Après seize années de présence continue sur les ondes de Radio Classique, Guillaume Durand tire sa révérence. L’animateur, âgé de 72 ans, a annoncé son départ de manière apaisée, évoquant une décision anticipée et réfléchie. En rémission depuis 2022 d’un cancer de la mâchoire, il aspire désormais à une vie plus calme, tournée vers l’écriture et la création littéraire.

Durand, voix incontournable de la matinale pendant quatorze ans, a également animé l’émission dominicale Bande à part. Son retrait, bien que symbolique, s’inscrit dans une logique personnelle de recentrage après une carrière dense. « Je vais me concentrer sur l’écriture d’un roman et aussi me reposer », a-t-il confié, exprimant son besoin de sérénité.

Une décision anticipée dans un contexte économique préoccupant

Derrière cette volonté personnelle se profile une réalité plus complexe. En effet, Radio Classique, propriété du groupe Les Échos-Le Parisien (LVMH), traverse une période financière difficile. La station accuse un déficit supérieur à 4,5 millions d’euros. Malgré une politique de réduction salariale de 25 %, plusieurs programmes sont supprimés et des figures historiques quittent l’antenne.

Une vague de départs : les figures marquantes écartées de l’antenne

Guillaume Durand n’est pas un cas isolé. Christian Morin, pilier de l’émission Tous classiques depuis 2010, tire également sa révérence. À ses côtés, d’autres noms prestigieux disparaissent de la grille : Marc Lambron, Gautier Capuçon, Laurent de Wilde, Karol Beffa, Josyane Savigneau ou encore Samuel Blumenfeld. Les piges non renouvelées illustrent une volonté de rationalisation drastique.

Christophe Barbier, quant à lui, quitte la station mais aussi BFMTV, pour rejoindre la matinale de LCI. Cette transition marque un tournant stratégique, alors même que les audiences de Radio Classique restent stables, voire en légère hausse.

Une restructuration qui s’inscrit dans une logique de convergence

La réorganisation de Radio Classique vise à rapprocher la station des titres de presse du groupe LVMH. Cette stratégie s’est matérialisée dès 2023 avec l’arrivée de Marcelo Wesfreid (Le Parisien). En septembre, ce sera au tour de Nicolas Beytout, fondateur de L’Opinion, de renforcer l’équipe, aux côtés de figures médiatiques comme Luc Ferry, Ruth Elkrief ou Franz-Olivier Giesbert.

Cette politique de convergence entre presse écrite et radio s’aligne avec une volonté du groupe de mutualiser les talents et les expertises. Elle vise également à proposer un contenu éditorial cohérent et différenciant dans un paysage médiatique en mutation.

Guillaume Durand : une trajectoire cohérente entre médias et littérature

Lauréat du prix Renaudot Essai en 2022 pour Déjeunons sur l’herbe, Guillaume Durand réaffirme son lien profond avec le monde littéraire. Ancien professeur d’histoire-géographie devenu journaliste dès 1978, il a su traverser les décennies sans jamais perdre de vue l’essentiel : transmettre, décrypter et raconter.

Fils des galeristes Lucien et Nicole Durand, passionné d’art contemporain, il pourrait également se consacrer davantage à sa collection personnelle. Un retour aux sources, empreint de réflexion, qui symbolise une forme d’accomplissement personnel.

Un départ sous le signe de la dignité et de la transition

Le départ de Guillaume Durand marque la fin d’un cycle, mais aussi le début d’une nouvelle étape. À l’heure où les médias sont contraints de se repenser, cette transition s’effectue avec sérénité et lucidité. Radio Classique, en pleine mutation, se prépare à affronter les défis de demain, tandis que Durand, figure intellectuelle et respectée, retrouve le chemin de la création littéraire. Un équilibre entre introspection et renouveau, à l’image d’une carrière maîtrisée de bout en bout.