Le mardi 15 juillet 2025, la France a rendu hommage à une figure emblématique de la télévision : Thierry Ardisson. Décédé la veille à 76 ans des suites d’un cancer du foie, l’animateur surnommé "l’homme en noir" fait la Une de Paris Match dans une mise en scène aussi frappante qu’iconique : allongé dans un cercueil, lunettes noires aux yeux et sourire aux lèvres.

Une image préparée... depuis 2005

Derrière cette photographie déroutante se cache une histoire fascinante. Elle a été pensée par Ardisson lui-même en 2005, alors qu’il venait de publier son autobiographie Confessions d’un baby-boomer. Déjà à l’époque, il jouait avec les symboles de la mort, mêlant humour noir, provocation et lucidité sur sa propre finitude.

La genèse d’une mise en scène hors norme

Jérôme Béglé, directeur de la rédaction de Paris Match et proche de l’animateur, a raconté les coulisses de cette séance photo inédite lors d’une émission hommage diffusée sur France 2. L’idée était simple mais audacieuse : faire poser Ardisson dans un cercueil pour une potentielle Une posthume. Le shooting s’est déroulé dans une chambre mortuaire située face au cimetière du Père-Lachaise.

Un tournage dirigé avec précision et second degré

Le photographe Hubert Fanthomme, complice de longue date, se souvient : "Juché en haut d’un escabeau, je me rappelle de nos éclats de rire et de la minutie avec laquelle nous avons ajusté la position du corps pour la rendre crédible". Ardisson, fidèle à lui-même, aurait plaisanté avec le personnel funéraire : "Il est très confortable votre cercueil !"

Le souci du détail, fidèle au personnage

Chaque élément du décor avait été soigneusement choisi. Le cercueil, en acajou, était capitonné de blanc pour un contraste optimal avec le costume noir emblématique de l’animateur. "Il s’est même endormi dans le cercueil, tellement il s’y sentait bien", révèle Jérôme Béglé.

Un testament visuel assumé

Ce cliché, Thierry Ardisson y tenait. Il avait confié à Jérôme Béglé : "Quand je mourrai, cette photo doit faire la Une de Match". Pendant deux décennies, il a rappelé régulièrement son attachement à cette séance photo, la considérant comme sa favorite.

Un choix éditorial naturel pour Paris Match

Lorsque l’heure est venue de choisir la couverture rendant hommage à l’animateur, la rédaction n’a pas hésité. L’image, accompagnée du titre "C’était Thierry Ardisson", s’est imposée avec évidence.

Le regard d’un ami : analyse de Jérôme Béglé

Invité sur France 2, Béglé a conclu son intervention par un message personnel empreint d’émotion : "Thierry, si tu nous regardes, sache qu’on a tenu parole. Vingt ans après, cette photo est bien la Une de Paris Match. Tu en serais fier".

Une approche de la mort singulière et intelligente

Pour Jérôme Béglé, ce geste témoigne de l’intelligence, du courage et de la culture de Thierry Ardisson. "Il fallait comprendre la mort, l’accepter, et surtout oser en faire un objet de communication. C’était du Ardisson, jusqu’au bout."

Une couverture qui résonne avec le public

Cette Une a suscité une vague d’émotion et de fascination sur les réseaux sociaux et dans les médias. Beaucoup y ont vu un hommage poignant, fidèle à la personnalité de celui qui a tant marqué le paysage audiovisuel français.

La communication posthume : un art maîtrisé

À travers cette image, Thierry Ardisson a réussi à orchestrer sa propre sortie, fidèle à son personnage public. Ce geste relève presque d’une stratégie de communication posthume, maîtrisée, réfléchie, et rare dans le milieu médiatique.

Repères chronologiques : 20 ans entre la prise et la publication

L'ultime provocation d’un homme libre

Jusqu’à son dernier souffle – et même au-delà – Thierry Ardisson aura su maîtriser son image. Cette Une choc n’est pas une simple photo, mais une déclaration posthume, un dernier clin d’œil à son public. Un hommage à la hauteur de son génie provocateur et de sa profonde sensibilité artistique.