Le 24 juillet 2025, le parquet de Bordeaux a annoncé la réouverture de l’enquête sur les violences présumées subies par Krisztina Rady, ex-compagne de Bertrand Cantat, retrouvée morte en janvier 2010. Cette décision fait suite à la diffusion du documentaire « De rock star à tueur : le cas Cantat », récemment mis en ligne sur Netflix.
Une affaire classée quatre fois refait surface
Classée à plusieurs reprises depuis 2010, l’affaire resurgit sous l’impulsion de nouveaux éléments révélés dans la série documentaire. Co-réalisée par Karine Dusfour, Anne-Sophie Jahn, Nicolas Lartigue et Zoé de Bussierre, cette production explore les zones d’ombre autour de la vie de Krisztina Rady, femme de lettres et mère de deux enfants, décédée à l’âge de 41 ans.
Les révélations d’une lettre d’adieu controversée
Le documentaire dévoile une lettre d’adieu inédite, publiée par Paris Match, dans laquelle Krisztina Rady incrimine son compagnon de l’époque : « Merci aux cris incessants et aux accusations de Bertrand, dépositaire exclusif de souffrance. » Cette lettre relance le débat sur la nature des relations qu’elle entretenait avec l’ancien chanteur de Noir Désir.
Une famille en quête d’apaisement, non de vengeance
Les parents de Krisztina Rady, via leur avocat Me Tibor-Louis Leh, se sont fermement opposés à la réouverture du dossier. Dans un communiqué, ils déclarent : « Aujourd’hui, les parents souhaitent l’apaisement et ne comprennent pas l’acharnement autour de cette affaire. » Selon eux, une seconde lettre laissée par leur fille, et non divulguée au public, n’évoque aucunement Bertrand Cantat, mais plutôt un différend financier professionnel.
Des témoignages inédits portés à la connaissance de la justice
Le documentaire fait état de nouveaux témoignages, jusqu’ici absents des précédentes procédures. Parmi ceux-ci, un infirmier mentionne un rapport médico-légal détaillant des traces de violences. La nourrice des enfants, quant à elle, témoigne d’un climat familial « délétère et dangereux », l’ayant poussée à quitter précipitamment le domicile.
Une enquête rouverte, un signal fort pour les victimes
Ces éléments ont conduit le procureur de la République de Bordeaux, Renaud Gaudeul, à relancer l’instruction. Une décision saluée par Yaël Mellul, présidente de l’association Femme et Libre, qui évoque un cas typique de suicide forcé : « C’est une très bonne nouvelle. Cela montre que la justice évolue dans sa compréhension des violences conjugales. »
Les violences conjugales : un enjeu sociétal majeur
Interrogée sur France Inter, la réalisatrice Karine Dusfour précise que son objectif n’était pas judiciaire, mais sociétal : « Nous voulions mettre en lumière la souffrance silencieuse de ces femmes. » Elle affirme que la justice n’a pas encore traité la mort de Krisztina Rady avec toute la rigueur nécessaire.
Retour sur un passé lourd de conséquences
Le nom de Bertrand Cantat est depuis longtemps associé à un autre drame : la mort de Marie Trintignant en 2003 à Vilnius. Condamné à huit ans de prison pour homicide volontaire, il avait été libéré sous condition en 2007. Trois ans plus tard, le suicide de Krisztina Rady a rouvert les blessures sans jamais faire l’objet d’une véritable instruction pénale.
Chronologie des faits marquants
Année | Événement |
---|---|
2003 | Mort de Marie Trintignant à Vilnius |
2004 | Condamnation de Bertrand Cantat à 8 ans de prison |
2007 | Libération conditionnelle |
2010 | Suicide de Krisztina Rady |
2025 | Réouverture de l’enquête après diffusion du documentaire |
Une vérité judiciaire encore incertaine
Entre douleur familiale, dénonciation médiatique et volonté de faire la lumière sur un drame ancien, cette affaire mêle enjeux personnels et débats publics. La réouverture de l’enquête marque peut-être un tournant dans la prise en charge des violences psychologiques et des féminicides présumés. Reste à savoir si la justice pourra, quinze ans après, apporter des réponses définitives.
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