Réputé pour sa discrétion autant que pour son immense talent, Jean-Jacques Goldman a marqué la chanson française. S’il est connu pour ses propres tubes, il a également œuvré dans l’ombre pour d’autres artistes, parfois sous des identités dissimulées. L’une de ces collaborations secrètes concerne Marc Lavoine, et reste encore méconnue du grand public.
Un album charnière pour Marc Lavoine
En 1993, Marc Lavoine publie son cinquième album studio intitulé Faux rêveur. L’opus, composé de treize pistes, révèle une facette plus intime et introspective de l’artiste. Ce dernier y signe la totalité des paroles, parfois sous son vrai nom, parfois sous le pseudonyme de M.Oats — un clin d’œil discret à son propre nom de famille, « oats » signifiant « avoine » en anglais.
O.Menor : l’identité masquée de Jean-Jacques Goldman
Ce qui est resté longtemps ignoré, c’est qu’un autre pseudonyme figure dans les crédits de l’album : O.Menor. Derrière ce nom énigmatique se cache Jean-Jacques Goldman. La prononciation de ce pseudonyme — « homme en or » — est une traduction littérale et poétique de « Goldman ».
Goldman est l’auteur-compositeur de trois chansons de l’album : Tu me suffiras, le single principal, ainsi que L’aventure humaine et Ici-bas. Pourtant, son nom n’apparaît nulle part de manière explicite, une volonté assumée de passer sous les radars médiatiques.
Un choix stratégique pour préserver l’œuvre
Dans une interview accordée à RFM en 1997, Jean-Jacques Goldman s’explique sur cette décision : « C'était destiné à prévoir la paresse des médias. Ça permettait de gagner deux-trois mois pour qu'ils puissent parler globalement de l'album et pas spécialement de cette association. »
Il souhaitait que l’attention se porte avant tout sur l’univers musical de Marc Lavoine, et non sur une possible opération marketing autour de son nom.
Une amitié musicale née dans les années 80
Jean-Jacques Goldman et Marc Lavoine se connaissent depuis 1984. Leur relation, fondée sur le respect mutuel, dépasse le cadre de la collaboration artistique classique. Dans une interview donnée à Télé Star en 1999, Marc Lavoine déclare : « Jean-Jacques, je le connais depuis 1984. Je ne lui ai jamais posé une question, il ne m'a jamais donné un conseil. C'est une autre manière de communiquer. Les silences ont autant d'importance que les mots qu'on prononce. »
Une seconde collaboration sous son véritable nom
Six ans après Faux rêveur, les deux artistes se retrouvent à nouveau sur l’album Septième ciel, sorti en 1999. Cette fois, Jean-Jacques Goldman compose la mélodie de la chanson J’écris des chansons, en signant de son vrai nom. Ce changement atteste d’une évolution dans leur manière d’aborder la création et la reconnaissance publique.
Les trois titres signés Goldman en secret
Titre | Album | Pseudonyme utilisé | Année |
---|---|---|---|
Tu me suffiras | Faux rêveur | O.Menor | 1993 |
L'aventure humaine | Faux rêveur | O.Menor | 1993 |
Ici-bas | Faux rêveur | O.Menor | 1993 |
Une stratégie artistique respectée par le public
Plutôt que de se mettre en avant, Jean-Jacques Goldman a toujours choisi de valoriser les œuvres et les artistes auxquels il croyait. Cette humilité et cette exigence artistique sont aujourd’hui saluées tant par ses pairs que par son public fidèle.
L’élégance discrète d’un grand nom de la chanson française
Ce pan méconnu de la collaboration entre Jean-Jacques Goldman et Marc Lavoine illustre parfaitement la discrétion et le perfectionnisme de l’auteur-compositeur. En signant sous pseudonyme, Goldman a démontré qu’au-delà de la reconnaissance publique, l’essentiel reste la musique et l’émotion qu’elle transmet. Un geste rare qui mérite aujourd’hui d’être salué à sa juste valeur.
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