Le projet d'implantation d'un Carrefour City dans le très huppé VIe arrondissement de Paris suscite une vive controverse. La publication d'une pétition hostile au projet a placé sous les projecteurs plusieurs personnalités citées à tort parmi les signataires. La journaliste Ruth Elkrief dément fermement toute implication, entraînant des excuses officielles du journal "Le Monde". Retour sur une affaire urbaine qui mêle médias, personnalités publiques et querelles de voisinage.
Un Projet de Supérette au Cœur d’un Quartier Prisé
À deux pas du jardin du Luxembourg, une nouvelle enseigne Carrefour City devrait ouvrir ses portes à la fin du mois d’août 2025. Elle prendra place sur l’ancien local d’un magasin de jouets, dans une rue tranquille du VIe arrondissement. Ce changement de destination commerciale n’a rien d’anodin pour certains riverains, qui y voient une menace pour la qualité de vie locale.
Les préoccupations sont multiples : augmentation du bruit, livraison matinale, perte de charme du quartier, mais surtout la fermeture d’un commerce indépendant. Depuis plusieurs mois, une pétition circule, visant à bloquer ce projet. Jusque-là, une querelle de voisinage somme toute classique.
Une Pétition Très Médiatisée aux Signatures Contestées
L’affaire prend une tournure nationale lorsqu’un article de "M, le magazine du Monde" publié le 19 juillet 2025 affirme que plusieurs célébrités ont apposé leur signature au bas de la pétition. Parmi elles : Alain Finkielkraut, Alain Souchon, Catherine Frot, Jacques Toubon, Denis Olivennes… et Ruth Elkrief.
Cette dernière réagit aussitôt sur X (anciennement Twitter), démentant catégoriquement sa participation : « Je précise que je n’ai PAS signé la pétition contre le Carrefour City », écrit-elle. Elle explique avoir échangé quelques mots par courtoisie avec l’instigateur de la pétition, Bruno Segré, sans imaginer que cela serait interprété comme un soutien formel.
Déclaration de Ruth Elkrief : Un Malentendu Clarifié
Dans un entretien accordé au "Parisien", Ruth Elkrief précise : « J’ai rencontré une personne qui s’est présentée comme journaliste. Il m’a parlé de sa pétition, et j’ai été polie, sans émettre d’avis. Quand j’ai vu mon nom dans les signatures, je suis tombée des nues. »
Cette version est confortée par le journal, qui ajoute que la journaliste signe très peu de pétitions et ne se prononce pas sur des sujets de ce type. Sa présence dans la liste est donc une erreur manifeste, due à une confusion ou à une interprétation hâtive de son interlocuteur.
Rectificatif Officiel : Le Monde Présente ses Excuses
Face à l’ampleur de la polémique, "Le Monde" publie un rectificatif sur son site internet le 21 juillet à 11h : « Contrairement à ce qui était écrit, la journaliste Ruth Elkrief n’a pas signé la pétition. Nous lui présentons toutes nos excuses. » Une précision bienvenue qui calme en partie les esprits.
Le journal reconnaît également une autre erreur : l’acteur Pierre Richard cité parmi les signataires est en réalité un banquier homonyme. L’acteur déclare sur ses réseaux sociaux : « Je ne sais même pas ce qu’est un Carrefour City. Je n’habite même pas dans le VIe. » Une confusion qui s’ajoute au malaise général autour de cette affaire.
Réactions et Justifications des Autres Signataires
Denis Olivennes, également cité dans l'article, tente d'apporter des précisions : il publie une conversation par SMS avec la journaliste du Monde pour nuancer son implication. Dans ses messages, il reconnaît une certaine confusion : « En fait je n’y connaissais rien. Je croyais signer contre la fermeture d’un magasin de jouets. »
Il poursuit : « Je ne suis pas contre les Carrefour City, mais je suis pour préserver l’équilibre entre petits commerces et grandes surfaces. » Cette posture modérée illustre bien l’ambiguïté de la pétition et la façon dont certaines signatures ont pu être interprétées à tort.
Tableau Récapitulatif des Personnalités Citées et Rectifications
Nom | Statut | Précision |
---|---|---|
Ruth Elkrief | Journaliste | Jamais signé la pétition, malentendu |
Pierre Richard | Acteur | Confondu avec un homonyme banquier |
Denis Olivennes | Dirigeant | Signature mal interprétée |
Alain Finkielkraut | Essayiste | Confirme son soutien à la pétition |
Une Mobilisation qui Divise le Quartier
Bruno Segré, initiateur de la pétition et ancien journaliste, persiste dans son combat. Il affirme n’avoir contraint personne à signer et estime que les signataires sont dans leur droit. Selon lui, il ne s’agit pas d’un caprice de quartier bourgeois, mais d’une défense légitime des commerces de proximité.
Le maire du VIe, Jean-Pierre Lecoq, voit les choses autrement. Il dénonce une mobilisation élitiste : « Beaucoup de ces opposants sont issus du monde de la finance. Ils pensent que le quartier leur appartient. » Un avis tranché, immédiatement contesté par Alain Finkielkraut qui répond : « Ce n’est pas une histoire de riches. C’est une question d’esthétique urbaine et de préservation d’un équilibre. »
Quand Urbanisme et Médias se Heurtent
L’affaire du Carrefour City dans le VIe arrondissement de Paris dépasse le simple cadre d’un conflit de voisinage. Elle illustre les tensions croissantes entre vie de quartier, développement commercial et influence des personnalités publiques. Le rôle des médias, et notamment la rigueur journalistique, y apparaît crucial, comme en témoigne le rectificatif du Monde.
Entre méprise, rectifications et mobilisation citoyenne, cette polémique soulève une question essentielle : à qui appartient vraiment la ville ? Aux grandes enseignes ou aux habitants soucieux de préserver leur environnement quotidien ?
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