Licenciement contesté du directeur de Sud Ouest, Nicolas Sterckx saisit les prud’hommes

03-08-2025 21:09 television
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La direction du groupe de presse régional Sud Ouest (GSO) traverse une crise majeure. Vendredi 25 juillet 2025, Nicolas Sterckx a officiellement été révoqué de ses fonctions de directeur général, après deux conseils d’administration extraordinaires. En poste depuis mars 2022, il avait été convoqué dès la mi-juin à un entretien préalable avant d’être licencié pour faute grave le 18 juillet.

 

Des tensions internes persistantes depuis deux ans

Selon une source proche de la direction citée par l’AFP, les causes du licenciement résident dans la dégradation des relations entre l’actionnaire principal, la famille Lemoîne, et Nicolas Sterckx. Les critiques portent sur des promesses de performance non tenues, un management jugé « crispant », un dialogue social « rompu », ainsi que des orientations stratégiques contestées. L’ancien DG dément fermement ces accusations, qualifiant les méthodes employées pour le pousser à la sortie de « méthodes abjectes » dans une interview accordée au journal Le Monde.

 

Un bilan jugé insuffisant par les actionnaires

Le mandat de Nicolas Sterckx a été marqué par de nombreuses réformes internes, notamment le rachat de plusieurs médias régionaux comme Placéco ou Écrans du Monde. Cependant, ces acquisitions n’ont pas eu les résultats attendus. Malgré un chiffre d’affaires global de 180 millions d’euros en 2024, la rentabilité reste fragile.

Les projets menés par Sterckx n’ont pas convaincu les équipes ni les actionnaires. Le climat social s’est détérioré, et les restructurations ont suscité un rejet massif de la part des salariés.

 

Une crise sociale et un plan de départs contesté

En 2024, un vaste plan de départs volontaires a abouti à la suppression de 81 postes, dont 18 journalistes. Cette décision a provoqué deux journées de grève consécutives, perturbant la publication du quotidien. Le Syndicat National des Journalistes (SNJ) a dénoncé des « budgets irréalistes » et un dialogue social au point mort. David Patsouris, délégué syndical SNJ, a déclaré à l’AFP que « le dialogue social était inexistant depuis plusieurs mois ».

Événements clés Dates
Convocation à un entretien préalable Mi-juin 2025
Notification du licenciement 18 juillet 2025
Révocation officielle 25 juillet 2025
Annonce de saisine des prud’hommes 3 août 2025

 

Réponse de Nicolas Sterckx : cap sur les prud’hommes

En arrêt maladie pour burn-out depuis avril, Nicolas Sterckx affirme avoir été victime d’un processus injuste et brutal. Il prévoit désormais de porter l’affaire devant le conseil des prud’hommes afin de faire valoir ses droits. Dans ses déclarations, il reconnaît que la restructuration de l’entreprise a pu heurter certaines équipes, mais estime que cela ne justifie en rien une révocation aussi soudaine.

« Après avoir restructuré une entreprise, il est fréquent que la direction souhaite tourner la page, mais cela ne doit pas se faire au détriment de la dignité professionnelle », a-t-il confié.

 

Une direction intérimaire en place

En attendant la nomination d’un nouveau directeur général, la gouvernance du groupe est provisoirement assurée par Olivier Cotinat, président du conseil d’administration de GSO. La direction de la Sapeso (société éditrice du journal) revient à Christophe Galichon, actuel secrétaire général. Le groupe Sud Ouest, qui emploie environ 700 personnes dont 230 journalistes, entend poursuivre ses missions malgré cette période d’instabilité.

 

Une instabilité révélatrice des défis de la presse régionale

Cette affaire illustre les tensions structurelles auxquelles sont confrontés les groupes de presse régionaux : baisse des recettes publicitaires, transitions numériques inachevées, et exigences croissantes des lecteurs en matière de contenus qualitatifs. Le licenciement d’un dirigeant peut masquer des dysfonctionnements plus profonds liés à la gouvernance, au modèle économique ou à la culture d’entreprise.

 

Un conflit à fort retentissement

L’éviction de Nicolas Sterckx ne se limite pas à un simple désaccord professionnel. Elle met en lumière les difficultés que traverse le secteur de la presse régionale en France. À travers cette affaire, c’est la question de la gouvernance, du respect du dialogue social et de la stratégie de développement qui est posée.

Alors que les prud’hommes devront trancher sur le fond de ce litige, le groupe Sud Ouest devra rapidement restaurer la confiance en interne et clarifier ses orientations stratégiques pour faire face aux défis de demain.

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Rédacteur
Julien
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Passionné d'actualité musicale et télévisuelle. Je décrypte les tendances musicales et les grands temps forts de la télévision française.

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