Libération dément l'utilisation d'une photo ancienne pour sa Une sur la famine à Gaza

28-07-2025 15:32 People
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Depuis plusieurs jours, la Une du quotidien Libération consacrée à la crise humanitaire à Gaza fait débat. Le jeudi 24 juillet 2025, le journal a publié un cliché montrant un jeune enfant rachitique, vu de dos, illustrant la famine de masse qui touche la région. Très vite, sur les réseaux sociaux, des accusations ont circulé, affirmant que cette photographie ne provenait pas de Gaza, mais qu’elle était en réalité issue d’un reportage au Yémen datant de 2016. Ces allégations, portées notamment par un photo-journaliste français influent, ont soulevé un important tollé médiatique, mettant en cause la crédibilité de Libération.

 

Les accusations : un « mensonge par l’image » dénoncé par Pierre Terdjman

Le message de Pierre Terdjman, photo-journaliste reconnu en France, a rapidement fait le tour des réseaux sociaux. Ce dernier accuse Libération de propager un « mensonge par l’image », et qualifie la Une du journal de « faillite morale ». Selon lui, l’utilisation de cette photo serait une manipulation destinée à provoquer une émotion erronée auprès des lecteurs.

« 'Libération' ou la faillite morale d’un journal devenu machine à désinformer. […] Mensonge par image. Manipulation par amalgame. Propagande par détournement. »

Ce post a récolté plus de 3 000 likes, accentuant la pression sur la rédaction et alimentant les critiques à l’encontre du journal.

 

La réponse officielle de Libération : vérification et transparence

Face à ces accusations, Libération n’a pas tardé à réagir. Dans sa rubrique Checknews, le journal publie un démenti clair : non, il ne s’agit pas d’une photo du Yémen datant de 2016. La photographie en question a été prise le 23 juillet 2025 dans le camp de réfugiés de Al-Shati, à Gaza, par le photojournaliste Omar Al-Qattaa, collaborant avec l’AFP.

Le quotidien insiste sur la présence, à côté de la photo de Une, des crédits précisant clairement la provenance et la date du cliché, conformément aux pratiques journalistiques rigoureuses. De plus, une série complète d’images issues de ce reportage est accessible via la plateforme AFP pour les professionnels des médias.

 

Grok, l’intelligence artificielle, corrige son erreur

L’affaire a même suscité une intervention de Grok, l’IA associée au réseau social X (ancien Twitter). Initialement, cette intelligence artificielle avait classé la photo comme une « manipulation pour illustrer Gaza », ce qui a contribué à la diffusion de fausses informations.

Après vérifications approfondies, Grok a corrigé sa position et confirmé aux utilisateurs que la photographie de Libération représente bien un enfant à Gaza en 2025. Cette correction illustre les défis liés à la vérification des contenus visuels dans l’ère numérique, où la rapidité de diffusion peut parfois dépasser la rigueur factuelle.

 

Distinction entre les photographes : Omar Al-Qattaa et Abduljabbar Zeyad

Dans son communiqué, Libération a également tenu à réhabiliter le travail de son photographe, Omar Al-Qattaa, l’un des derniers reporters présents sur place pour l’AFP. Par ailleurs, le journal rappelle qu’Abduljabbar Zeyad, à qui la photo avait parfois été faussement attribuée, est un photographe bien réel, spécialisé dans la couverture de la famine au Yémen en 2016.

Ce dernier avait publié plusieurs reportages poignants montrant des enfants et familles affamés dans un contexte de guerre opposant les Houthis à la coalition dirigée par l’Arabie Saoudite. Les images de Zeyad, parfois utilisées hors contexte, ont contribué à la confusion sur l’origine exacte de la photographie utilisée par Libération.

 

Tableau récapitulatif des faits et dates clés

Chronologie des événements liés à la polémique
Date Événement Détails
2016 Reportages photographiques d’Abduljabbar Zeyad Photographies documentant la famine au Yémen, largement diffusées
24 juillet 2025 Parution de la Une de Libération Photo d’un enfant à Gaza prise par Omar Al-Qattaa pour illustrer la famine
Fin juillet 2025 Accusations sur les réseaux sociaux Allégations de manipulation par un photo-journaliste français et autres utilisateurs
28 juillet 2025 Démenti officiel de Libération Confirmation de l’origine et de la date de la photo, réhabilitation du photographe
28 juillet 2025 Correction de Grok (IA) Validation que la photo est bien récente et prise à Gaza

 

Les enjeux du photojournalisme en contexte de conflit

Cette polémique met en lumière les défis et responsabilités du photojournalisme dans les zones de conflit. La véracité des images est cruciale pour informer avec exactitude, mais aussi pour éviter la manipulation de l’opinion publique.

Les photographes présents sur le terrain, souvent au péril de leur vie, jouent un rôle essentiel dans la documentation des crises humanitaires. Pourtant, leurs travaux peuvent être utilisés à mauvais escient ou sortis de leur contexte, provoquant ainsi des malentendus et controverses.

 

Entre vigilance et rigueur journalistique

L’affaire autour de la Une de Libération illustre la nécessité d’une vérification rigoureuse et d’une transparence totale dans le traitement de l’information visuelle. Le démenti apporté par le quotidien, soutenu par la correction de l’intelligence artificielle Grok, rétablit la vérité sur cette image.

Dans un contexte où la désinformation se propage rapidement, il est impératif pour les médias de maintenir des standards élevés de déontologie afin de préserver la confiance du public et l’intégrité de leur travail.

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Rédacteur
Julien
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Passionné d'actualité musicale et télévisuelle. Je décrypte les tendances musicales et les grands temps forts de la télévision française.

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