La cérémonie des Flammes 2025, qui célèbre les cultures populaires et urbaines, a une nouvelle fois réuni artistes, journalistes et fans ce mardi 13 mai. Cependant, un moment fort de la soirée n’a pas été diffusé à la télévision. L’humoriste Merwane Benlazar, présent pour remettre le prix du concert de l’année – remporté par Kaaris – a profité de sa tribune pour faire une sortie remarquée contre Cyril Hanouna. Propos que W9 a choisis de couper au montage.
Un discours non diffusé à l’antenne
Diffusée en différé de deux heures sur W9, la cérémonie des Flammes a vu un segment entier du discours de Merwane Benlazar supprimé. Sur scène, l’humoriste a critiqué ouvertement le retour de Cyril Hanouna sur W9 et évoqué la montée de l’extrême droite dans les médias. Il a notamment lancé : « Les racistes ne regardent plus la télé, il n’y a plus Hanouna » et poursuivi avec des propos accusateurs sur l’animateur et ses futurs projets à l’antenne.
W9 justifie la censure pour des raisons éditoriales
Contactée par Le Parisien, la chaîne W9 a assumé son choix éditorial. Un responsable du groupe M6 a déclaré : « W9 défend la liberté d’expression mais ne peut pas cautionner la diffamation ou l’injure publique. En tant que diffuseur, nous avons des responsabilités légales et éditoriales. »
Cette justification soulève de nombreuses questions sur la place de la liberté d’expression dans les médias télévisés, particulièrement lorsque celle-ci s’exprime dans le cadre d’un événement culturel majeur.
Diffusion en ligne vs télévision : deux récits divergents
Alors que W9 diffusait une version expurgée de la cérémonie, les plateformes comme YouTube et Twitch ont relayé le direct sans censure. Les extraits complets du discours de Merwane Benlazar y circulent depuis, générant des milliers de partages et de commentaires.
L’humoriste y fustige également la ligne éditoriale de certaines chaînes et appelle à la résistance culturelle face à ce qu’il qualifie de « promotion de l’extrême droite ». Il conclut son intervention par un message fort sur la représentation des Arabes à la télévision française.
Résumé des passages censurés par W9
| Thème abordé | Propos tenus par Merwane Benlazar | Statut à l’antenne W9 |
|---|---|---|
| Cyril Hanouna | « Hanouna qui revient bientôt, d’ailleurs… Il revient sur la chaîne où l’on est diffusé. » | Supprimé |
| Critique des médias | « Il y aura la meilleure promotion de l’extrême droite. » | Supprimé |
| Appel à la résistance | « Et comment on peut combattre ça ? Ici, comme on le fait ce soir. » | Supprimé |
| Tacle à TF1 / Arthur | Référence à Gaza et traitement médiatique | Diffusé |
Une polémique qui prend de l’ampleur sur les réseaux sociaux
Les internautes ont vivement réagi à cette censure. Sur X (anciennement Twitter), de nombreuses personnalités et anonymes ont dénoncé ce qu’ils considèrent comme un musellement d’une parole engagée. Plusieurs extraits du discours complet de Merwane Benlazar ont été vus plusieurs centaines de milliers de fois, confirmant l’intérêt du public pour ces propos évincés du petit écran.
Le contexte : retour médiatique et politique de Cyril Hanouna
La présence de Cyril Hanouna sur W9 à la rentrée prochaine avec l’émission « Tout beau, tout 9 » est loin d’être anodine. L’animateur, très clivant, est fréquemment associé à une ligne éditoriale jugée complaisante avec les idées d’extrême droite. Ce retour soulève donc des tensions dans un contexte où les médias sont de plus en plus scrutés sur leurs prises de position politiques.
Liberté d’expression ou diffamation : une frontière floue
Le cas Benlazar relance le débat sur la limite entre liberté d’expression et injure publique. Tandis que W9 justifie sa censure par des impératifs de diffusion et de responsabilité, d’autres y voient une atteinte directe à la liberté de ton d’un artiste. Cette affaire pourrait bien faire jurisprudence dans les choix éditoriaux futurs des chaînes de télévision.
Conclusion : un débat qui dépasse la cérémonie
La suppression d’un discours critique lors d’un événement culturel aussi suivi que les Flammes met en lumière les tensions croissantes entre liberté de création, contraintes éditoriales et enjeux politiques dans les médias. Que ce soit pour protéger leur image, se conformer à des obligations légales ou éviter la polémique, les chaînes font parfois des choix lourds de conséquences.
Quant à Merwane Benlazar, sa parole censurée aura paradoxalement gagné une portée encore plus grande, portée par les réseaux sociaux et relayée par un public en quête de vérité non filtrée. Cette affaire confirme que le contrôle de l’image ne garantit plus le contrôle du récit.
