Alors que France Télévisions a diffusé intégralement les étapes du Tour de France Hommes en juillet 2025, le service public a enchaîné avec la retransmission du Tour de France Femmes. À cette occasion, une voix française s’est élevée pour alerter sur un phénomène préoccupant dans le sport de haut niveau : la maigreur excessive chez les cyclistes professionnelles.
Cédrine Kerbaol, 24 ans, bretonne et diplômée d’un BTS en diététique, s’est distinguée non seulement par sa performance — une victoire d'étape et une sixième place en 2024 — mais aussi par son engagement pour la santé des sportives. Le 30 juillet 2025, dans une interview accordée au journal L'Humanité, elle a partagé une inquiétude croissante au sein du peloton.
La pression du poids dans le cyclisme féminin
Cédrine Kerbaol dénonce une culture de la performance qui valorise excessivement la minceur. « Il y a beaucoup de personnes qui ont gagné de grandes courses avec un poids très léger et, indirectement, les jeunes filles qui essaient de performer vont les prendre pour exemple », a-t-elle déclaré. Cette pression sur le rapport poids/puissance pousse certaines à des comportements alimentaires à risque.
Elle souligne l’impact psychologique et physique de cette tendance : « On est dans une période où tout le monde veut progresser plus vite, plus fort, être plus légère… » Mais à quel prix ?
L'absence de règles : un signal d'alarme ignoré
La déclaration la plus marquante de la cycliste reste la suivante : « Ne pas avoir ses règles, ce n'est pas normal. » Un message fort adressé aux femmes et aux jeunes sportives, souvent mal informées sur les conséquences hormonales de la dénutrition.
L’aménorrhée (absence de menstruations) est souvent perçue à tort comme un simple effet secondaire de l’activité intense. En réalité, elle peut signaler un déséquilibre hormonal profond, un déficit énergétique chronique et des risques accrus de fractures et d’ostéoporose.
Un problème médical pris au sérieux dans le peloton
Le message de Cédrine Kerbaol a été relayé par plusieurs professionnels de santé. Le médecin d'une équipe engagée sur le Tour a confirmé l’ampleur du phénomène : « Plus on baisse le poids, plus on augmente le rapport poids/puissance, mais ce n’est pas sans conséquences. »
Le docteur Mathieu Muller, médecin de l'équipe Cofidis, a expliqué que ce phénomène correspond à la « triade de la sportive », qui associe :
Élément | Description |
---|---|
Déficit énergétique | Apport nutritionnel insuffisant par rapport aux dépenses physiques |
Aménorrhée | Disparition des menstruations due à un déséquilibre hormonal |
Ostéoporose | Fragilité osseuse entraînant un risque de fractures accrues |
Préserver la santé des sportives : un impératif
Selon Cédrine Kerbaol, « Avant d’être des athlètes, on est aussi des femmes, et notre santé compte maintenant, mais aussi pour le futur. » Ce rappel met en lumière l’enjeu de long terme que représente la santé hormonale, osseuse et mentale des sportives.
De plus en plus de voix plaident pour une prise en charge globale de la santé féminine dans le sport professionnel. Cela implique un suivi nutritionnel personnalisé, un accompagnement psychologique, et une éducation à la physiologie féminine dès le plus jeune âge.
Recommandations pour un encadrement plus responsable
Afin de prévenir ces dérives, voici quelques pistes concrètes à considérer :
Recommandation | Objectif |
---|---|
Suivi médical régulier | Surveiller les indicateurs hormonaux et osseux |
Accompagnement nutritionnel | Adapter l'alimentation aux besoins spécifiques de l'athlète |
Sensibilisation des entraîneurs | Éviter les injonctions de perte de poids systématique |
Formation des sportives | Comprendre l’impact de la maigreur sur la santé reproductive |
Priorité à une performance durable
Le témoignage de Cédrine Kerbaol est un signal fort envoyé au monde du cyclisme et, plus largement, au sport féminin. Il rappelle que la performance ne doit jamais se faire au détriment de la santé. En brisant un tabou autour de l’aménorrhée et des troubles alimentaires, la cycliste ouvre la voie à un sport plus éthique, plus respectueux des corps féminins.
Face à cette alerte, il est impératif que les fédérations, les équipes et les instances sportives adoptent une politique de prévention proactive, afin que les futures générations de sportives puissent performer sans sacrifier leur santé.
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