une filiale néerlandaise du groupe Renault-Nissan. L’ancienne Garde des Sceaux assure que ses interventions s’inscrivaient dans le cadre de ses fonctions d’avocate, au service des intérêts industriels du groupe dans des zones géographiques à risque.
« Un jour de fermeture d’usine en Turquie coûte 300 000 euros. À cette échelle, mes honoraires sont parfaitement justifiés », a-t-elle expliqué. Selon Dati, l’entreprise ne s’est pas constituée partie civile, preuve selon elle que les prestations ont bien été effectuées et reconnues.
Une procédure judiciaire entachée d’irrégularités ?
La ministre ne se contente pas de nier les faits : elle s’attaque également à la régularité de l’enquête. Elle évoque des documents manquants, des actes d’instruction ignorés et un traitement inéquitable du dossier. « On ne peut pas accepter un dossier incomplet. C’est inacceptable juridiquement », s’est-elle insurgée.
Plusieurs témoins potentiels auraient, selon ses dires, demandé à être entendus pour attester de la réalité de son travail sans que cela ne soit suivi d’effet. « Tout cela démontre que les preuves de mon activité sont volontairement ignorées », a-t-elle martelé.
Les honoraires de Rachida Dati : une comparaison contextuelle
Période | Montant perçu | Nature des missions |
---|---|---|
2010 - 2012 | 900 000 € | Conseil stratégique, lobbying international, gestion de crises |
Un calendrier judiciaire jugé suspect
Rachida Dati a souligné une coïncidence troublante entre l’annonce de son renvoi en correctionnelle et la réunion d’une commission d’investiture des Républicains pour une circonscription parisienne où elle est candidate. « En 2019 déjà, l’enquête avait été déclenchée au moment de ma désignation pour la mairie de Paris. Ce n’est pas un hasard », laisse-t-elle entendre, pointant du doigt une possible instrumentalisation judiciaire à visée politique.
Une contre-attaque assumée : la ministre se pose en victime d’un acharnement
Refusant le rôle de l’accusée passive, Rachida Dati se positionne en victime d’une justice qu’elle juge partiale. Elle affirme que le procureur financier lui aurait lui-même confié ses doutes quant à la solidité du dossier. « Toute la procédure a été émaillée d’irrégularités et d’incidents », soutient-elle avec fermeté.
Elle reproche également l’absence de confrontation avec les personnes pouvant corroborer sa version et insiste sur le caractère incomplet du rapport d’enquête. « Je demande des actes, on me les refuse. Cela pose question », estime-t-elle.
Maintien politique : entre loyauté gouvernementale et détermination personnelle
Politiquement, Rachida Dati reste droite dans ses bottes. Ni la pression médiatique ni les menaces judiciaires ne l’incitent à envisager une démission. Soutenue par le président de la République Emmanuel Macron et le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, elle affirme son engagement : « Je ne suis pas condamnée. Ils veulent m’abattre, mais je ne céderai rien. »
Et de conclure avec une formule qui résume son état d’esprit combatif : « Je n’ai besoin de personne pour me défendre. Je suis solide. Je ne renoncerai sur rien. »
Une affaire à suivre, entre enjeux judiciaires et ramifications politiques
L’affaire Rachida Dati s’annonce comme un épisode majeur mêlant justice, politique et communication. Entre stratégie judiciaire et posture publique, la ministre de la Culture entend affronter les accusations avec une détermination sans faille. Dans ce combat où la justice devra faire la lumière sur des faits complexes, l’opinion publique reste suspendue à une affaire dont les suites pourraient rebattre les cartes à la fois judiciaires et politiques.
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