À peine le procès pour financement libyen présumé de la campagne présidentielle de 2007 de Nicolas Sarkozy terminé, le journaliste Fabrice Arfi de Mediapart n’a pas mâché ses mots. Invité dans l’émission "Backseat" sur Twitch, animée par Jean Massiet, il a livré un véritable plaidoyer pour le journalisme de terrain, dénonçant frontalement les "jaboteurs de plateau" qui, selon lui, commentent sans rien connaître du dossier.
🧑⚖️ Un procès historique... mais mal couvert ?
Le procès s’est tenu pendant trois mois devant le tribunal correctionnel de Paris. Le 8 avril dernier, la cour a annoncé que son verdict sera rendu le 25 septembre 2025. En attendant, le Parquet national financier a requis 7 ans de prison, 300.000 euros d’amende et 5 ans d’inéligibilité contre l’ancien chef de l’État.
Mais selon Arfi, la couverture médiatique n’est pas à la hauteur de l'enjeu démocratique. Il accuse plusieurs éditorialistes de télé de n’avoir ni mis les pieds au tribunal, ni consulté le dossier, tout en prenant position dans l’espace public.
"Ils se sentent gonflés de je ne sais quel orgueil professionnel suffisant pour dire que le dossier est vide", lâche-t-il, amer.
📺 Des prises de position contestées sur les chaînes info
Sur les plateaux de CNews, LCI ou dans les colonnes du JDD, les commentaires ont souvent semblé minimiser l’affaire ou prendre la défense de Nicolas Sarkozy. Pascal Praud s’interrogeait en janvier :
"Que penser d’un procès où les preuves manquent ?"
D’autres, comme Louis de Raguenel ou David Doukhan, ont aussi mis en doute le sérieux du dossier, tandis que Louis Sarkozy, invité sur LCI, clamait haut et fort l’innocence de son père.
Même Ruth Elkrief, évoquant une autre affaire (celle de Marine Le Pen), allait jusqu’à suggérer que la justice tienne compte de la "situation de la société française" avant de prononcer des peines d’inéligibilité…
📰 "Allez lire les comptes-rendus de ceux qui étaient là"
Face à ce qu’il juge être un abandon de rigueur journalistique, Fabrice Arfi appelle les citoyens à se tourner vers les vrais reporters de terrain. Il cite Le Monde, Libération, Le Figaro, Le Canard enchaîné et bien sûr Mediapart, tous présents quotidiennement à l’audience :
"Les gens qui suivent le procès voient ce qu’ils voient. Le dossier n’est pas vide, c’est un mensonge de le dire."
Un avis partagé jusque dans les colonnes du très conservateur Figaro, où Stéphane Durand-Souffland qualifie les réquisitions de "dévastatrices", appuyant que les procureurs ont bâti une "accusation redoutable".
📣 Une fracture entre télévision et aspirations citoyennes ?
Pour Arfi, ce procès révèle surtout une chose :
"Il y a une déconnexion énorme entre la télévision et les aspirations citoyennes sur ces questions-là."
La balle est désormais dans le camp de la justice. Rendez-vous le 25 septembre à 10h pour le verdict. En attendant, le débat sur la qualité de la couverture médiatique – et sur le rôle des éditorialistes politiques – est plus que jamais ouvert.