Ce lundi 12 mai 2025, l’Arcom entame les auditions des quatre candidats sélectionnés pour briguer la présidence de France Télévisions. Parmi eux, la présidente sortante Delphine Ernotte-Cunci, donnée favorite pour un troisième mandat consécutif. À ses côtés, Frédérique Dumas, Irène Grenet et Jean-Philippe Lefèvre défendent également leurs projets devant l’instance de régulation audiovisuelle.
Mais un nom manque à l’appel : celui de Serge Cimino, évincé dès le début du processus. Le journaliste et représentant syndical du SNJ (Syndicat National des Journalistes) dénonce une exclusion arbitraire fondée sur un "défaut de document", une justification qu’il conteste vigoureusement.
Serge Cimino : un candidat écarté dans la controverse
Dans une tribune publiée le 9 mai, Serge Cimino accuse l’Arcom d’un traitement inégalitaire et d’un mépris de classe. Il s’insurge contre le rejet de son recours pour un simple fichier prétendument manquant. "Pourquoi serais-je en train de mentir sur un fichier manquant alors que je l’ai bien adressé ?", interroge-t-il, pointant du doigt une procédure qu’il juge biaisée.
Le délai écoulé entre la fin du dépôt de candidature et l’envoi de son document étant de seulement 1h50, Serge Cimino estime que cette rigueur soudaine révèle un fond de partialité. Il souligne aussi qu’une candidate validée par l’Arcom dépasse la limite d’âge théorique pour accéder à la présidence de France Télévisions, sans que cela n’ait posé problème.
Un climat d’opacité et d’injustice dénoncé
Le mot "opacité" revient avec insistance dans les déclarations de Serge Cimino. Selon lui, cette disqualification cache une volonté plus large de neutraliser sa candidature. "Une condamnation à mort sociale décidée en toute opacité", affirme-t-il, fustigeant une procédure prétendument démocratique qui s’avère selon lui être un simulacre.
Il s’étonne également de voir les projets des autres candidats fuiter dans la presse, alors même que la confidentialité de la procédure devait être stricte. "Moi, j’ai publié mon projet, mais pour les autres, comment leurs documents se retrouvent-ils entre les mains des journalistes ?", questionne-t-il.
Tableau récapitulatif des candidatures validées
Nom du candidat | Statut | Fonction actuelle | Projet publié |
---|---|---|---|
Delphine Ernotte-Cunci | Validée | Présidente sortante de France Télévisions | Oui |
Frédérique Dumas | Validée | Productrice, ex-députée | Non communiqué |
Irène Grenet | Validée | Ex-directrice adjointe FranceTV Publicité | Non communiqué |
Jean-Philippe Lefèvre | Validée | Ex-directeur de l’antenne Public Sénat | Non communiqué |
Serge Cimino | Rejetée | Journaliste, syndicaliste SNJ | Oui |
Delphine Ernotte-Cunci : favorite pour un troisième mandat
Delphine Ernotte-Cunci semble partie pour obtenir la confiance du régulateur une nouvelle fois. Dans un message adressé aux équipes de France Télévisions le 17 avril, elle a exprimé sa volonté de poursuivre son action en mettant l’accent sur la défense du service public, la souveraineté culturelle, et la cohésion sociale. Elle reste, selon de nombreux observateurs, la grande favorite.
Son message aux salariés était clair : "Je souhaite continuer à défendre notre média de service public avec force et passion, au service de la maîtrise de notre espace démocratique". Son expérience et sa maîtrise des dossiers la placent en pole position.
Un débat sur la transparence à poursuivre
Le cas de Serge Cimino relance le débat sur l’accessibilité aux hautes fonctions publiques dans les médias. Le reproche d’un entre-soi structurel, d’une caste qui verrouille les postes de pouvoir, résonne dans ses propos. L’Arcom, quant à elle, reste silencieuse sur les accusations précises portées à son encontre.
Les critiques de Cimino posent la question plus large de la représentativité sociale dans les sphères dirigeantes des médias publics. En écartant un candidat syndicaliste sans donner de justification convaincante selon l’intéressé, l’Arcom prend le risque de voir sa légitimité contestée.
Conclusion : une procédure à réformer ?
Alors que la décision finale est attendue d’ici le 22 mai, l’éviction de Serge Cimino vient écorner l’image d’un processus transparent et équitable. Entre favoritisme supposé, opacité des critères, et manque de communication, cette affaire met en lumière les limites d’un système de nomination jugé par certains comme verrouillé.
Il ne s’agit plus seulement de choisir un président ou une présidente pour France Télévisions, mais bien de repenser les modalités de cette désignation pour qu’elles soient réellement ouvertes, démocratiques, et inclusives.