Après deux années passées à interroger les figures politiques à l'une des heures les plus écoutées de France Inter, Sonia Devillers a décidé de tourner la page. Dès la rentrée de septembre 2025, elle délaissera le créneau emblématique de 7h50 pour prendre en main une nouvelle interview à 9h, orientée sur les enjeux de société.

Une case emblématique abandonnée

Écoutée quotidiennement par plus de 2,18 millions d'auditeurs, l'interview politique de 7h50 faisait de Sonia Devillers une voix incontournable de la matinale de France Inter. Mais selon la journaliste, l'exercice était de moins en moins en adéquation avec ses valeurs et ses aspirations professionnelles.

"J'ai adoré cet exercice mais..." : un virage assumé

"J’ai adoré cet exercice mais je ne suis pas prête à mordre pour avoir la petite phrase d’Éric Ciotti répondant à Mathilde Panot", a-t-elle déclaré au Monde. Déçue par un climat politique de plus en plus conflictuel et centré sur la stratégie partisane, Sonia Devillers souhaite désormais accorder sa voix à d'autres types de récits.

Une nouvelle interview à 9h, orientée société

La nouvelle émission, prévue à partir du 25 août 2025, durera une quinzaine de minutes. Elle donnera la parole à des témoins de la vie réelle : citoyens, anonymes ou figures publiques éloignées de la sphère politique. L’objectif est de raconter les bouleversements de notre époque à travers des récits personnels, authentiques et incarnés.

Une orientation éditoriale dépolitisée

"Ni politiques, ni experts", résume Devillers. La ligne éditoriale du programme vise à se détacher du débat politique traditionnel pour s’ancrer dans le vécu du quotidien. Ce repositionnement permet à France Inter d'élargir son spectre éditorial tout en répondant à l'appétit croissant du public pour des récits plus humains.

Les raisons personnelles derrière ce départ

Cette décision fait aussi écho à des épisodes difficiles vécus par la journaliste. En mai 2024, son interview de Marion Maréchal avait suscité une vague de harcèlement. L’élue d’extrême droite, poursuivie pour des propos transphobes, avait tenu des propos controversés à l’antenne. Sonia Devillers, restée ferme, a rappelé : "On ne parle pas d’une opinion, on parle d’un délit." Le prix de cette rigueur journalistique : des menaces reçues, y compris à son domicile.

Le rôle de France Inter dans ce repositionnement

Adèle Van Reeth, directrice de la station, soutient pleinement ce changement. Selon elle, l’émission de Devillers répondra à un besoin de renouvellement des formats radio. Parallèlement, le "débat du 7/10", diffusé jusqu’à présent à 9h, sera déplacé à un horaire encore inconnu.

Un flou autour de sa succession à 7h50

La question de la succession reste ouverte. Parmi les noms qui circulent, on retrouve Apolline de Malherbe (BFM-TV) et Benjamin Duhamel. Si la première a affirmé rester sur BFM, le second est encore à l’étude. D’autres profils internes ou externes sont également envisagés.

Une vision du journalisme plus incarnée

"La parole politique se déplace dans la société", affirme Sonia Devillers. Sa future émission ambitionne de capter cette parole vivante, loin des discours formatés. En donnant la parole à ceux qui vivent les enjeux du quotidien, elle espère établir un lien fort avec l’auditeur.

Conclusion : une transition significative pour France Inter

Le départ de Sonia Devillers de l’interview politique de 7h50 marque un tournant pour France Inter. Entre désir de changement personnel et repositionnement éditorial stratégique, la station publique entend ainsi renforcer sa capacité à traiter l’actualité sous de nouvelles formes. Reste à voir si la future interview sociétale rencontrera le même succès d’audience que son prédécesseur politique.