Ce dimanche, le journaliste Benjamin Duhamel a fait ses adieux à BFMTV dans des circonstances pour le moins mouvementées. À l’occasion de la dernière édition de son émission Le Duel du Dimanche, l’animateur s’est retrouvé contraint d’interrompre fermement un échange particulièrement houleux entre deux invités, Florence Portelli et Robert Ménard. Le thème : la fiscalité et la hausse des impôts. Le ton est vite monté, rendant impossible toute modération efficace.

Connu pour sa modération rigoureuse et son calme habituel, Benjamin Duhamel a fini par hausser la voix. Après plusieurs interventions restées sans effet, il a dû couper la parole aux débatteurs pour reprendre la main : « Merci, s’il vous plaît », a-t-il lancé, le ton sec mais mesuré, dans ce qui ressemblait à un moment de perte de patience maîtrisée.

Ce geste inhabituel de la part du journaliste n’était pas anodin. Il marquait symboliquement la fin d’une étape importante de sa carrière, dans un contexte particulier : la clôture de la saison, l’arrivée imminente d’une allocution présidentielle… et surtout, son départ de la chaîne.

Une déclaration d’adieu sobre mais significative

Une fois la tension du plateau retombée, Benjamin Duhamel a pris la parole pour adresser ses remerciements. Dans un discours bref mais sincère, il a salué les figures clés de BFMTV : Hervé Béroud, à l’origine de son recrutement, Marc-Olivier Fogiel, Arthur Dreyfuss et Philippe Corbé, qui lui ont successivement confié des responsabilités croissantes à l’antenne.

Il a également tenu à rappeler son attachement à une forme de journalisme précis et rigoureux : « Notre métier, c’est de faire de l’information, pas de l’opinion », a-t-il déclaré. Une phrase perçue par certains observateurs comme une critique voilée à l’égard de CNews, chaîne concurrente réputée pour son traitement éditorial plus tranché.

Benjamin Duhamel : un itinéraire cohérent et ambitieux

Issu d’une famille de journalistes — il est le neveu du politologue Alain Duhamel — Benjamin a suivi un parcours sans faute depuis ses débuts à la télévision. À seulement 31 ans, il est considéré comme l’un des talents les plus prometteurs de sa génération. En quelques années, il est parvenu à incarner une forme d’analyse politique exigeante, tout en conservant une neutralité appréciée dans un paysage médiatique souvent polarisé.

Son choix de quitter BFMTV ne résulte pas d’un conflit ou d’un rejet de la chaîne, mais bien d’un projet clair et réfléchi : rejoindre France Inter pour prendre part à la matinale la plus écoutée de France.

Une arrivée remarquée à France Inter

À la rentrée, Benjamin Duhamel intégrera l’équipe de la matinale de France Inter. Il assurera l’interview politique de 7h50 et coanimera Le Grand Entretien de 8h20 aux côtés de Nicolas Demorand. Cette double mission intervient après le départ de Léa Salamé vers France 2, laissant une place stratégique dans la grille de la radio publique.

Interrogé par Le Parisien, Duhamel a déclaré : « C’est une proposition à laquelle je ne pouvais pas dire non ». Il qualifie ce changement de cap de « rêve de gosse », un retour à ses aspirations premières : s’inscrire dans une tradition de journalisme exigeant, au cœur du service public.

Retour sur les grandes étapes de sa carrière

Depuis 2019, Benjamin Duhamel a multiplié les formats et les interventions sur BFMTV, devenant l’un des visages récurrents des grandes soirées politiques, des élections et des éditions spéciales.

Un départ stratégique dans un mercato animé

Le transfert de Benjamin Duhamel s’inscrit dans un mercato estival particulièrement dynamique. De nombreuses personnalités médiatiques ont annoncé des changements de rédaction, de format ou de support. Duhamel, initialement pressenti pour rester sur BFMTV, a finalement opté pour un nouveau défi exclusivement radiophonique.

Une décision assumée pleinement : « Ce sera la radio, uniquement », a-t-il confirmé. Ce repositionnement intervient dans un contexte où la radio publique cherche à rajeunir et renforcer sa grille politique, tout en conservant un haut niveau de crédibilité journalistique.

Une dernière émission marquée par l’émotion

Malgré la tension initiale du plateau, la conclusion de l’émission fut à la hauteur du professionnalisme de l’animateur. Ses derniers mots aux téléspectateurs étaient empreints de dignité et de reconnaissance. Il a conclu par une formule qui en dit long sur son état d’esprit : « BFM, je suis sûr qu’on se retrouvera ».

Une manière élégante de refermer la porte sans la claquer, laissant ouverte la possibilité d’un retour ou d’une collaboration future. En attendant, c’est à France Inter que Benjamin Duhamel poursuivra sa route, fort d’une popularité croissante et d’un socle de valeurs journalistiques solidement ancrées.

Un visage d’avenir pour le journalisme politique

À l’heure où la frontière entre information et opinion tend à s’estomper dans de nombreux médias, Benjamin Duhamel incarne une vision plus factuelle, plus structurée du traitement politique. Son départ de la télévision pour la radio publique symbolise aussi un choix éditorial : celui de la profondeur et de la nuance plutôt que de la confrontation permanente.

Avec ses nouvelles fonctions sur France Inter, il devrait continuer à jouer un rôle de premier plan dans le débat public, tout en contribuant à maintenir un haut niveau d’exigence dans l’interview politique quotidienne.

Un tournant maîtrisé

Le départ de Benjamin Duhamel de BFMTV n’est pas qu’un simple changement de média. Il s’agit d’un repositionnement stratégique, réfléchi et ambitieux. Ce choix illustre l’évolution de sa carrière, mais aussi sa volonté de continuer à incarner un journalisme d’analyse, rigoureux et responsable. Dans un paysage médiatique en mutation, il demeure une figure montante, à suivre de près.