La fermeture de C8, un séisme audiovisuel
Le paysage audiovisuel français a récemment été bouleversé par une décision historique : la fermeture définitive de C8, chaîne emblématique de la TNT, actée par l’Arcom le 28 février 2025. Cette décision a mis fin à une ère marquée par des années de programmes populaires, controversés, mais toujours au cœur des débats médiatiques. Parmi les nombreuses réactions, celle de Raquel Garrido ne passe pas inaperçue. L’ancienne chroniqueuse de “Balance ton poste !”, devenue figure politique et médiatique, n’a pas mâché ses mots à l’encontre de Cyril Hanouna, pointant directement sa responsabilité dans la disparition de la chaîne.
Raquel Garrido sur France 5 : un retour sans détour
Ce dimanche, sur le plateau de "C Médiatique" sur France 5, Raquel Garrido s’est exprimée pour la première fois depuis l’annonce de la fermeture de C8. Invitée aux côtés de l’humoriste Bruno Madénian, elle est revenue sans langue de bois sur cette décision retentissante. Actuellement au casting de la saison 3 des Traîtres sur M6, et chroniqueuse sur LCI dans "Face à face", Raquel Garrido a su capter l'attention en livrant une analyse aussi personnelle que politique.
"Cyril Hanouna a tué lui-même C8", a-t-elle asséné, avec une conviction sans appel.
Une phrase choc, qui résume à elle seule une pensée développée avec précision tout au long de son intervention.
Une rupture avec “Balance ton poste !” qui en dit long
Avant de revenir sur la fermeture de la chaîne, Raquel Garrido a rappelé son propre départ de C8, dans un contexte déjà tendu. Après un passage remarqué dans Les Terriens du dimanche, elle avait rejoint en 2019 "Balance ton post !", émission lancée et animée par Cyril Hanouna. Mais les choses ont rapidement dégénéré.
Elle raconte notamment un moment charnière : l’apparition de Éric Naulleau, alors co-animateur de l’émission, au meeting d’Éric Zemmour.
"En pleine saison, le 5 décembre, il était au premier rang du meeting de Zemmour !", se souvient-elle.
Pour Raquel Garrido, cela représentait une ligne rouge infranchissable.
"Moi, je ne peux pas être dans un dispositif animé par un zemmourien. Et en fait, on a tué l’émission, elle a été éteinte."
Son départ, et l’arrêt de l’émission, illustrent selon elle une dérive de la chaîne, marquée par des prises de position de plus en plus polarisées, et un effritement progressif de son socle éditorial.
"Il n’y a pas de droit imprescriptible à être à la télévision"
Interrogée sur la légitimité d’une telle décision de l’Arcom, Garrido n’a pas fait dans la langue de bois. Pour elle, il ne s’agit pas d’une atteinte à la liberté d’expression, comme certains défenseurs de C8 ont voulu le faire croire, mais bien du respect des règles du jeu.
"Il n’y a pas de droit imprescriptible à être à la télévision. Il y a des chartes, il faut les respecter", a-t-elle affirmé calmement.
Elle rappelle également que Cyril Hanouna avait anticipé cette fermeture, en préparant son arrivée sur W9, chaîne du groupe M6. Une manière de relativiser l’ampleur du drame médiatique, mais aussi de souligner le cynisme avec lequel l’animateur a géré la situation.
Une pensée pour les équipes dans l’ombre
Dans son intervention, Raquel Garrido n’a pas seulement attaqué Cyril Hanouna. Elle a aussi voulu mettre en lumière les oubliés de cette fermeture : les techniciens, les journalistes, les producteurs, et les équipes des émissions qui n’ont pas bénéficié du même écho médiatique que TPMP.
"Il y a des équipes qui étaient sur des programmes de télé-réalité. Eux, ils vont être enlevés. Mais personne n’a fait de soirée triste pour eux. Où vont toutes ces équipes ?"
Une dénonciation appuyée du manque de considération pour les professionnels de l’ombre, ceux qui faisaient tourner la chaîne au quotidien.
Hanouna, entre provocations et sanctions
Il est vrai que Cyril Hanouna a accumulé les polémiques ces dernières années. Entre dérapages en direct, propos controversés, invités sulfureux, et mises en cause répétées par l’Arcom, l’animateur n’a cessé de repousser les limites de l’acceptable à l’antenne. Résultat : de nombreuses amendes, mises en demeure et une dégradation constante de l’image de la chaîne.
Pour Raquel Garrido, la conclusion est limpide :
"C’est quand même lui qui les a mis en danger. Les émissions sur les animaux, William Leymergie, tout ça, c’est terminé. Le trône est terminé."
La figure tutélaire de C8 aurait donc précipité sa propre chute, emportant avec lui toute une grille de programmes et des années de présence télévisuelle.
Un transfert vers W9… mais à quel prix ?
Désormais, Cyril Hanouna prépare son retour sur W9, dans un format proche de celui de TPMP, mais avec une pression supplémentaire : celle de ne pas reproduire les erreurs passées. Si la chaîne du groupe M6 semble vouloir capitaliser sur la popularité de l’animateur, elle prend aussi un risque important.
Raquel Garrido souligne que ce retour pourrait se faire au détriment d’autres émissions, notamment de télé-réalité, diffusées en access prime time. Des programmes qui devront peut-être céder leur place à la nouvelle quotidienne d’Hanouna. Une restructuration qui pourrait à nouveau faire des victimes parmi les équipes techniques et éditoriales.
Une prise de parole saluée… mais clivante
Sur les réseaux sociaux, l’intervention de Raquel Garrido a, sans surprise, suscité de vives réactions. Si beaucoup ont salué son franc-parler et son analyse sans concession, d’autres l’ont accusée de règlement de comptes ou de profiter de la situation pour exister médiatiquement. Mais qu’on l’apprécie ou non, sa parole marque une rupture nette avec la loi du silence qui entoure souvent les décisions de l’Arcom.
Conclusion : une fin de règne prévisible ?
La fermeture de C8 n’est pas un événement anodin dans l’histoire de la télévision française. Elle symbolise à la fois les dérives de l’audiovisuel moderne, les limites de la liberté d’expression, et les conséquences d’une personnalisation excessive des chaînes autour de figures trop puissantes. Raquel Garrido, en pointant la responsabilité directe de Cyril Hanouna, pose une question essentielle : jusqu’où peut-on aller, au nom de l’audience et du buzz, sans en payer le prix ?
Dans un univers télévisuel de plus en plus concurrentiel, l’avenir de Cyril Hanouna sur W9 reste incertain. Quant à Raquel Garrido, sa reconversion médiatique semble bien engagée. Une chose est sûre : l’ère C8 est bel et bien terminée, et chacun devra désormais en tirer les leçons.