Le régulateur français de l’audiovisuel, l’Arcom, a une nouvelle fois sévi en infligeant une amende de 100.000 euros à RMC Découverte pour non-respect de ses engagements en matière de diffusion de documentaires. Un manquement récurrent qui s’inscrit dans une série d’avertissements déjà émis depuis plusieurs années.
Un engagement contractuel de 75 % de documentaires non respecté
Dès son lancement en 2012, RMC Découverte s’était engagée à consacrer au moins 75 % de son temps d’antenne annuel à la diffusion de contenus documentaires. Cette exigence, inscrite dans sa convention avec l’Arcom, représente l’essence même de son positionnement éditorial.
Mais entre 2020 et 2022, la chaîne n’a pas respecté ces engagements. Selon les chiffres officiels publiés par l’Arcom, les taux de diffusion se sont établis à :
| Année | Part de documentaires diffusés | Quota réglementaire | Écart |
|---|---|---|---|
| 2020 | 47,6 % | 75 % | -27,4 % |
| 2021 | 35,3 % | 75 % | -39,7 % |
| 2022 | 41,2 % | 75 % | -33,8 % |
Des rappels à l’ordre et une récidive préoccupante
Cette sanction n’est pas une première pour RMC Découverte. Déjà en 2022, la chaîne avait écopé d’une amende identique pour des manquements relevés sur les années 2018 et 2019. L’Arcom avait alors mis en garde la chaîne à plusieurs reprises dès 2016 et de nouveau en 2017, sans que ces avertissements ne produisent les effets attendus.
Face à cette récidive, l’Arcom a souligné dans sa décision rendue le 16 avril 2025 que « le manquement concerne une des caractéristiques principales du service » et que « sa nature, son ampleur et son caractère répété justifient une mesure proportionnée ».
La crise sanitaire invoquée, mais pas suffisante
Dans sa défense, la chaîne a tenté d’expliquer cette situation par les perturbations causées par la pandémie de COVID-19, qui aurait compliqué la production de nouveaux contenus documentaires. L’Arcom a toutefois précisé avoir pris en compte ces circonstances exceptionnelles dans l’évaluation de la sanction, mais n’a pas jugé les arguments suffisamment convaincants pour justifier des écarts aussi importants.
À qui profite l’amende ?
Conformément à la réglementation en vigueur, les 100.000 euros d’amende infligés à RMC Découverte seront reversés au Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC). Ce geste vise à soutenir la création audiovisuelle française, en redirigeant les sanctions vers les producteurs de contenus respectueux des normes du secteur.
Un changement stratégique attendu de la part de RMC Découverte
Rachetée récemment par Rodolphe Saadé, le PDG de CMA CGM et propriétaire du groupe RMC-BFM, RMC Découverte est aujourd’hui confrontée à un impératif de repositionnement. La chaîne devra réviser son modèle de programmation afin de répondre aux exigences de sa convention, sous peine de sanctions encore plus sévères à l’avenir.
Une évolution dans les choix éditoriaux pourrait non seulement permettre d’éviter de nouvelles amendes, mais aussi de renouer avec l’image initiale d’un média dédié à la vulgarisation intelligente, à la culture scientifique et à l’exploration documentaire.
Conclusion : l'Arcom rappelle les chaînes à leur responsabilité éditoriale
Cette décision rappelle que les chaînes de télévision françaises ne peuvent pas s’affranchir indéfiniment des engagements qu’elles ont pris en contrepartie de leur autorisation d’émettre. RMC Découverte, déjà épinglée à plusieurs reprises, se retrouve à nouveau dans le viseur du régulateur. Une piqûre de rappel qui, espérons-le, sera cette fois suivie d’effets concrets.
Pour les téléspectateurs, cette affaire pose aussi la question de la qualité et de la diversité des programmes proposés, à l’heure où le documentaire, format exigeant mais essentiel, mérite une place de choix dans le paysage audiovisuel français.
