Depuis 2018, Signes des temps animait les dimanches de France Culture, offrant une plateforme de réflexion ouverte sur les grands enjeux de société. L'annonce de sa suppression par la directrice de la station, Émilie de Jong, a surpris et indigné un large pan du monde intellectuel. Le motif officiel : une baisse d’audience de 10% alors que l’ensemble de la grille dominicale progressait de 7% selon Médiamétrie.
Justifications éditoriales de France Culture
France Culture évoque un « choix éditorial » et une volonté de renouvellement. La direction affirme que chaque programme doit « rencontrer son public », et que laisser une émission décliner dans l’indifférence serait un mauvais service à rendre à ses auditeurs. Toutefois, cette explication peine à convaincre les fidèles auditeurs et les défenseurs de l’émission.
Des chiffres qui divisent
Les statistiques d’audience, au cœur des justifications de la direction, sont cependant sujettes à interprétation :
Période | Audience de "Signes des temps" | Audience globale France Culture (dimanche) |
---|---|---|
2023 | -10% | +7% |
Marc Weitzmann dénonce une décision idéologique
Marc Weitzmann, essayiste et journaliste, a exprimé sa déception face à cette suppression brutale. Il estime que la fin de Signes des temps reflète une forme de polarisation du débat public. L’émission avait pour but de décrypter les complexités de l’actualité sans céder au manichéisme ni aux conventions idéologiques. Selon lui, cette orientation aurait fini par déranger.
Une émission plébiscitée par les intellectuels
De nombreuses personnalités du monde littéraire et universitaire ont exprimé leur soutien à Weitzmann. Dans une lettre ouverte publiée par Le Point, signée notamment par Emmanuel Carrère, Leïla Slimani, Eva Illouz et Maria Pourchet, la suppression est qualifiée d’« aberrante » et d’« arbitraire ».
Lettre ouverte : une contestation formelle ignorée
La lettre collective adressée à la direction de France Culture n’a reçu aucune réponse officielle. Ce silence est vécu comme un mépris par les signataires qui rappellent que Signes des temps offrait « la plus grande exigence de rigueur intellectuelle » tout en demeurant accessible au grand public.
Une éviction jugée politique par certains observateurs
Selon certains salariés de France Culture, cette suppression pourrait cacher des enjeux internes non déclarés. Le fait que l’émission de Weitzmann soit considérée comme « doublon » avec Répliques d’Alain Finkielkraut étonne, tant les approches des deux programmes diffèrent. En réalité, Weitzmann serait devenu « dérangeant » à cause de la pluralité des voix accueillies à son micro.
Des thématiques sensibles abordées sans tabou
Le traitement sans concession de sujets comme l’antisémitisme, les conflits au Proche-Orient ou la politique américaine aurait contribué à marginaliser l’émission. Pour ses auditeurs, c’est justement cette franchise qui faisait la force du programme.
Quelle place pour la diversité des opinions dans le service public ?
La disparition de Signes des temps pose une question plus large : celle de la place réservée au pluralisme des idées sur les antennes du service public. France Culture risque-t-elle de lisser son contenu au détriment de la richesse intellectuelle ?
Une perte culturelle selon les auditeurs
De nombreux fidèles regrettent la disparition de ce moment hebdomadaire unique où se croisaient analyses fines, références littéraires et débats engagés. Pour eux, c’est un appauvrissement de l’offre culturelle radiophonique.
Marc Weitzmann : une voix encore active
Malgré cette décision, Marc Weitzmann n’a pas l’intention de quitter la scène médiatique. Il prévoit de nouveaux formats sur des sujets internationaux et de société. Son engagement pour une parole libre et exigeante reste intact.
Une décision symptomatique d’une époque troublée
L'arrêt de Signes des temps ne se résume pas à un simple changement de grille. Il témoigne des tensions entre ligne éditoriale, audimat, liberté de ton et enjeux politiques au sein de la radio publique. La réaction du monde intellectuel souligne combien cette émission avait su s’imposer comme un repère pour comprendre les mutations de notre époque.