Michel Meyer, figure incontournable du paysage médiatique français et artisan de la création de France Info, s’est éteint mercredi 30 juillet 2025 à l’âge de 82 ans. Sa carrière exceptionnelle, jalonnée d’engagements forts pour une information rigoureuse, a marqué des générations de journalistes et de citoyens.

Un parcours forgé par l’histoire

Né en 1942 à Schirmeck, dans le Bas-Rhin, Michel Meyer découvre dès l’enfance l’importance de la mémoire historique. À dix ans, une visite du camp de concentration de Struthof en compagnie de son père fait naître en lui une vocation indélébile pour la transmission et la compréhension des événements marquants de l’Histoire.

Des débuts à l’ORTF jusqu’à Antenne 2

Michel Meyer rejoint l’ORTF à Strasbourg sans formation journalistique formelle. C’est sur le terrain qu’il apprend son métier. Il gravit rapidement les échelons, devenant rédacteur en chef puis correspondant à l’étranger pour Antenne 2. En Allemagne, Pologne et Danemark, il couvre les transformations politiques majeures qui secouent l’Europe des années 70 et 80.

La chute du mur de Berlin : un moment d’histoire en direct

Le 10 novembre 1989 marque un tournant historique. Ce soir-là, Michel Meyer est en direct sur plusieurs antennes pour commenter la chute du mur de Berlin. Sa connaissance fine de l’Allemagne et son lien personnel avec des figures clés comme Willy Brandt donnent à son analyse un relief particulier.

France Info : un média visionnaire

En 1986, Michel Meyer est l’un des piliers de la création de France Info. À une époque où l’information continue n’en est qu’à ses balbutiements, il en comprend déjà tout le potentiel. Il prend ensuite la tête de l’information à Radio France, puis dirige RFI et France Bleu. Il insuffle à ces antennes un esprit d’indépendance et une exigence de rigueur journalistique qui perdurent encore aujourd’hui.

Une plume engagée et une voix respectée

Au-delà du micro, Michel Meyer est également un auteur reconnu. Il signe plusieurs ouvrages sur l’histoire contemporaine de l’Allemagne : "Histoire secrète de la chute du mur de Berlin", "Dictionnaire amoureux de l’Allemagne", ou encore "Le Roman de l’Allemagne" publié en 2013. À la télévision, ses documentaires, notamment "L’argent du mur" (1983) et "Les dernières heures du mur de Berlin" (2009), témoignent de sa capacité à rendre lisibles les grands mouvements historiques.

Une éthique de l’information intransigeante

Michel Meyer se distinguait par une ligne de conduite irréprochable. "L’ego ne doit jamais entrer en ligne de compte", répétait-il à ses équipes. Pour lui, le journalisme était un service public, une responsabilité. Il appelait inlassablement à vérifier les faits, à prendre du recul, et à préserver l’indépendance du métier face aux pressions extérieures.

Un héritage durable dans le paysage médiatique

Sa mort laisse un vide immense au sein de la profession. Mais son influence, elle, continue de rayonner. Des journalistes, des étudiants, des auditeurs, mais aussi des responsables d’antenne, reconnaissent son impact décisif. Grâce à son travail, des générations entières ont appris à décrypter l’actualité avec méthode et esprit critique.

Un homme, un père, une mémoire

Michel Meyer laisse derrière lui quatre enfants, une œuvre journalistique dense, et une empreinte indélébile dans l’histoire des médias français. Son parcours exemplaire illustre ce que le journalisme peut être lorsqu’il est conduit avec passion, rigueur et humanité.