Le 7 août 2024 restera à jamais gravé dans la mémoire du rugby français. Medhi Narjissi, âgé de 17 ans seulement, a trouvé la mort lors d'un stage de l'équipe de France U18 en Afrique du Sud. Ce jeune talent prometteur participait à un déplacement préparatoire avec sa sélection lorsqu'un bain froid recommandé par le staff s’est transformé en drame.

Une routine de récupération tragiquement détournée

La veille du drame, les jeunes joueurs avaient disputé une rencontre face à une université sud-africaine. Comme souvent après un match, le préparateur physique de l'équipe a diffusé un message via un groupe Whatsapp, rappelant l’importance de prendre un bain froid pour favoriser la récupération musculaire.

Deux options s’offraient aux joueurs : un bain à l’hôtel ou une immersion dans les eaux de Dias Beach, près du cap de Bonne-Espérance. Plusieurs joueurs, dont Medhi, ont opté pour la deuxième option, ignorant que cette plage était notoirement dangereuse et signalée comme telle.

Dias Beach : une plage aussi magnifique que périlleuse

Située au pied de falaises escarpées, la plage de Dias Beach est réputée pour ses forts courants et ses vagues puissantes. Malgré la présence de panneaux d’avertissement clairs, des jeunes joueurs s’y sont baignés sans surveillance adéquate. Selon plusieurs témoignages, un seul encadrant aurait accompagné le groupe, sans toutefois descendre jusqu’à la plage elle-même.

Des témoignages accablants contre le staff

Les enquêteurs sud-africains et français ont recueilli plusieurs témoignages d’anciens coéquipiers. Tous pointent une désorganisation du staff, notamment l’absence d’encadrants formés au secourisme sur place. Selon un jeune joueur, le préparateur physique « était à une dizaine de mètres du bord et se contentait de nous observer ». Pire encore, au moment de quitter la plage, le groupe s’est rendu compte que Medhi manquait à l’appel.

Le geste héroïque mais vain d’un adolescent de 16 ans

Oscar Boutez, coéquipier et ami de Medhi, n’a pas hésité à se jeter à l’eau pour tenter de le sauver. Dans un témoignage poignant, il raconte avoir entendu Medhi crier à l’aide, l’avoir porté sur son dos, avant qu’une vague ne les sépare brutalement. Oscar a survécu, mais Medhi, lui, n’a jamais été retrouvé.

Les responsabilités en question : la gestion du risque dans le sport amateur

La tragédie soulève de nombreuses interrogations sur la préparation et l'encadrement des jeunes sportifs lors de déplacements internationaux. Le manque de protocoles stricts, l’absence de consignes claires et de surveillance rapprochée mettent en lumière des carences graves dans la gestion du risque.

Une famille brisée, une communauté en deuil

Depuis ce jour funeste, la famille de Medhi Narjissi vit dans l'attente de réponses. Le père du jeune rugbyman, soutenu par de nombreuses personnalités du monde du sport dont Antoine Dupont, réclame justice et vérité. La mobilisation autour de cette affaire montre à quel point elle a touché bien au-delà des terrains de rugby.

Vers une réforme de l’encadrement des équipes de jeunes ?

Un an après, le traumatisme reste intact. Cette affaire pourrait bien devenir un tournant dans la manière dont les fédérations encadrent leurs jeunes talents. Renforcement des protocoles de sécurité, présence obligatoire de personnel qualifié en premiers secours, encadrement systématique des activités extra-sportives : autant de pistes à envisager pour éviter que pareille tragédie ne se reproduise.

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