Championne d’exception et femme de défis, Charline Picon a enchaîné deux aventures radicalement opposées en moins d’un an : décrocher une nouvelle médaille aux Jeux olympiques de Paris 2024 et survivre à un naufrage en plein Pacifique, au large des îles Marquises. Récit d’un parcours hors du commun, où le courage et la résilience tiennent la barre.

Une carrière sportive jalonnée de succès

Charline Picon est l’une des figures les plus respectées de la voile française. Après avoir brillé en planche à voile lors des JO de Rio 2016 (or) et Tokyo 2020 (argent), elle s’est lancée dans un défi audacieux : passer au 49er FX, un voilier exigeant et technique. Trois années de préparation intense plus tard, elle décroche le bronze à Paris 2024 avec sa coéquipière Sarah Steyaert.

Cette performance est d’autant plus remarquable qu’il s’agissait pour elle d’un changement de discipline radical. « Nous avons tenu bon, malgré les difficultés, pour atteindre notre objectif. Ce bronze a la saveur de l’or », déclarait-elle, émue, après la course finale disputée à la Marina de Marseille.

Une demande en mariage digne d’un film

Quelques minutes après la dernière régate, l’émotion atteint son apogée. Jean-Emmanuel Mestre, surnommé "Mano" et compagnon de longue date de Charline, monte à bord pour lui demander sa main. Un geste romantique immortalisé par les caméras, alors même que la coéquipière de Charline vivait la même scène avec son propre compagnon. Cette double demande en mariage a fait le tour des réseaux sociaux, touchant les amateurs de sport et d’histoires inspirantes.

Le départ pour un tour du monde en famille

Après ce moment magique, Charline Picon décide de mettre le cap sur une toute autre aventure : un tour du monde à la voile avec "Mano" et leur fille Lou, 8 ans. Le 15 octobre dernier, ils lèvent l’ancre depuis La Rochelle à bord d’un catamaran de 14 mètres baptisé Luna Bay II. Leur objectif : parcourir les océans en famille, vivre au rythme des escales et des découvertes.

Pour financer cette expédition, le couple vend un bien immobilier, contracte un emprunt et met sa maison en location. Ils se préparent sérieusement, notamment grâce à un stage de survie en mer, un apprentissage qui se révélera crucial quelques mois plus tard.

La nuit où tout a basculé

Dans la nuit du 31 mai au 1er juin, au large des îles Marquises, la traversée prend une tournure dramatique. Le catamaran heurte un OFNI (objet flottant non identifié), causant une brèche dans la coque bâbord. L’eau s’infiltre rapidement, rendant la situation critique. Malgré le choc, l’équipage garde son sang-froid : Lou récupère ses doudous, Charline prend son ordinateur et ses médailles olympiques, tandis que Mano active les procédures d’urgence.

En moins de temps qu’il ne faut pour le dire, un appel de détresse est lancé. Le trio embarque dans le radeau de survie, observant impuissant leur voilier sombrer dans l’obscurité. Les secours arriveront dix heures plus tard, un Falcon de la Marine nationale repérant et récupérant la petite famille saine et sauve.

Chronologie des événements

Un mental forgé par le sport

Charline Picon l’affirme : c’est son expérience sportive qui lui a permis de gérer cette situation extrême. L’esprit d’équipe, la gestion du stress et la discipline sont autant d’atouts acquis au fil des compétitions internationales. « On va se reconstruire pour la suite », assure-t-elle, laissant entendre qu’une quatrième participation olympique n’est pas exclue.

Et après ? Vers de nouveaux horizons

Pour Charline, cet épisode ne signe pas la fin de ses aventures. Si la perte du bateau est un coup dur, elle voit dans cet événement une leçon de vie et une motivation supplémentaire. En septembre, elle annoncera si elle se prépare pour les JO 2028. Quelle que soit sa décision, son histoire restera un exemple de détermination et de résilience.

Du podium olympique à la survie en mer, Charline Picon incarne la persévérance et le courage. Son parcours rappelle que la vie, comme la navigation, est faite de vents favorables et de tempêtes imprévues. Mais avec la bonne préparation et un mental d’acier, il est possible de traverser les pires épreuves et de repartir, la tête haute, vers de nouveaux horizons.